Trump coupe les vivres de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens

Expédié à la Trump. Le financement américain de l’agence de l’ONU spécialisée dans l’aide aux réfugiés palestiniens est entièrement passé à la trappe vendredi dernier, d’un seul trait de plume du fantasque locataire de la Maison-Blanche. Ce financement, quelque 350 millions de dollars par an, soit tout de même près de 30 % du budget de l’agence, était le plus élevé de tous. Plus du double de celui de l’Union européenne. L’Unrwa, dont l’existence même est attaquée par Israël depuis longtemps, par les Etats-Unis désormais, subit ainsi un choc majeur. Quels arguments l’administration américaine avance-t-elle pour mettre un terme à un financement qu’elle assurait depuis l’origine de l’Unrwa, soit depuis 68 ans ? « Cette agence est irrémédiablement biaisée, note le département d’Etat. Nous allons dialoguer avec l’ONU pour trouver une nouvelle approche, car le modèle de l’Unrwa n’est pas viable, en ce qu’il augmente sans fin et de manière exponentielle le nombre de réfugiés. » Dix fois moins de réfugiés Tout se passe comme si l’objectif des Etats-Unis consistait à faire fermer l’Unrwa, tout simplement. L’administration Trump considère qu’il n’y aurait que 500.000 véritables réfugiés et non 5 millions, comme l’estime l’Unrwa. Au moins 3 millions de réfugiés bénéficient sur une base quotidienne des services de l’agence onusienne, que cela soit en termes d’éducation (scolarisation de 526.000 enfants), de soins de santé ou d’aides sociales, à travers tout le Proche-Orient, du Liban à Gaza en passant par la Syrie, la Jordanie et la Cisjordanie. En l’occurrence, comme dans le dossier du statut de Jérusalem, Donald Trump s’évertue à épouser dans celui des réfugiés les vues d’un homme qu’il admire, un homme qui dirige le gouvernement le plus extrémiste de l’histoire d’Israël : Binyamin Netanyahou. Ce dernier n’a pas caché ces dernières années sa farouche volonté d’arriver au démantèlement de l’Unrwa, qu’il accuse de perpétuer le problème des réfugiés et de favoriser les incitations à la haine contre Israël. L’empathie de Trump pour les options israéliennes s’est rapidement vue à travers ses nominations : celle de David Friedman comme ambassadeur en Israël et celle de son gendre Jared Kushner pour mettre au point un plan de paix au Proche-Orient. Ces deux hommes ont en commun leur proximité avec la colonisation juive des territoires palestiniens, qu’ils ont favorisée par des collectes de fonds avant même que Donald Trump ne brigue la présidence aux Etats-Unis. Courroux palestinien Depuis l’arrivée du milliardaire à la Maison-Blanche, la colonisation a ainsi d’ailleurs cessé d’être un « obstacle à la paix », comme l’estimaient pourtant toutes les administrations précédentes et, en outre, l’ambassade américaine a été transférée cette année de Tel-Aviv à Jérusalem au grand dam des Palestiniens, Trump se vantant d’avoir, en brisant cet énorme tabou, retiré la question de Jérusalem de la table des négociations. S’il entend en ôter également le dossier des réfugiés, les diplomates en viendront à se demander ce qu’il restera à négocier, pendant que la colonisation grignote inexorablement les territoires palestiniens. Le rêve d’un Etat palestinien semble bel et bien en voie de disparition. Les responsables palestiniens ont sans surprise fait connaître leur courroux après la décision de Trump concernant l’Unrwa, « cruelle et irresponsable », qui « vise à liquider la cause palestinienne »… Quant aux Européens, traditionnels soutiens des réfugiés, ils ont redit leur engagement à maintenir leur financement voire, comme l’Allemagne, à l’augmenter. A l’Unrwa même, le moral est au plus bas. Son porte-parole Chris Gunness avait indiqué le 29 août que l’agence n’aurait « plus le sou dans un mois ». Samedi, il a ajouté, commentant la décision de Trump : « Les gens vont devenir de plus en plus désespérés et marginalisés, cela pourrait avoir des conséquences dramatiques et imprévisibles ».

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