Marc Janssen: «on veut être un aimant à talents»

Quelles sont vos ambitions à la tête du pôle fiction ? Mon but est de fédérer tous les services actifs dans la fiction à la RTBF : les équipes en charge des acquisitions, des coproductions avec la France, des séries belges, de la fiction digitale, de la fiction jeunesse, du soutien au cinéma… L’idée est de préserver ce qui marche bien mais aussi de faire naître de nouvelles choses en travaillant davantage ensemble. Toutes ces équipes parlent avec les mêmes producteurs, auteurs, réalisateurs… Cela nous permet d’avoir une vue panoramique sur la création audiovisuelle en Belgique francophone. Quand l’un de nous repère un jeune talent qui fait un court-métrage incroyable en sortant de l’école, je veux en être informé car je sais que du côté des séries belges ou de la fiction digitale, on cherche des talents… J’ai envie que toutes mes équipes se partagent ces auteurs, les réalisateurs et qu’on soit à leurs côtés dans l’évolution de leurs parcours le jour où ils ont envie de faire un film, une série, une fiction digitale. On veut être l’aimant de tous ces talents. Quelle est la promesse faite au téléspectateur ? C’est de leur offrir des contenus qui vont leur plaire, les étonner et les fédérer. Ce qui me passionne dans la série télé, c’est qu’elles sont devenues l’un des éléments culturels parmi les plus fédérateurs. Il y a 20 ans, dans les conversations, on parlait des dernières sorties cinéma. Aujourd’hui, on parle de plus en plus séries. Ce qui a été formidable avec « La Trêve », au-delà de son succès d’audience, c’est d’avoir vu des publics très différents se passionner pour l’intrigue. Il nous faut des contenus fédérateurs car c’est quelque chose de puissant par rapport au sens même de notre mission. Avez-vous les moyens de vos ambitions ? On a le grand privilège d’être soutenu par la RTBF et des pouvoirs publics que ce soit pour les séries belges, pour la fiction digitale. Bien sûr, on travaille avec des budgets très serrés. On est au croisement de l’innovation et du sens de la débrouille. Comme tout le monde, j’aimerais avoir plus de moyens mais je ne vais certainement pas commencer à me plaindre pour mon premier jour (rires). Le public belge est-il exigeant en termes de fiction ? Bien sûr. La série télé est l’un des genres qui a le plus évolué. Quand on regarde les grands films des années 80, la plupart n’ont pas trop vieilli. Essayez par contre de regarder un épisode de « La croisière s’amuse », « Drôle de dame » ou même « Colombo » ! Le degré de sophistication des séries aujourd’hui est tout autre. Il y a une exigence en termes de qualité de la réalisation, de jeu, du scénario bien plus grande qu’avant. [scald=23851565:sdl_editor_representation] Quel est votre défi en matière de séries ? C’est de répondre aux besoins et attentes des fans. Le vrai cinéphile et l’amateur de films fédérateurs auront des goûts qui se croisent assez peu. A l’inverse, le fan de séries peut très bien apprécier une série scandinave dont personne n’a jamais entendu parler tout en étant ravi de regarder une série avec un budget incroyable comme « Game of thrones ». On va aussi élargir nos horizons et ne pas se cantonner aux Etats-Unis et à la France. Qui aurait dit il y a trois ans que la jeunesse allait se passionner pour une série espagnole ? (NDLR : Casa de papel) [scald=23851564:sdl_editor_representation] La dernière saison n’a pas été un grand cru pour les séries belges. « eLegal » et « Champion » n’ont pas trouvé leur public. Après le succès de la Trêve et d’Ennemi public, le soufflé n’est-il pas en train de retomber ? Le soufflé est loin d’être retombé. On a vingt projets en cours d’écriture pour l’instant qui se développent à leur rythme. Des séries qui tournent moins bien que d’autres, il y en a et il y en aura encore. Je ne vais jamais vous dire que sur ces 20 projets, tous vont cartonner. Quand une série marche moins bien, on essaie de voir ce qu’on aurait pu faire de mieux et de différent. On est en réflexion permanente pour améliorer notre accompagnement des auteurs et des producteurs. On est dans une situation particulière où on a commencé par deux grands succès. La barre a été immédiatement placée très haut. Dans le secteur, on incrimine parfois des budgets trop étriqués, des délais de production trop courts qui ne permettent pas d’arriver à un produit abouti ? Ce n’est facile pour personne de faire des séries belges. On en est bien conscients et on y travaille mais toutes les séries qui ont été produites l’ont été dans des circonstances similaires. La question du succès populaire ou critique d’une série est fort différente de la difficulté de les produire.

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