3 questions à Céline Masset, codirectrice du Brussels International Film Festival

Venu présenter « The Sisters Brothers » à La Mostra, Jacques Audiard a dénoncé le manque de femmes à la tête des festivals de cinéma. Un monde masculin dans lequel Céline Masset est une exception. Depuis plus de 20 ans, elle travaille en binôme avec Pascal Hologne, d’abord à la tête du Brussels Short Film Festival, puis du Brussels International Film Festival (BRIFF). [scald=23889905:sdl_editor_representation] Avez-vous déjà ressenti le fait d’être une femme à la tête d’un festival de cinéma ? Tous les jours mais de manière positive. Je n’ai jamais senti ça comme un handicap, que ce soit professionnellement ou dans ma vie quotidienne. Chacun a sa sensibilité et ce n’est heureusement pas uniquement lié au fait d’être une femme. Je n’ai jamais eu l’impression que ça posait problème ou que j’étais mal considérée. Avec Pascal Hologne, nous formons un vrai binôme. Nous avons créé le projet ensemble et on le développe ensemble. Je n’ai pas ressenti de pression ou de tension. Au contraire, en 20 ans, on gagne en expérience et notre travail et de plus en plus reconnu. La seule éventuelle pression, c’est que cette année, pour la première édition du BRIFF, nous avons justement été interpellés par un collectif de femmes qui dénonçait le manque de représentation de femmes dans la programmation. Personnellement, ce qui m’a choquée et mise en colère, c’est que nous connaissons bien ces réalisatrices et qu’on aurait pu en parler. On avait des réponses à leur donner. Des films de femmes, on en a voulu, au moins 4 sur 12 en compétition internationale. Ils nous ont été refusés pour différentes raisons, que ce soit le distributeur ou le vendeur. C’est compliqué. Il ne faut pas croire qu’on arrive à sélectionner 50 % de films de femmes d’un claquement de doigts. Surtout qu’à la base, il n’y en a pas 50 %. C’est donc compliqué d’arriver à une parité quand est à la fin de la chaîne. Ce serait une discrimination plus que positive. Le problème est donc à la source… Oui. Il faudrait comprendre pourquoi. Généralement, il y a autant de films de femmes que d’hommes dans les commissions (qui accordent des subsides aux projets, NDLR). En Europe, entre 20 et 30 % des films produits sont réalisés par des femmes donc mathématiquement, c’est compliqué d’arriver à la parité en festivals. Est-ce toutefois une problématique que vous avez en tête quand vous établissez votre programmation ? Aujourd’hui, c’est quasiment une obligation. Mais le problème est pris à l’envers. Je préférerais qu’on réfléchisse ensemble à trouver des solutions. Est-ce qu’il a autant de femmes que d’hommes dans les écoles ? Oui. Donc comment le filtre se fait et pourquoi ? Réfléchissons ensemble. Je n’aime pas les quotas, je n’aime pas imposer des restrictions là où il n’y a pas de parité à la base. Si on veut respecter des quotas partout, ça peut virer à l’absurde. Par contre, on est attentif à la composition des commissions de sélection, pour avoir des sensibilités différentes. Dans le comité national, il y a par exemple plus de femmes que d’hommes.

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