Thierry Neuvic : «Je suis inclassable et cela me va très bien»

Beau brun ténébreux, Thierry Neuvic enchaîne les films depuis quinze ans, mais c’est la série Mafiosa sur Canal qui lui a apporté la notoriété. Et sa liaison avec la chanteuse Jenifer. Si jouer ensemble n’est pas dans leurs projets immédiats, la naissance de leur fils l’a inspiré pour le film. Quel lien d’enfance avez-vous avec les œuvres de Cécile Aubry dont s’inspire le film ? Aucun, ce n’était pas ma génération. Je n’ai jamais vu le feuilleton. Et maintenant, je suis trop vieux ! Par contre, j’ai vu le premier film réalisé par Nicolas Vanier. C’est une ode à la nature magnifique. Pour la suite, il cherchait un personnage d’aviateur bougon et on a pensé à moi. Bizarre, non ?! (Rires.) En lisant le scénario, j’ai retrouvé des choses que j’aime : un ciné populaire, de l’aventure, le thème de la paternité… Au début, j’incarne un mec bourru, un peu sale type, dans sa carapace. Au contact d’un enfant, il va évoluer et se révéler différemment à lui-même. Comment avez-vous travaillé ? Dans le film, je découvre que Sébastien est mon fils. Il se fait que, dans la vie, j’allais aussi découvrir la paternité. J’ai fait confiance à ce « petit » événement de la vie car je savais qu’il aurait une influence sur mon regard. Avec ce film, j’ai mesuré l’intensité et la difficulté de ce nouveau rôle à venir. Quant aux scènes physiques, c’était acquis car je suis sportif et souvent en Corse dans les montagnes. Avec le jeune Félix, ça a fonctionné tout de suite. Entre les prises, il me tenait la main comme un grand frère. On a beaucoup ri. Quelles valeurs avez-vous envie de transmettre à votre enfant ? Le respect, la curiosité, un minimum d’indépendance, le don de soi, la passion… Regarder l’autre, l’écouter et ne pas se regarder le nombril en permanence. Après avoir connu la popularité avec des séries telles « Mafiosa » ou « Clara Sheller », après avoir tourné avec Haneke, Eastwood ou Mocky, vous révélez votre côté Indiana Jones avec ce film… J’ai toujours pris plaisir à regarder ce genre de film. J’ai une filmographie très variée, volontairement. Au fil des rencontres et des envies. Elle va dans tous les sens. Je suis inclassable et cela me va très bien. Ça doit venir de l’enfance car mes parents étant divorcés, j’ai grandi dans des milieux sociaux radicalement opposés. Je suis né en banlieue parisienne dans un quartier très populaire. J’ai vécu à Paris, à Lisbonne, dans le Var… Je suis curieux. Le genre aventure, j’y suis allé en courant. Je n’ai jamais eu de plan de carrière. Quand ça m’intéresse, j’y vais. Être inclassable : avantage ou inconvénient ? En France, on aime mettre dans des cases. On aime savoir à quelle famille de cinéma vous appartenez. Mais pour moi, être inclassable est un avantage car ça me permet de voir des horizons différents. Une de mes grandes rencontres fut Clint Eastwood. Il m’a rassuré car il a commencé tard, on l’a taxé de plein de choses suivant les films qu’il faisait et, malgré tout, il a gardé ce même rythme de marche, prend le temps et avance. Comme lui, je fais confiance au temps. Comment est née votre envie de cinéma ? Ça vient de mon oncle, grand cinéphile. Quand j’étais enfant, le week-end, il m’emmenait voir quatre films. Il me réveillait la nuit pour voir le ciné-club à la télé. Je ne comprenais pas grand-chose mais je voyais des visages, des lumières, des tons de voix… J’y ai pris goût. Chez ma grand-mère, j’inventais des histoires, je construisais des décors. Mon premier désir était la mise en scène. J’ai été pris comme acteur une fois, deux fois… je me suis laissé embarquer. Mais la mise en scène me titille depuis longtemps. Quand je lis en scénario, je le mets en scène dans ma tête. Mais j’ai tellement vu de chefs-d’œuvre que j’ai toujours eu peur. Là, j’ai compris que c’était absurde. Mon envie devient concrète…

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