Marc Uyttendaele: «Theo Francken, l’idiot utile de l’extrême droite?»
Le secrétaire d’État à l’Asile et à la Migration était l’invité de Matin Première ce vendredi., Theo Francken (N-VA) s’est exprimé sur le reportage de la VRT consacré à l’organisation flamande Schild & Vrienden, un mouvement de jeunes nationalistes flamands d’extrême droite. Marc Uyttendaele publie une Carte blanche.

Ce 7 septembre, invité dans la Matinale de la RTBF, empêtré dans l’affaire Schild en Vriend, Theo Franken s’est livré, la main sur le cœur, à un plaidoyer contre le racisme, contre la xénophobie, contre l’extrémisme de droite. Si l’on faisait un arrêt sur image, si on abolissait la mémoire, le propos aurait presque été convaincant. « Les racistes, le racisme, c’est pour les idiots », a-t-il déclaré.
Malheureusement pour lui, la mémoire ne peut être abolie. Finement, Thomas Gadisseux, son intervieweur, lui a rappelé sa présence scandaleuse à l’anniversaire de Bob Maes qui, faut-il le rappeler, a été membre des Jeunesses nationalistes de Flandre, condamné pour collaboration, déchu de ses droits civils et politiques avant de devenir sénateur de la Volksunie. Un homme qui, au crépuscule de sa vie, disait ne rien regretter.
Confronté à cette contradiction, le secrétaire d’État a été lénifiant. Il a évoqué l’âge canonique de l’intéressé, comme si le fait de vivre vieux exonérait quiconque de ses turpitudes. Il a évoqué la sœur de Bob Maes, parlementaire N-VA. Il a aussi, sournoisement, indiqué que Bob Maes avait siégé au Sénat, dans la majorité de l’époque, en tant que parlementaire de la Volksunie, aux côtés de mon beau-père, Gaston Onkelinx. Ceci est rigoureusement exact et totalement hors propos. Gaston Onkelinx n’avait que dégoût pour Bob Maes et si, par les effets du suffrage universel, il a siégé dans la même assemblée parlementaire, il n’entretenait avec lui aucune forme de relation.
La déception de Gaston
Il le côtoyait au même titre quel n’importe quel autre membre du Sénat. Comme Theo Franken côtoie aujourd’hui à la Chambre les élus du PTB ou du Vlaams Belang. Citer donc en cette occasion Gaston Onkelinx est une manière de salir sa mémoire, de subliminalement laisser croire qu’il existait un lien entre deux hommes que tout oppose. Je peux témoigner qu’à la fin de sa vie, Gaston était désespéré de voir son pays et sa région d’origine – la Flandre – dirigée par des hommes et des femmes qui étaient l’exact inverse des valeurs d’humanisme, de générosité, d’ouverture à l’autre, de progrès social qui, tout au long de sa vie, l’ont guidé. Il est mort dans un pays qui ne lui ressemblait plus, l’amertume au cœur.
Theo Francken, dans le fond de ses viscères, n’est peut-être pas raciste. Peut-être même est-il sincère quand il qualifie les racistes d’idiots. Mais alors, il serait « l’idiot utile » de l’extrême droite, celui qui par naïveté, par manque de jugeote est manipulé et sert une cause en contradiction avec ses convictions profondes. Crédible ? Les discours haineux de Theo Franken en matière de migration, son admiration – manifestée par nombre de « like » sur les réseaux sociaux – pour le ministre de l’Intérieur italien – celui qui rêvait d’une nouvelle marche sur Rome, manifestant ainsi sa nostalgie de l’Italie mussolinienne – et de manière plus générale sa volonté d’incarner une ultra-droite décomplexée sont le terreau de la xénophobie qu’il prétend combattre.
Empreinte de la N-VA
Lorsqu’il fait mine de découvrir que des membres de Schild en Vriend avec lesquels il s’affichait et qui composaient son service d’ordre sont, en réalité infréquentables, il tombe pesamment dans le piège qu’il s’est lui-même tendu. Soit, et c’est probable, son parti et lui-même connaissaient parfaitement ces dérives et jouaient sur les deux tableaux : honorables ou presque sur la scène médiatique, en chasse de séduction de tous les électeurs de l’extrême droite dure, en coulisse. Soit, il ignorait vraiment ces dérives.
Mais, dans ce cas, outre que cet aveuglement relève, en effet, de l’idiotie, une question fondamentale se pose. Pourquoi ces gens-là, ces nostalgiques du pire, s’insinuent dans l’univers de la N-VA et non du Vlaams Belang ? La réponse est claire. C’est simplement parce qu’ils se retrouvent dans les propos et les actes de Theo Franken et de son président de parti, c’est parce qu’il y a entre eux une connivence, une convergence de vue, un terrain fertile pour y faire prospérer le rejet de l’autre, de l’étranger, du wallon ou du migrant. C’est cela l’empreinte génétique de la N-VA. Essayer de le dissimuler, c’est précisément prendre les citoyens de ce pays pour des idiots.
(*) Les intertitres sont de la rédaction
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S'abonnerQuelques règles de bonne conduite avant de réagir15 Commentaires
Uyttendaele et Laurette ferait beaucoup de se taire. Mais ils aiment se poser en donneur de leçon de bon démocrate et de bonne conduite. Je frémis à l'idée qu'il donne court à l'ULB!
merci monsieur Uyttendaele.
donc, cher monsieur Bricoux, vous préférez Francken Airlines à Mme Onckelings. ? Etes-vous bien certain d'être socialiste ?
L hôpital qui se moque de la charité pfff pitoyable
Robert, dans ces cas précis, que voulez-vous dire en employant cette expression ?