Paolo Simoncelli à Misano: «La course m’évite de trop penser à Marco»

Le circuit de Misano n’est pas seul à entretenir la mémoire du défunt Marco Simoncelli. En créant son team de Moto3, son père Paolo a choisi de ne pas rester à la maison. « J’allais y mourir sinon », dit-il... Ses paluches de bucheron, sa carrure d’athlète, et sa crinière en bataille lui donneraient presque un air effrayant. Il suffit pourtant de croiser une milliseconde le regard de Paolo Simoncelli pour y déceler l’infinie douceur qui habite ce solide quinquagénaire. Une bonhomie naturelle et sincère que l’on sait pourtant malmenée depuis bientôt 7 ans, et la disparition brutale de son fils Marco, le 23 octobre 2011 à Sepang. Tout le monde a encore en mémoire le terrible accident qui avait alors emporté, à 24 ans à peine, celui que Valentino Rossi disait considérer comme son petit frère, et que l’ensemble du Continental Circus admirait pour sa fougue en piste autant que pour la bonne humeur qu’il dégageait lui aussi, une fois qu’il avait libéré de son casque son impressionnante « tête de cheveux ». « Personne n’a oublié, et je suis même abasourdi quand je perçois au gré des dizaines de rencontres et de témoignages que je reçois, les émotions qu’il a réussi à transmettre partout dans le monde », nous avait confié Paolo Simoncelli en début de saison. « À tout moment, des gens me parlent de Marco, et pas seulement des passionnés de moto ! » Lui ne l’était pas non plus. Mais il l’est devenu le jour où, après avoir vu briller les yeux de Marco qu’il venait de mettre sur une mini-moto, quelque chose de très spécial venait de naître entre le père et son fils qu’il aida alors à gravir les échelons. « Je n’ai rien fait ! », corrige Paolo, « c’est Marco qui s’est fait tout seul ». Avec l’assentiment de Rossella la maman, et Martina la sœur. Comme aujourd’hui… Deux après la disparition du fils prodige, Paolo a en effet créé son propre team. « Je savais que si je restais à la maison, j’allais y mourir », dit Paolo Simoncelli, installé non loin des Honda qu’il engage en Moto3. « Alors oui, j’ai retrouvé les circuits, et surtout la famille de la moto. Tout le monde m’a accueilli avec gentillesse. » Le n°58 restera à tout jamais réservé à Marco D’abord engagé dans les championnats italien et espagnol, le team « SIC 58 Squadra Corse » a franchi les portes du Mondial l’an dernier. « Attention ! », s’emporte le paternel, reçu cette semaine par le pape François, avec une délégation de pilotes. « Ce team, je ne l’ai pas créé pour mon fils, mais pour moi. Mais c’est vrai qu’en visitant à nouveau les circuits du championnat du monde, j’ai été confronté à des souvenirs. Les bons, mais aussi les mauvais. Cela m’oblige parfois à me cacher un peu, quand l’émotion prend le dessus... » Ce week-end à Misano, sur le circuit qui porte désormais son nom, nombreux sont ceux qui auront une pensée pour Marco Simoncelli et son célèbre nº58 qui lui restera à tout jamais réservé. Outre la stèle qui a été dressée à sa mémoire dans le centre de son village de Coriano, ainsi que le musée qui y a accueilli plus de 50.000 visiteurs l’an dernier, ou encore le timbre à son effigie émis pour son 30e anniversaire l’an dernier, les hommages à « Super Sic » sont légion. Et très différents. « Les dimanches, notre curé fait teinter les cloches de l’église de Coriano pendant 58 secondes », sourit Paolo en baissant le regard. « Mais souvent je suis sur les circuits à ce moment. C’est bien, ça m’évite de trop penser à Marco… »

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