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«Schild en Vrienden», un signal d’alarme pour la N-VA

La découverte de déclarations et comportements sexistes, antisémites et racistes au sein du groupuscule « Schild en Vrienden » est un signal d’alarme pour la N-VA qui exerce, à l’évidence, une force d’attraction sur ces jeunes apprentis nazis.

Édito - Editorialiste en chef Temps de lecture: 3 min

Il y a deux façons de créer des extrêmes : en niant les problèmes que vivent les gens ou en désignant des boucs émissaires. On a beaucoup écrit et mis en cause ces derniers mois la responsabilité de ceux, à gauche notamment, qui ont minimisé la puissance du désarroi identitaire. Nous, les médias, devons aussi assumer notre part d’introspection dans l’analyse de la crise profonde de la démocratie à l’œuvre et du basculement de nombre d’électorats vers l’extrême droite.

Mais aujourd’hui, c’est l’autre partie de l’équation – la désignation des boucs émissaires – qu’il faut cibler. Et en Belgique, cela concerne la N-VA. La découverte de déclarations et comportements sexistes, antisémites et racistes au sein du groupuscule «Schild en Vrienden» interroge le parti de Bart De Wever. C’est un signal d’alarme pour un parti qui exerce, à l’évidence, une force d’attraction sur ces jeunes apprentis nazis.

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Vendredi, nombre d’experts et de commentateurs du nord du pays lançaient un appel au parti de Bart De Wever : faites votre examen de conscience. L’éditorialiste du Morgen en particulier disait à juste titre que « nettoyer » ne suffirait pas, pas plus que retirer des cartes de parti ou rayer des noms des listes électorales. Ce serait un lifting qui s’attaquerait aux symptômes, aux signes extérieurs et non au cœur du problème.

Le parti nationaliste doit regarder la réalité en face : les discours tenus, la rhétorique utilisée, le matraquage de tweets provocateurs accompagnés parfois de ces « mèmes » revendiquant la vertu de l’humour ( !), le ciblage de groupes d’individus par leur ethnie ou leur religion, parlent à certains esprits, les radicalisent et légitiment leurs convictions racistes.

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Non, on ne voisine pas sans conséquences avec les Salvini et Kurz de cette nouvelle Europe de l’extrême droite. Soit on se dit dans leur camp, soit on les combat, mais on ne peut rester dans la zone grise, ambiguë et malsaine du « ils n’ont pas tort sur tout ». L’excuse de la communication virile ne tient plus non plus : on ne « joue » pas, on ne « rit » pas lorsqu’on évoque le sort de migrants. Par les temps présents, chaque mot compte double et lourd quand il vient d’un homme politique.

Depuis des mois, Bart De Wever et les siens n’arrêtent pas de dénoncer l’empathie comme une tare coupable, de promulguer le « nettoyage » en guise de politique, de relativiser le racisme et de déshumaniser les migrants. Vendredi, Theo Francken a dénoncé des comportements abjects, appelant les francophones notamment à croire à la sincérité de son rejet du racisme «pour les idiots». Jusqu’au prochain tweet saluant l’enfermement d’une famille avec enfants ou les records d’expulsions ?

Les partis qui « laissent faire » doivent aussi s’interroger. Mais la N-VA, elle, est face à elle-même. Elle peut nier les constats présentés, en tirer les leçons ou continuer à jouer sur l’ambiguïté. A elle de décider. Mais la responsabilité qui est engagée est énorme : ce parti, par sa puissance, a charge d’âmes fragiles, et pas que flamandes. On l’a vu cette semaine, hélas.

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13 Commentaires

  • Posté par Jules Vandeweyer, lundi 10 septembre 2018, 9:38

    Je me demande si vous ne voyez pas le problème par le mauvais bout de la lorgnette. Les jeunes racistes de "Schild en Vriend" ne sont pas un épiphénomène qui se greffe à la NVA. Elle en est partie intégrante, générée par ce parti. La NVA (qui est l'équivalent du Vlaams Belang) a pris le masque pour dissimuler sa nature profonde et apparaître aux électeurs flamands comme un parti fréquentable puisque non raciste. Mais aujourd'hui (et depuis longtemps déjà) le masque est tombé. Seuls ceux qui veulent soutenir ce gouvernement considèrent encore la NVA comme un parti fréquentable.

  • Posté par Renaert Chantal, dimanche 9 septembre 2018, 18:33

    Rien que le nom, historiquement parlant, n'est pas plus rassurant pour les francophones que pour les cibles actuelles de la NVA

  • Posté par Van Steen Willy, dimanche 9 septembre 2018, 9:43

    Mme Delvaux. Vous rapportez tout au problème de l'immigration. Est-ce que vous réalisez que l'Europe se déglingue à cause de l'immigration? Brexit, Orban, Salvini,Kurz, la montée de la droite en général est la suite de cette immigration galopante, que je déplore, mais qui catalyse un rejet qui s'affirme en dépit de leçons moralisatrice des bien pensants! Il fallait prendre le problème à la base,c à d aider les pays africains à réaliser une économie les aidant à donner du travail et de la richesse chez eux! Déplacer ce problème chez nous créé un phénomène de recul, de méfiance. C'est un terreau pour des organisations telles que ce groupuscule Schield en Vrienden! Si on n'y prend pas garde, ce sera une troisième guerre mondiale en devenir, car la montée des nationalisme génère les conflits et les guerres. Évitons en la cause et gardons nos garde fous telle que l'Europe qui nous en a préservé depuis 70 ans!

  • Posté par Deckers Björn, dimanche 9 septembre 2018, 20:41

    Dominique Byloos, bien juste ce que vous dites là, et cela concerne aussi le secteur du non-marchand (aide-soignante, infirmier-infirmière). Les zozos infantiles et amnésiques qui sont tenté de voter brun feraient bien de se rendre compte que ce sont très probablement des acteur migrants de la santé qui s'occuperont de leurs couches lors qu'ils se feront dessus! Le racisme n'a pas d'excuses, aucune! Il n'a en revanche que des conséquences funestes qu'il serait temps de rappeler au plus grand nombre!

  • Posté par Dominique Byloos, dimanche 9 septembre 2018, 10:19

    Comme il l'est largement démontré, nos sociétés occidentales auront besoin des migrants. Tout simplement parce que nous ne faisons pas assez d'enfants. Toute ces personnes votant pour l’extrême droite seront heureuses, dans 10 ou 15 ans, d'avoir des migrants qui travailleront pour payer leurs soins de santé ou leurs pensions. Les gens votants pour ces partis ont une vue à cours terme. Les gens que vous citez ne feront que nous conduire vers la 3ième guerre mondiale.

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