De Wever, un bourgmestre froid mais bon gestionnaire

Les Anversois aiment Bart De Wever. Ils sont presque 80.000 à avoir appuyé sur son nom en octobre 2012. C’est pratiquement 20.000 voix de préférence de plus que le bourgmestre sortant, le socialiste Patrick Janssens. À moins d’un coup de théâtre, ils devraient encore être nombreux à le soutenir dans un mois. « J’ai l’impression que la commune est mieux gérée, raconte une habitante du Zuid, le quartier chic d’Anvers, pourtant fidèle électrice du SP.A. Je dois reconnaître que mon quartier est plus propre. La police est plus présente qu’auparavant. Je me sens davantage en sécurité. » Les chiffres le confirment. Le sentiment d’insécurité a baissé de moitié entre le début et la fin du mandat de Bart De Wever et ce malgré l’échec de sa lutte contre la drogue. Le bourgmestre peut aussi se rassurer en consultant le baromètre annuel de la perception du travail du Collège. 40 % des Anversois livrent une évaluation positive. Un chiffre stable depuis 2012. Polarisant Reste que la majorité de la population n’est donc pas satisfaite. Il ne faut pas chercher loin pour trouver des opposants, surtout à quatre semaines des élections. Wouter Van Besien (Groen) qui est, selon les derniers sondages, le principal adversaire de Bart De Wever lui reproche principalement sa propension à polariser la société. « Il tient des discours ciblant des personnes ou des groupes spécifiques comme les “Berbères” ou “les juifs qui s’intègrent bien, contrairement aux musulmans”. Un bourgmestre d’une ville internationale devrait plutôt s’assurer que tout le monde se sente à la maison et le ou la bienvenue. » Un avis qu’on entend aussi au sein de la majorité anversoise (N-VA, CD&V, VLD). La sortie de Philippe De Backer, Secrétaire d’État au Numérique et tête de liste des libéraux, dans Le Soir, a marqué les esprits : « On peut mettre pas mal de réalisations positives à son actif mais il doit absolument revoir son style. Je le trouve émotionnellement inadapté pour gérer une ville aussi diverse qu’Anvers. Il manque d’empathie alors que c’est ce qu’on attend d’un bourgmestre. » [scald=24061062:sdl_editor_representation] L’écrivain anversois Tom Lanoye, une personnalité qui compte en Flandre, s’inquiète des appétits du bourgmestre. « De Wever est idolâtré par une partie de la population. Je comprends qu’on puisse aimer quelqu’un qui incarne la force mais pas quelqu’un qui soit autant dénué d’humour. Il croit vraiment qu’il est la réincarnation de Jules César. Il est fort probable qu’il lâche la ville dans quelques mois en expliquant qu’on a besoin de lui au niveau fédéral… » Bourgmestre à temps partiel C’est un reproche qui revient souvent. Parce qu’il est aussi le président de la N-VA, Bart De Wever ne serait bourgmestre qu’à temps partiel. « Il utilise la ville à des fins nationales, dénonce une opposante socialiste. Il est absent sur le terrain. » Le sociologue et par ailleurs candidat SP.A, Stéphane Bouquin embraie : « Un vrai gestionnaire néolibéral ferait mieux que lui. Le précédent bourgmestre, Patrick Janssens (SP.A), était un libéral dans le sens où il misait sur le “city marketing”. Il voulait faire progresser Anvers dans les classements des meilleures villes en matière de tourisme, de congrès, de patrimoine… De Wever ne s’occupe pas de ça, il a trop à faire ailleurs. » Dans les quartiers où les tours de logement poussent comme des champignons, on se réjouit du dynamisme autant qu’on critique les méthodes du Collège : « On vient nous présenter le projet une fois que tout est terminé. On peut seulement donner notre avis sur la taille des pots de fleurs… » Clivant, Bart De Wever a en tout cas su séduire les patrons. L’un des symboles de cette législature a été la décision de Christian Van Thillo de déménager son groupe de médias Persgroep (VTM, Het Laatste Nieuws, De Morgen…) de la périphérie bruxelloise au cœur d’Anvers. « Il est vu comme un bon gestionnaire, confie un autre chef d’entreprise. Il a l’image d’un pro, toujours à l’heure au rendez-vous. Il ne vous fait pas perdre de temps. Vous savez directement si le projet sera possible ou pas, contrairement à l’ancienne majorité qui pratiquait volontiers la langue de bois. Cette manière de gérer la ville continuera même s’il s’en va. » Et si au final, plus qu’un Jules César, Bart De Wever était plutôt un Philippe II, le père d’Alexandre Le Grand, à qui on doit la stratégie du : « Diviser pour mieux régner » ?

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