Tour d’Espagne: Simon Yates file un bon coton

La Vuelta a quitté l’Espagne, elle n’y reviendra que dimanche pour consacrer son nouveau roi, au cœur de la blanche Castille. Jusque-là, le combat pour la succession de Chris Froome se déroule en Andorre, sur des routes principautaires dont la rudesse ne peut même pas être adoucie par le soleil d’une fin d’été. Ce serpentin bitumeux dessiné dans la montagne, Simon Yates pourrait presque le dérouler sous ses boyaux les yeux fermés, le leader de la Vuelta ayant habité plusieurs années durant sur ce territoire béni des dieux fiscaux. Juge de paix d’une étape de 154 bornes plane jusqu’à son pied, le col de la Rabassa Naturlandia (17 km à 6 % de moyenne) n’avait donc aucun secret pour le grimpeur de poche de l’équipe Mitchelton-Scott, pourtant sur ses gardes. En juin, l’Anglais avait en effet perdu un Giro qu’il dominait nettement jusque-là exactement au même moment de l’épreuve, lors de l’antépénultième étape. La leçon a heureusement porté ses fruits. Le Britannique (26 ans) a bien mieux géré la charge émotionnelle d’un maillot de leader et est arrivé au pic de sa forme plus tardivement qu’au Giro. Programmation parfaite. À dix kilomètres du sommet ce vendredi, le maillot rouge de la Vuelta a lui-même pris les choses en main, sans frilosité, avec conviction, comme pour conjurer le mauvais sort du Tour d’Italie. Une prise de responsabilités, pleine et entière, qui a coupé le souffle de Nairo Quintana (décidément en recul depuis deux ans dans les grands tours) et coupé l’herbe sous la pédale de ses plus dangereux rivaux, le Murcien Alejandro Valverde (en souffrance dans un col roulant, comme ce fut déjà le cas en fin de première semaine vers La Covatilla) et le Catalan Enric Mas (qui n’a pas vraiment été boosté par la visite matinale du quadruple champion de vitesse de MotoGP, Marc Marquez). Valverde et Kruijswijk largués En perforant le plafond des 2.000 mètres, Simon Yates a confirmé qu’il était plus que jamais le patron de la course, même si le Franc-Comtois Thibaut Pinot y est allé d’une seconde victoire d’étape (après le prestigieux succès aux Lacs de Covadonga). Derrière, les derniers adversaires se résolvent à constater les dégâts : Uran, López et Mas à une cinquantaine de secondes, Kelderman et Valverde à plus d’une minute, Quintana à la dérive… Au général, les écarts s’approfondissent enfin (Valverde désormais à 1’38, Kruijswijk à 1’58). Plié, le 73e Tour d’Espagne ? Le scénario de l’épreuve, bien plus débridé que celui du Tour de France, s’évertue à détricoter chaque jour les vérités de la veille. Mais le sourire prudent de Simon Yates s’affranchit. Ce samedi, il lui faudra toutefois gérer l’ultime bataille. Au départ d’Andorre, l’étape proposera un parcours montagneux jusqu’à Sant Julià de Lòria avec une arrivée au Coll de la Gallina. Journée de compétition certes courte (97,3 km) mais très difficile, avec un dénivelé cumulé de 4.000 m et six ascensions au programme. Soulignons aussi la resplendissante santé du cyclisme français (5 victoires d’étapes, grâce à Pinot deux fois, Geniez, Gallopin et Bouhanni), qui incite Cyrille Guimard à l’optimisme en vue des Mondiaux. Enfin, le meilleur Belge Laurens De Plus a hélas abandonné, fiévreux. Inquiétant avant Innsbruck ?

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