Standard: Preud’homme ressort les ceintures GPS des placards

En quittant Eupen après la première défaite de la saison en championnat, Michel Preud’homme s’interrogeait : « Je suis curieux de voir le nombre de kilomètres parcourus par mes joueurs car ce sont des données qui ne trompent pas. » Sa réponse, il l’obtiendra quelques heures plus tard : les Liégeois avaient accumulé 111,56 kilomètres soit 8,61 de moins que leurs adversaires germanophones. Une différence dont il se sera sans doute servi dans son briefing d’avant match contre Charleroi. Quinze jours plus tard, avec Marin (11,7 km) et Cimirot (11,0) en tête de liste, les Rouches ont dépassé le cap des 112 kilomètres tout en restant, une fois de plus, en dessous des Carolos qui ont parcouru 116 kilomètres. Si on imagine aisément que Michel Preud’homme, en se basant sur les grosses cylindrées européennes, aimerait bien voir son équipe augmenter la distance totale parcourue lors de chaque rencontre, ce déficit actuel est-il suffisant pour expliquer le 1 sur 6 du Standard lors de ses deux dernières sorties ? Pas seulement évidemment. Mais le football est un sport de hasard, que les entraîneurs tentent de limiter, dans lequel l’analyse des statistiques a pris de l’importance. Le premier qui a réellement souhaité investir dans ce domaine à Sclessin fut Mircea Rednic lors de la saison 2012-2013. Il aurait bien voulu que Roland Duchâtelet investisse 400.000 euros dans un système de ceintures GPS qui est devenu aujourd’hui partie intégrante de la vie des footballeurs et avec lequel le technicien roumain travaillait déjà dans son pays natal. Le refus du président de l’époque ne fut que temporaire. Peut-être parce que la saison suivante, lors d’un stage hivernal du Standard à Hoenderloo, le club découvrait à l’Hôtel Golden Tulip Victoria, qui avait déjà accueilli l’équipe nationale des Pays-Bas, un terrain de football comprenant un système vidéo, utilisé aussi à l’époque au Bayern et à Milan, permettant l’analyse des performances des joueurs à l’aide de ceintures GPS. Depuis, on a largement dépassé le stade du calcul du nombre de ballons touchés par un joueur, de la comptabilité des tirs ou des fautes. Aujourd’hui, les staffs techniques qui travaillent avec des sociétés de datas informatiques croulent sous les données enregistrées pendant les rencontres. Mais comment les analyser pour ne pas faire n’importe quoi ? Si Carcela a perdu 32 ballons contre Charleroi, n’est-ce pas dû à la nature de son jeu ? Si Mpoku a perdu trois fois plus de ballons qu’il n’en a récupérés, cela mérite-t-il de s’interroger sur le pourquoi ? Peut-on expliquer sur base des chiffres pourquoi Cimirot a gagné trois fois moins de ballons contre Charleroi que Marin alors qu’à Eupen il en avait récupéré deux fois plus que le Roumain ? Parfois, il faut être détenteur d’un diplôme de mathématiques ou avoir des connaissances technologiques suffisamment développées pour maîtriser tous ces outils. Comme ceux du calcul des kilomètres qui sont plutôt à l’usage des préparateurs physiques puisque, en dehors des sprints (Cavanda en a effectué 33 contre Charleroi, trois fois plus que Mpoku qui a joué 27 minutes de moins), il y est aussi question de haute intensité, de basse intensité et même de la vitesse à laquelle sont effectuées toutes ces courses. Au Standard, sous la houlette du préparateur physique Renaat Philippaerts, que certains n’hésitent pas à présenter comme le meilleur transfert de cet été, toutes ces données sont devenues une base de travail. Tous les entraînements se déroulent désormais avec le recours aux ceintures GPS qui, du temps de Ricardo Sa Pinto, ne quittaient les vestiaires que de manière parcimonieuse. Pourtant, avec un tel outil, les joueurs ne peuvent plus tricher en semaine et leurs prestations à l’entraînement sont parfois comparées à celles livrées durant les rencontres. Il ne reste plus qu’à acheter un drone comme cela se pratique dans quelques clubs de l’Est pour prendre de la hauteur et avoir une autre vision de l’entraînement.

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