L’avis des politologues: «Une manière de ne pas se situer dans le clivage des partis traditionnels»

La campagne pour les élections communales, premier scrutin organisé depuis quatre ans, semble marquer une émergence des listes dites « citoyennes ». Nouveauté ? Éveil de la société civile ? Comment interpréter ce besoin de s’impliquer au niveau réputé pour être « le plus proche du citoyen » ? « Il faut d’abord poser un préalable, insiste Jean Faniel, directeur du Centre de recherche et d’information socio-politiques (Crisp). [scald=24250961:sdl_editor_representation] Qu’entend-on par cette appellation “citoyenne” ? » Et le chercheur de s’interroger : toutes les listes ne le sont-elles pas, dès lors que la citoyenneté désigne la qualité de ceux pouvant participer au débat démocratique. Et Jean Faniel de rappeler qu’au début des années 90, Guy Verhofstadt, déjà, rebaptisait le parti libéral flamand en « parti du citoyen » (VLD), tandis que d’autres formations accueillaient « des candidats d’ouverture issus de la société civile ». « Ce n’est donc pas un thème nouveau à l’agenda. » Pierre Verjans, politologue à l’ULiège, participe, lui, à une étude interuniversitaire sur la question. Mais elle n’en est qu’à ses débuts. « Nous ne sommes pas encore en mesure de dire s’il y a une augmentation du nombre de listes dites “citoyennes” , explique-t-il. Mais en 2012, déjà, nous avions relevé un plus grand nombre de listes locales se distinguant des listes de parti. » Ses premières impressions lui laissent néanmoins penser que le nombre de ces initiatives locales pourrait encore croître ce 14 octobre. Envie d’autre chose Pour Jean Faniel, la distinction établie entre les listes de parti et les autres tient « à l’écart entre la société civile et la classe politique. Et ça aussi, ce n’est pas nouveau ». Un fossé que les scandales de 2016 et 2017 (Publifin, Samusocial, ISPPC, etc.) ont creusé un peu plus encore. [scald=24250965:sdl_editor_representation] « Et c’est la première fois qu’au niveau sémantique, on trouve cette auto-proclamation, également reprise par les médias », ajoute-t-il. « Cela montre aussi l’espoir que les gens placent dans la politique », positive Pierre Verjans. [scald=24250960:sdl_editor_representation] Qui ajoute une autre explication au phénomène : l’exemple français d’Emmanuel Macron qui, en une élection, « a réussi à balayer les deux partis au pouvoir depuis des décennies ». Le directeur du Crisp rattache également cette poussée supposée à un mouvement plus large de réflexion sur l’avenir de la démocratie, la participation, le tirage au sort… « Et c’est aussi une manière de marquer son apolitisme en ne se situant pas dans le clivage des partis traditionnels. » Mobiliser ses semblables sur des problématiques locales semble plus aisé. Et cela même si la tirette hommes-femmes constitue une exigence parfois difficile à satisfaire. « Et l’avantage d’être une liste citoyenne, c’est que vous n’avez pas de responsabilité en cascade par rapport aux choix posés par un parti à un autre niveau de pouvoir, souligne Pierre Verjans. Vous disposez donc d’une liberté maximale au sein de l’autonomie budgétaire de votre commune. » A contrario, ces listes pèchent souvent par manque d’expérience et/ou de structuration. Et d’une commune à l’autre, elles sont rarement coordonnées. Revendications ciblées Par ailleurs, certaines listes ne se mobilisent que sur quelques objectifs très ciblés et qui n’ont parfois qu’un lien ténu avec la vie locale. « Elles ont des revendications ponctuelles et parfois une coloration Nimby, observe le politologue de l’ULiège. Il n’est donc pas sûr que ces gens-là aient une vue d’ensemble de la vie locale. Cela peut décevoir ceux qui voteraient pour eux ou les dissuader de le faire. » Quant aux listes revendiquant le référendum, elles se retranchent derrière les choix futurs des citoyens, « ce qui peut aussi devenir décevant pour les électeurs », observe Jean Faniel. Enfin se pose la question de la pérennité de ces mouvements parfois très spontanés. « Soit ils parviennent à leurs fins et se pose la question de leur organisation et de leur pérennité, conclut le directeur du Crisp. Soit ils n’y parviennent pas et cela peut créer des tensions en leur sein à moyen terme. » [scald=24251116:sdl_editor_representation] [scald=24252953:sdl_editor_representation]

Votre compte

L’avis des politologues: «Une manière de ne pas se situer dans le clivage des partis traditionnels»

Découvrez la suite, 1€ pour 1 mois (sans engagement)

Avec cette offre, profitez de :

Le fil info

0 Commentaire

Aussi en Belgique

L’homme suspecté d’avoir tué une femme et ses deux enfants a été retrouvé mort

Bruxelles: un enfant menacé lors du braquage d’une pharmacie

Plan de relance européen: moins d’argent pour les bâtiments scolaires?

Un homme, suspecté d’avoir tué sa femme et ses deux enfants, recherché par la police

La Belgique a perdu 320.000 bovins depuis 2016

Allez au-delà de l'actualité

À la Une

USA: l’intrusion du ballon chinois était préméditée

Nucléaire: changer ou ne pas changer la loi, nouveau débat dans la Vivaldi

Alexander De Croo tacle Paul Magnette: «Le PS a tous les leviers en main pour faire quelque chose»

Vortex polaire: de l’air arctique pétrifie les habitants du Canada et des Etats-Unis

Guerre en Ukraine: de plus en plus isolée, Bakhmout est encerclée par l’armée russe

L’homme suspecté d’avoir tué une femme et ses deux enfants a été retrouvé mort

30 années au service d’une passion : le métier d’infirmière

Des soins intensifs polyvalents et à la pointe des technologies

L’indemnité vélo pour tous les travailleurs belges dès le mois de mai

Les sections du site

Les services

Groupe Rossel