Alain-Marc Taquin, Crocodile Dundee à Puerto Rico

P uerto Rico, cela a été pour moi le rêve américain. Je suis venu avec 900 dollars en poche et regardez cela. Un paradis », confie Alain-Marc Taquin. Ce chef d’entreprise belge vit à Hatillo, à une centaine de kilomètres de la capitale, San Juan, avec son épouse Cécile, une Franco-Américaine. Il ne tarit pas d’éloges sur son pays d’adoption. Né à Nieuport il y a 66 ans, ce fils d’officier de la Force aérienne belge a commencé par voyager avec ses parents. Son diplôme d’ingénieur horticole en poche, il travaille pendant un an et demi pour la province de Hainaut, avant de partir pour le Kenya où il gère une ferme de 180 employés. L’homme est un aventurier pragmatique. Quelques années plus tard, Alain-Marc change de continent. Après un passage en Louisiane, il choisit Puerto Rico, où il vit depuis 1982. Ce matin, il contemple son ranch, ses deux maisons qu’il a construit de ses mains avec Cécile et ses terres verdoyantes à perte de vue. Alain-Marc et Cécile vendent du gazon et pendant des années, ils ont aussi vendu des palmiers. « J’ai commencé petit en tondant le gazon de mes voisins », se rappelle Alain-Marc. Si les débuts ont été difficiles, le Belge a créé une affaire prospère. Il a acheté un bateau pour sa passion, la pêche, puis un avion, pour ses affaires, ne dépensant pas plus que nécessaire. « Si j’avais été endetté, notre entreprise n’aurait pas survécu à Maria », ajoute ce chasseur de gros gibier. Le Far West après Maria Et l’ouragan ? « Le 20 septembre, un torrent a déferlé sur la ferme. La maison a été détruite ». Un an après Maria, le chiffre d’affaires de l’entreprise n’est plus que de 7 % de celui de 2017. « Nous serions toujours dans la boue sans la solidarité de nos amis. Ma sœur Isabelle a activé ses réseaux. Ma nièce Camille a organisé un concert et d’autres amis ont levé des fonds sur internet », se souvient Cécile, émue. D’autres, dans les montagnes, ont eu moins de chance. Ils sont morts anonymement. « Les histoires d’horreur ne se comptent plus. Un homme, dont la maison était isolée, a perdu sa mère qui vivait sous assistance respiratoire. Il l’a enterré dans son jardin. Les pluies ont déterré le cadavre. On l’a accusé d’avoir tué sa mère », se souvient Cécile. Au lendemain de l’ouragan, Puerto Rico est devenu un Far West. D’autant que comme les banques ne fonctionnaient plus, il fallait tout payer en liquide. « Nous étions armés avec un revolver à la ceinture », lancent les deux époux en chœur. C’était il y a un an.

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