Moscou met Strasbourg sous pression

La Russie fait déjà monter les enchères. Moscou a brandi cette semaine la menace de carrément quitter le Conseil de l’Europe si la révision des modalités de sanction des délégations nationales ne lui est pas favorable. « Nous en avons assez d’être le souffre-douleur » de l’organisation, s’est écriée ce jeudi à Strasbourg la présidente du Sénat russe. Valentina Matviyenko s’est rendue au siège du Conseil de l’Europe avec un message simple, selon la presse russe : Le Kremlin envisage de se retirer de cette organisation paneuropéenne de 47 pays, prestigieux (autant que méconnu) chien de garde de l’Etat de droit, de la démocratie et des droits de l’Homme – qui a forcément son membre russe dans le collimateur. La décision, a précisé Konstantin Kosachev, le chef de la commission des Affaires étrangères du Sénat de Moscou qui accompagnait la présidente, sera prise « sur base de l’évaluation » des amendements du règlement de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE). [scald=24255425:sdl_editor_representation] « Minorité russophobe » Au même moment, la révision de ce règlement était finalisée, à Paris, par une commission de l’APCE, présidée par la sénatrice belge Petra De Sutter (Groen). Un projet de résolution basé sur le travail de cette commission du Règlement sera amendé, débattu et voté, en session plénière, le 9 octobre prochain. La proposition élaborée sous la houlette de l’élue belge conduirait à rehausser le nombre minimum de voix requis pour refuser une délégation nationale (qui ne répondrait par exemple pas aux critères démocratiques requis). Ou pour priver une délégation de ses droits de vote. Il faudrait désormais une décision prise aux deux tiers des 324 membres de l’APCE (issus des Parlements nationaux), alors que la majorité simple suffit actuellement. Les modifications des règles devront recueillir une majorité des deux tiers, en plénière, pour être adoptées. Le projet de résolution souligne « qu’on ne change pas le règlement de l’Assemblée pour tenter de résoudre un problème purement politique ». Il n’empêche : le « problème » est bien là et Moscou ne se prive pas de le faire savoir ! La semaine dernière, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov dénonçait les agissements d’une « minorité russophobe ». « Chantage budgétaire » En 2014, l’annexion de la Crimée ukrainienne par le Kremlin et le début de la guerre dans l’est de l’Ukraine étaient, condamnés par plusieurs résolutions du Conseil de l’Europe. Dans la foulée, l’APCE votait la suspension des droits de vote des 36 parlementaires russes à Strasbourg. Moscou était également exclue des instances dirigeantes de l’Assemblée et ne pouvait plus participer aux missions d’observation d’élections mises sur pied par le Conseil de l’Europe. Ces sanctions ont été prolongées une fois, en 2015. [scald=24255424:sdl_editor_representation] Depuis, Moscou pratique délibérément la politique de la chaise vide. La Russie n’a plus présenté d’élus aux examens des « pouvoirs » des délégations nationales, un processus répété en janvier de chaque année. Moscou a aussi cessé de payer sa quote-part au budget de l’organisation : un « chantage budgétaire », a déjà dénoncé Petra De Sutter. Retour au bercail « Le navire est au milieu d’un océan en pleine tempête ! Il faut le protéger pour qu’il ne coule pas ! », déclare au Soir Petra De Sutter. La présidente de la commission du Règlement de l’APCE – par ailleurs désormais candidate à être « Spitzenkandidat » des Verts à la présidence de la prochaine Commission européenne… – précise qu’elle a voulu jouer le rôle « d’arbitre », cherchant un « compromis », « équilibré », « qui plaira à un maximum de parlementaires… ou à personne ». Les uns, pressent-elle, diront que les réformes préconisées ne permettront pas le retour des Russes ; les autres, que cela « ne va pas assez loin pour les maintenir dehors. Mais le but, c’était de renforcer les règles, de les rendre plus résilientes aux attaques » contre les droits fondamentaux. Petra De Sutter ne se fait pas d’illusion : le débat « sera politisé. Et à mon avis, cela ne va pas convaincre les Russes » de (tenter de) revenir au bercail.

Votre compte

Moscou met Strasbourg sous pression

Découvrez la suite, 1€ pour 1 mois (sans engagement)

Avec cette offre, profitez de :

Le fil info

0 Commentaire

Aussi en Europe

Royaume-Uni: un homme admet avoir voulu blesser Elizabeth II avec une arbalète en 2021

Un corps rendu sans cœur crée un incident diplomatique

Les lettres personnelles de la princesse Diana dévoilées et mises aux enchères

Angleterre: enseignants, fonctionnaires et personnels des transports font grève commune

En Hongrie, la crise économique bouscule l’empire médiatique pro-Orbán

Allez au-delà de l'actualité

À la Une

Le nucléaire n’en finit plus de jouer les prolongations en Belgique

D1A: Anderlecht décroche une précieuse victoire sur la pelouse d'Ostende

Qatargate: Niccolo Figa-Talamanca est libéré par le juge Claise

Guerre en Ukraine: Zelensky presse les Européens d’agir plus vite, plus fort

Un ballon espion chinois survole les Etats-Unis, le scandale diplomatique gonfle

Attaque au couteau à Schuman: la détention préventive du suspect est prolongée

30 années au service d’une passion : le métier d’infirmière

Des soins intensifs polyvalents et à la pointe des technologies

L’indemnité vélo pour tous les travailleurs belges dès le mois de mai

Les sections du site

Les services

Groupe Rossel