Communales 2018: à Ganshoren, les têtes de liste cassent les codes

Stéphane Obeid : soucieux de rajeunir la politique locale [scald=24350328:sdl_editor_representation] O n peut être jeune et être aussi expérimenté qu’un gars de 70 ans ». Du haut de ses 29 ans, Stéphane Obeid (MR) n’est pas du genre à se laisser prendre pour un bleu. Dans un paysage bruxellois où pas mal de sièges mayoraux continuent d’être réchauffés par de vieux routiers de la politique, le fer de lance de la liste du bourgmestre sortant (Robert Genard, qui après avoir assuré la transition post-Gillard, se contentera de pousser la liste) ne cracherait pas sur un possible titre de plus jeune maïeur élu au sein de l’une des 19 communes de la capitale. C’est au cours de ses études en Sciences économiques, en scrutant les travaux de John Maynard Keynes, que cet enfant du cru se convertit au libéralisme. « C’est en faisant une thèse sur un économiste de gauche que j’ai compris que je n’étais pas de gauche », ironise l’intéressé. Mais plus que le clivage gauche-droite, c’est surtout l’axe jeunes-vieux qui semble guider la boussole du candidat, devenu conseiller communal à 22 ans. Collaborateur Mobilité au sein du groupe MR au parlement bruxellois, fort d’un second master en Sciences du transport, on le sent par moment plus en accord avec les idées d’un Pascal Smet (le ministre bruxellois de la Mobilité, SP.A) qu’avec celles de certains vieux briscards de sa formation. Son autre dada, hormis la mobilité ? « Replacer Ganshoren sur la carte bruxelloise. » Selon lui, la commune est depuis trop longtemps le parent pauvre des politiques régionales. Pour peser à nouveau sur ce plan-là, il en appelle à une nouvelle convergence des luttes dans le chef des communes du nord-ouest de la capitale (Berchem-Sainte-Agathe, Koekelberg et Jette). Participation citoyenne La commune aura en effet besoin de soutien pour porter les projets qui lui permettront de faire face au boom démographique en cours (+ 10 % de résidents attendus d’ici 2025). « Ganshoren, c’est une commune qui ressemble à un village, mais avec les défis d’une ville », considère la tête de liste. Écoles, crèches, réaménagements plus harmonieux de l’espace publique, sans oublier la mise en place d’une véritable politique de sécurité ; les grands chantiers à mener ne manquent pas. Pour en tracer les contours, Stéphane Obeid souhaite miser sur une participation citoyenne plus intégrée, notamment pour décider de l’usage qui sera fait des maigres réserves foncières dont la commune dispose encore. « Notre idée, c’est notamment de dire que tout projet d’aménagement qui demande un investissement de plus de la moitié des recettes liées à l’impôt sur les personnes physiques doit être soumis à une consultation citoyenne. Ils l’ont fait à Louvain-La-Neuve sur le projet de l’Esplanade, plaide-t-il. Ce qui est vraiment génial là-dedans, c’est que l’on interroge aussi les 16 ans et plus, qui sont également concernés par l’impact budgétaire. » Pierre Kompany : du taxi au parlement bruxellois [scald=24350400:sdl_editor_representation] Si le nom de famille vous a mis la puce à l’oreille, c’est normal. Oui, Pierre Kompany n’est autre que le père de Vincent. Aujourd’hui conseiller communal à Ganshoren et député au parlement bruxellois où il s’est fait élire sous la bannière CDH en 2014 après des années passées au PS, le candidat d’origine congolaise part aux urnes en tête d’une liste ProGanshoren regroupant humanistes et indépendants. Petits boulots Si sa liste devait finir la course en tête au sein du cartel ProGanshoren-MR, aux vues du partage de mandats préétabli au sein de son camp, il devrait théoriquement se retrouver bourgmestre pour les 3 premières années de la législature avant de céder la main (lire par ailleurs). Et pas n’importe quel bourgmestre : le premier maïeur belge originaire d’Afrique subsaharienne. Tout un symbole, est prêt à reconnaître le principal intéressé, tout en gardant la tête froide. « Si je disais le contraire, je mentirais. Par contre, la réalité, c’est que tous ceux qui sont autour de moi, qui travaillent avec moi, toutes communautés confondues, auront une belle victoire pour eux. » Comme pour se dédouaner, l’élu élude directement toute volonté de tabler sur le vote communautaire pour parvenir à ses fins au niveau local. « Il y a 6 ans, si je n’avais eu que des électeurs d’Afrique subsaharienne, je ne gagnais pas. » Derrière les symboles, Pierre Kompany, c’est aussi une solide histoire de vie. « La politique, je la pratique au corps à corps depuis l’âge de 18 ans. C’est pour ça que je suis ici, à cause de la politique. Au Congo, j’ai passé 13 mois et 15 jours avec mes collègues dans un centre militaire à plus de 1.500 kilomètres de là où on nous avait pris, parce qu’on a dit non à Mobutu. » Arrivé en Belgique à la suite de ces événements, il restera 7 ans sans papiers, enchaînant les petits boulots avant d’obtenir le statut de réfugié. Cumulant ensuite le métier de taximan avec une participation active au sein du PS (qu’il quittera en 2014 au profit du CDH), un rôle de père de famille et des études d’ingénieur, il finira par déposer un brevet pour l’invention de « l’éolienne à axe vertical contrarotative ». Pas le temps pour les explications techniques. C’est qu’au-delà du parcours, il y a aussi un programme à porter. Basé sur quoi ? « Ganshoren, dans la prochaine législature, doit sincèrement s’inscrire dans la création de places d’école », énonce le candidat en guise de priorité face au boom démographique que rencontre la commune, suggérant au passage un recours accru aux partenariats publics privés. Autre préoccupation du candidat bourgmestre : le dialogue intergénérationnel, dans une entité autrefois vieillissante qui rajeunit à vue d’œil.

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