Négligence, tabac, malbouffe et sédentarité: voici le cocktail infernal de l’AVC

A 17h02, tout va bien. A 17h04, plus rien ne va. L’AVC se caractérise par la brutalité de la survenance de ses symptômes. Les mots ont du mal à sortir de la bouche ou bien la compréhension de ce qui est dit est difficile. Un voile noir qui passe dans le champ de vision, des maux de tête très violents, une perte de sensibilité dans les membres ou du sens de l’équilibre sont d’autres signes d’AVC. Face à ces signaux d’alarme, il faut se rendre à l’hôpital au plus vite. [scald=24404477:sdl_editor_representation] 20.000 Belges chaque année Au moment où un caillot bouche une ramification artérielle cérébrale, s’enclenche en effet une course contre la montre. Quelque 180 secondes plus tard, privés de l’oxygène transporté par le sang, les premiers neurones passent de vie à trépas. A chaque minute écoulée, ils sont deux millions à mourir asphyxiés. Le risque de séquelles ne cesse alors d’enfler. Première cause de handicap physique dans notre pays, et deuxième cause de démence après la maladie d’Alzheimer, l’AVC touche pas moins de 20.000 Belges chaque année. Un AVC est rarement un coup du sort. Le cocktail infernal ? Tabac, malbouffe, sédentarité et négligence dans la surveillance cardiaque. En effet, la fibrillation auriculaire est responsable à elle seule de 30 % des AVC. Pas moins de 150.000 Belges en seraient atteints. Bonne nouvelle : ce trouble cardiaque peut être aisément dépisté par un médecin généraliste et être traité avant la survenue d’un AVC. Manger sans sel et pratiquer quotidiennement 10 minutes d’activité physique permet de faire chuter le risque d’AVC de 30 %. Deux méthodes coûteuses Depuis une vingtaine d’années, le traitement de l’AVC le plus communément utilisé est la thrombolyse veineuse. Il s’agit d’une injection intraveineuse de molécules chimiques permettant la dissolution de la boule de sang coagulé dans les ramifications cérébrales. Administrée dans les 3 heures suivant les premiers symptômes, c’est la méthode de prédilection pour dissoudre tout petit thrombus, avec un succès dans trois quarts des cas. La gravité des séquelles est directement liée à l’emplacement du thrombus dans le cerveau. Plus le bouchon est gros, plus il va se caler au début l’arborisation artérielle dans la boîte crânienne, empêchant l’irrigation sanguine en aval. La zone cérébrale en manque d’oxygène étant alors de grande ampleur, on parle d’AVC sévères. « Ces derniers représentent entre 30 et 50 % des AVC , précise Dr Noémie Ligot, neurologue à l’hôpital Erasme. En fonction du délai depuis l’apparition des symptômes et de l’état du cerveau, ils peuvent être éligibles à la thrombectomie. » Cette deuxième technique, mécanique quant à elle, est pratiquée depuis environ 5 ans. À l’aide d’un stent – une sorte de petit grillage –, introduit dans l’artère cérébrale, il s’agit d’aller prélever le caillot de sang responsable de l’AVC sévère directement dans le cerveau du patient. Appliquée en combinaison avec la thrombolyse veineuse, la thrombectomie double la proportion de personnes qui s’en sortiront sans symptômes. En outre, elle fait passer de 33 à 50 %, la proportion de celles qui parviendront à garder une marche autonome. « On a donc une proportion substantielle de patients qui pourront, après leur AVC, bénéficier d’une bonne qualité de vie », explique le Dr Gilles Naeije, neurologue à l’Hôpital Erasme. Et le Dr Ligot d’ajouter, « les traitements évoluent, on peut désormais traiter par thrombectomie jusqu’à 24 heures après le début des symptômes, avec une chance significative de récupération. Ça ne concerne évidemment que peu de patients. Ils sont sélectionnés sur base de l’état des tissus de leur cerveau au moment où ils arrivent à l’hôpital. » Le matériel utilisé pour la thrombectomie, très coûteux, est remboursé depuis le 1er juillet 2017. Par contre, l’acte posé par les médecins, qui prend 51 minutes, ne l’est toujours pas. L’hôpital Erasme, par exemple, continue ainsi à le prendre totalement en charge. Tous les hôpitaux belges ne pratiquent pas la thrombectomie ou la thrombolyse. Pour y palier, ils fonctionnent en réseau, envoyant les patients vers l’hôpital le mieux adapté à la sévérité de l’AVC qui leur a été diagnostiqué.

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