À 20 ans, Bob n’a pas encore atteint l’âge adulte

Bob fête ses vingt ans. Depuis 1995, il a engrangé de bons résultats. L’an dernier, le taux de conducteurs contrôlés positifs était le plus bas jamais enregistré depuis les débuts de la campagne. 2,8 % des chauffeurs avaient soufflé de ballon après avoir trop bu. Un bon signal. « Les alcotests sont de moins en moins positifs alors que dans le même temps, les contrôles sont de plus en plus fréquents », se réjouit Benoît Godard, porte-parole de l’IBSR. Malgré ces bons résultats, les chiffres sont moins impressionnants qu’il y a une dizaine d’années. On observe une certaine stagnation autour des 3 % de contrôles positifs. Bob aurait-il des difficultés à franchir un plafond de verre ? « Il est vrai que la proportion de conducteurs avec un taux d’alcool trop élevé dans le sang reste relativement stable », remarque, quant à elle, Belinda Demattia, porte-parole de l’agence wallonne pour la sécurité routière (AWSR), coresponsable de la mouture 2015 de la campagne. Un noyau dur Une poignée d’irréductibles, donc, qui malgré vingt ans de campagnes sont toujours aussi nombreux à ne pas compter les verres avant de reprendre le volant. « Il y a un vrai problème de contrôle social sur ce point en Belgique, estime Benoît Godard, en Suède où en Angleterre, où la consommation d’alcool est comparable à la nôtre, après avoir bu, on ne reprend pas la voiture, on ne se pose même pas la question ». Et, en Belgique, quand on « bobbe », on n’est pas exempt de défaut non plus. « Il n’est pas rare de constater que certains conducteurs sont très arrangeants avec la notion de “Bob” », remarque Belinda Demattia. Certains se disent qu’être Bob signifie boire moins que les autres. C’est le sens de cette nouvelle campagne “On n’est pas Bob pas à moitié” ». C’est donc sur ce levier que la campagne insistera cette année. « En Belgique, le fait de reprendre la voiture même après un verre reste trop banalisé. Voire comique. Pourtant la gêne commence à s’installer. Quand les médias assistent à des contrôles d’alcoolémie, les conducteurs ayant bu demandent à ne pas être filmés ou à être floutés. On voit donc que les campagnes continuent de jouer un rôle de norme sociale », estime Benoît Godard. Il est nécessaire que la campagne de sensibilisation dispose aussi d’un pendant plus répressif. « Même si la prévention joue sans conteste un rôle social, il faut qu’elle s’accompagne de contrôles policiers. Le message des campagnes est également de dire qu’en cette période de fêtes de fin d’année, les contrôles d’alcoolémie seront plus nombreux ». Il faudrait plus de personnel et de matériel « La mission de la police fédérale de la route et des polices locales est de contrôler chaque année un automobiliste sur cinq, commente le commissaire Michaël Jonniaux, directeur de la police de la route. Ça représente 1,2 million de contrôles dont 240.000 pour nous. Nous en réalisons 50.000 rien que durant les huit semaines de la campagne Bob. Il va de soi que j’aimerais pouvoir en faire plus durant toute l’année. D’ailleurs, l’objectif du gouvernement est d’arriver à un automobiliste contrôlé sur trois. Ce qui ferait monter le nombre de contrôles à 420.000 par an pour mon service. Pour y arriver, il me faudra plus de personnel et plus de matériel. Sinon, c’est impossible. » En 20 ans, Bob a-t-il permis de sauver des vies ? Le commissaire Jonniaux le pense. « C’est impossible à chiffrer scientifiquement, dit-il, mais une extrapolation peut donner une tendance. Entre 1998 et 2000, nous enregistrions 1.500 tués par an sur les routes. Ils ne sont plus que 727 cette année. Et l’alcool au volant est la cause de 25 % de ces décès. On passe donc de 375 à 181. Bob y est certainement en partie pour quelque chose. » « Il reste cependant un noyau dur qui représente 2,5 % des automobilistes, déplore Michaël Jonniaux. Les campagnes d’information, de sensibilisation et d’éducation n’ont aucun impact sur eux. On doit donc maintenir Bob en vie. Il serait déplorable d’arrêter et de voir le nombre de ces conducteurs sous influence remonter à 10 %. J’annonce d’ailleurs que le week-end du 15 au 18 janvier, nous effectuerons un week-end sans alcool. Nous serons présents en force partout. » Davantage de contrôles, mais aussi des sanctions fortes. Si le taux d’alcool dans le sang se situe entre 0,5 ‰ et 0,8 ‰, le conducteur ne peut plus conduire pendant au minimum 3 heures et doit s’acquitter d’une amende de 137,50 euros. Les sanctions sont toujours plus fortes en fonction de l’augmentation du taux d’alcool décelé dans le sang. Ainsi, si le taux d’alcool dans le sang du conducteur est supérieur ou égal à 1,6 ‰, il se voit retirer son permis de conduire pour une période de 15 jours minimum et son dossier est immédiatement renvoyé devant le juge. L’amende qu’il encourt peut grimper jusqu’à 11.000 euros et il peut être déchu du droit de conduire à vie.

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