Atlético - FC Bruges: de l’ombre du Real à la lumière de la C1

A Madrid, Longtemps, le second club madrilène a vivoté loin des projecteurs. Plus réguliers, entraînés depuis 2011 par Simeone, les Colchoneros rêvent plus que jamais de remporter enfin la Ligue des champions dont la finale se disputera dans leur stade. De tout temps, les observateurs du football espagnol se sont extasiés devant l’incroyable rivalité sportivo-historique qui oppose le Real au Barça, deux clubs qui n’ont cessé de se pousser mutuellement pour atteindre des sommets d’excellence. A plusieurs reprises, notamment dans le courant des années 70 (3 titres) et certainement depuis le début des années 2010, l’Atlético est pourtant venu s’immiscer dans cette lutte de pouvoir acharnée, qu’elle concerne les lauriers nationaux (10 titres), mais aussi les sommets européens : depuis 2009, les Rojiblancos ont soulevé à trois reprises l’Europa League et la Super Coupe d’Europe et sont quatrièmes au classement UEFA ! L’Atlético Madrid est aussi la seule équipe, depuis le sacre de Valence en 2004-05, à avoir émergé devant les deux mastodontes de la Liga et, même s’il n’est actuellement « que » quatrième à deux longueurs d’eux, il était systématiquement présent sur le podium lors des six derniers championnats. Autrefois considéré comme une équipe de losers magnifiques, l’Atlético inspire dorénavant le respect. Voire la crainte. Deux clubs opposés Ayant trop longtemps (sur)vécu dans l’ombre imposante des géants du Real, les Colchoneros attendent désormais un premier succès en Ligue des champions pour densifier encore leur légitimité, eux qui en avaient atteint la finale à deux reprises en 2013-14 puis en 2015-16. A chaque fois, comble de la frustration, c’était le Real qui avait émergé à la photo-finish, d’abord aux prolongations puis aux tirs au but. Mais cette fois, la finale se disputera chez eux, dans ce stade Wanda Metropolitano flambant neuf, imposant, où Bruges tentera déjà d’exister. Du coup, si le Real concentre davantage son attention sur sa rivalité exacerbée avec le Barça, l’Atlético, de son côté, semble parfois ne vivre que par et pour cette opposition madrilène. S’ils se nourrissent de leurs succès, les supporters de l’Atléti se délectent aussi des trop rares faux pas du voisin du Real. Car là aussi, tout oppose ces deux clubs plus que centenaires. Dès le début, le Real, club de la Royauté, a misé sur de grands noms, sur des stars arrachées à prix d’or, pour créer une équipe surnommée assez pompeusement de « Galactiques ». L’Atlético, que l’on pourrait davantage qualifier de club de la loyauté, est celui du peuple, des « vrais » Madrilènes, des ouvriers qui rêvent, tels Aznavour, de se retrouver un jour, tout en haut de l’affiche. « J’ai laissé tomber l’alcool, la cigarette et la nourriture riche, car cela me tuait. Mais je ne peux pas laisser tomber l’Atléti qui, pourtant, me tue aussi », déclara un jour Luis Aragones, quand le club, exsangue financièrement, avait rejoint brièvement la D2 en 2000. C’est aussi cette folie des grandeurs du fantasque président Jesus Gil y Gil, et qui avait failli faire disparaître le club dans les années 90, provoquant notamment la perte de nombreux jeunes, dont le plus illustre n’est autre qu’un certain Raul… Armes et bagage Aujourd’hui, avec ses armes et son bagage, l’Atlético espère enfin mettre un terme à cette longue frustration dans la plus prestigieuse des compétitions européennes. L’été passé, il a gardé l’essentiel de ses cadres hormis Gameiro (Valence) ou Torres (Sagan Tosu, Japon) et a déboursé près de 125 millions d’euros pour recruter 8 nouveaux joueurs, dont 70 pour le seul Thomas Lemar (record du club). En est-il capable ? Difficile à dire tant la concurrence est acérée. Mais il est un fait qu’en s’appuyant sur la sagesse et l’expérience d’un entraîneur présent au club depuis 2011 – l’Argentin Diego Simeone, pour qui ses joueurs seraient prêts à mourir –, l’Atlético a de beaux atouts à faire valoir. Ce week-end, Thibaut Courtois rappelait en connaissance de cause que « la moindre erreur se paie cash et qu’il faut peut-être laisser l’initiative aux Colchoneros ». Aimant plus que tout laisser la possession de balle à son hôte, l’Atlético a en effet pour habitude de punir la moindre erreur d’attention, de proposer un pressing oppressant et de plus en plus étouffant, à l’image d’un boa constrictor fondant sur sa proie. Puissent les Brugeois trouver un peu d’air à l’ombre de ce nouveau géant d’Europe…

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