Bosko Balaban préface la rencontre entre Anderlecht et le Dinamo Zagreb: «Si vous leur laissez la balle, vous êtes morts!»

À quel genre de partie peut-on s’attendre au parc Astrid ? On va assister à des débats de haut vol entre deux formations qui possèdent une belle histoire. Comme le Dinamo ne s’expatrie pas très bien, je donne un léger avantage à Anderlecht. Par contre, les Belges devront évoluer avec le couteau entre les dents car mes compatriotes ont fait du petit bois avec Fenerbahçe lors de la première joute. La dynamique n’était pas extraordinaire avant l’entrée en Europa League mais la donne a totalement changé depuis et c’est une formation en pleine confiance qui va monter sur le terrain Par contre, en face, la crise est de mise. Est-ce un avantage pour les visiteurs ? On va dire que cela augmente les chances de victoire. Maintenant, je ne suis pas pour les vérités générales car quand vous endossez le costume européen, toutes les certitudes s’envolent. Tout ce que je peux vous dire, c’est que la formation visiteuse possède des joueurs très techniques dans ses rangs et qu’il ne faudra pas leur laisser la possession. Si vous faites cela, vous êtes mort. Je connais ces troupes sur le bout des doigts et ils aiment faire tourner la balle en attendant le bon moment pour vous planter un but. La rencontre risque d’être intéressante et mon cœur penchera évidemment pour le Dinamo. En parlant de vos origines, comment expliquez-vous qu’autant d’éléments de votre pays viennent tenter leur chance en Belgique ? Tout simplement parce que votre compétition est un véritable tremplin pour nous. Le niveau belge est plus relevé que le nôtre donc vous pouvez franchir un palier surmontable avant de vous lancer dans un grand championnat. Pour réussir au plus haut niveau, le footballeur croate doit s’endurcir et vu l’âpreté des duels sur le sol belge, tous les ingrédients sont réunis pour apprendre et enrichir son palmarès. Regardez le parcours d’Ivan Leko, mon ami depuis plus de 25 ans. Il est en train de tout écraser avec Bruges et je suis certain que ce n’est qu’une étape dans sa carrière. Je parie que d’ici quelques années, il va frapper aux portes des plus grosses écuries, tout simplement parce que c’est un passionné et un féru de travail. Un dur labeur qui peut être prolongé aux sociétaires de l’équipe nationale, auteurs d’une Coupe du monde extraordinaire… (Il coupe) On peut même parler d’un événement inattendu et ce, en dépit de la qualité présente dans le vestiaire. Quand vous avez la chance de pouvoir mettre des Modric, Rakitic, Lovren, Mandzukic ou d’autres sur la feuille de match, vous êtes un entraîneur heureux. Seulement, la cohésion a souvent fait défaut dans le passé, en raison notamment de notre propension à toujours privilégier la fierté personnelle. Cette fois, la donne s’est avérée différente et je dois bien reconnaître que j’ai été surpris par le niveau de jeu atteint. En bon patriote, je n’ai raté aucune seconde de nos exploits mais le fait d’avoir Andrej Kramaric dans le noyau a renforcé mon attrait. Je m’efforce de suivre tous les matches de mes poulains, que ce soit en Live ou sur Internet. Un choix qui porte sur votre nouvelle vie d’agent. Pourquoi cette fonction et pas celle de l’entraîneur ? J’ai toujours voulu garder un contact avec le monde du ballon rond mais je ne voulais plus être accolé à une équipe au quotidien. Cela demande énormément de sacrifices et j’estime en avoir fait suffisamment lors de ma carrière professionnelle. La vie de famille n’était pas toujours aisée mais, désormais, je peux profiter de ma femme et de mes enfants comme je l’entends. Les soirées entre amis, les voyages à l’improviste, c’est tout de même plus facile quand vous êtes un agent. Une décision qui a l’air de bien fonctionner quand on voit les noms qui composent votre écurie. Comment fait-on pour s’attirer les services d’un joueur ? À force de patience, d’écoute et de compréhension des attentes de la personne qui vous fait face. C’est un monde de requins, tout le monde le sait, donc il faut se doter d’une sérieuse carapace. Dans ce domaine, j’étais déjà blindé car j’ai été considéré comme l’un des plus gros flops dans l’histoire des transferts d’Aston Villa. Etait-ce logique d’en faire partie ? Je ne me tracasse plus pour cela car c’est du passé. Par contre, je sais me baser sur les éléments qui ont mené à cet échec quand je suis auprès d’éléments qui ne possèdent pas le temps de jeu espéré. Tout est une question de timing à l’heure actuelle en ce sens qu’il faut avoir le petit brin de chance pour décrocher un gros transfert. La qualité est évidemment fondamentale mais cela ne suffit plus. Il faut savoir s’entourer et, parfois, prendre conscience que ce nous possédons est plus beau que ce qu’on nous offre. Je tente donc d’être un agent posé, précis et surtout humain. Cela marche parfois comme cela foire de temps en temps mais je ne me tracasse pas, je sais ce que je vaux. Un état d’esprit qui n’a pas changé depuis votre passage au Club de Bruges. Est-ce que le championnat belge vous attire toujours ? Oui car j’ai gardé un lien très étroit avec votre pays. Quand je me promène dans les rues de la Venise du Nord, je me souviens des buts marqués, des passes délivrées, de la chaleur du stade et du gout de la bière (rires). La Belgique est dans mon cœur et je pense que les Belges se souviennent de Bosko Balaban. Je suis même certain que des clubs font toujours des cauchemars en pensant à moi (rires).

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