Les jours de Kepler, le chasseur d’exoplanètes, sont comptés

Q ue se passe-t-il avec Kepler ? Ses jours sont comptés. Ce 10 octobre, ce sera peut-être la dernière fois que l’on aura un contact avec celui qui a amené le mot « exoplanète » dans le langage courant. Sur les 4.717 planètes qu’il a proposées comme candidates, 2.327 ont été confirmées. Au moins 30 d’entre elles ont une taille inférieure au double de celle de la Terre et sont situées dans la zone d’habitabilité. En plus d’imposer la méthode des transits comme moyen de détection (il s’agit de mesurer les baisses de luminosité répétitives causées par le passage d’une planète entre le télescope et une étoile), Kepler a ouvert de nouveaux possibles. Mais depuis 2013, il souffre de défaillances mécaniques. Ces derniers temps, l’instrument peinait à pointer précisément dans le ciel. De plus, on ne sait pas ce qu’il reste des 11,7 kg d’hydrazine embarqués en 2009 comme carburant, faute de jauge. Mais selon les estimations, la panne sèche guette. Fin septembre, la Nasa a placé Kepler en mode veille. Elle le réveillera demain pour tenter de télécharger les données scientifiques accumulées par le télescope durant le mois de septembre. A l’instar d’Hubble, ne pourrait-on pas réparer et refaire le plein de Kepler ? Peu de temps après le déploiement du télescope spatial Hubble en 1990, on s’est rendu compte qu’il voyait flou. Cela aurait pu sonner le glas de sa mission mais, par chance, en pionnier, il a été conçu pour permettre aux astronautes de lui faire des visites d’entretien. En 1993, ils ont ainsi réparé Hubble en orbite à 569 km au-dessus de la Terre. De telles missions de service ont ensuite eu lieu en 1997, 1999, 2002 et 2009. Sa technologie embarquée a ainsi été mise à jour grâce au placement de nouveaux instruments scientifiques. Des éléments structurels dégradés ou défaillants, comme ses panneaux solaires et ses gyroscopes, ont été remplacés. Ces interventions ont largement participé à la longévité de Hubble. Bien sûr, on pourrait rêver d’un pareil destin pour Kepler. Mais, cela est impossible. Tout simplement car il n’a pas été conçu pour être facilement réparé ou réalimenté en carburant. Un tel aménagement aurait eu un surcoût que la Nasa voulait éviter. A-t-on prévu un remplaçant à Kepler ? Quel est-il ? Le nom de TESS (Transiting Exoplanet Survey Satellite) revient fréquemment. Sans être son jumeau, ce petit télescope spatial lancé par la Nasa en avril 2018 se profile comme le successeur de Kepler. « Attention toutefois au fait qu’ils ont des façons de fonctionner différentes. Dans sa mission initiale, Kepler observait une petite zone du ciel durant énormément de temps. Cette focalisation lui permettait d’être très précis. Tess, quant à lui, va regarder l’ensemble du ciel. Il va donc passer moins de temps sur chaque zone et sera de facto moins précis sur chaque objet », précise Yaël Nazé, astrophysicienne à l’ULiège. Au contraire de Kepler, en orbite autour du Soleil, Tess est installé sur une orbite en forme d’ellipse allongée autour de la Terre. Il observe 200.000 étoiles partout dans le ciel, situées bien plus près de la Terre (200 années-lumière) que les 150.000 regardées par Kepler à moins de 3.000 années-lumière. Durant les trois ans de sa mission initiale, on estime que sa moisson en nouvelles exoplanètes dépassera le millier de candidats.

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