Pascal Scimè à propos son nouveau livre: «Ma rencontre avec Denis Dasoul était toute particulière»

Pascal Scimè, à 41 ans, vous signez votre deuxième livre, le second de la série « Trajectoires ». L’écriture, c’est une nouvelle passion pour vous, l’homme de radio ? C’est en fait déjà le quatrième, puisque j’ai coécrit deux autres bouquins, dont un sur les 120 ans de l’Union Saint-Gilloise, qui a plutôt bien marché. L’écriture ne me passionne pas à la base. J’aime les beaux mots, mais je préfère les traduire en paroles. Il y avait une certaine frustration concernant la mise en avant médiatique des premières histoires qui n’étaient pas vraiment adaptées à la radio. C’était trop court. J’ai trouvé mon plaisir sur le web où j’ai pu utiliser un espace très large pour raconter ces histoires. Et ça a cartonné ! Plus de 30.000 vues sur le site de la RTBF pour certaines histoires. Après, écrire, retranscrire tout cela sur papier, cela vous permet de prendre le temps et de partager plus facilement l’aspect humain, l’émotion. C’était plus facile pour moi. Vous donnez la parole à des joueurs, des entraîneurs, qui ont des parcours de vie assez différents et assez atypiques. Y a-t-il un récit qui vous a plus marqué que d’autres ? C’est difficile de n’en ressortir qu’un. C’est comme demander à un père de choisir entre ses fils. Mais ma rencontre avec Denis Dasoul, formé au Standard (NDLR : entre 1991 et 2001) et qui est tragiquement décédé il y a un an en Indonésie, est évidemment toute particulière. C’est sa compagne qui signe la préface de ce deuxième livre, et elle raconte parfaitement, avec ses mots, pourquoi cela a été important pour Denis de se confier dans le premier tome. Tout cela m’a donné beaucoup d’énergie positive. Parfois, je me dis que si cela a au moins servi à ça, alors faire un deuxième « Trajectoires » valait vraiment la peine. La force de ces capsules radio finalement retranscrites dans ce livre, c’est la générosité des intervenants qui n’hésitent pas à se confier à vous. Cela a été facile de créer ce lien, de les amener à se livrer totalement ? Je ne sais pas si j’ai un don ou si c’est simplement car ils m’aiment bien, mais oui, il y a toujours eu un bon feeling. Quand ils me parlent, ils parlent à l’un d’entre eux, comme avec un bon pote. Je pose les questions, je garde tous leurs mots, je les laisse venir à moi. Souvent, on part sur 45 minutes d’interview avant de finalement se retrouver à parler pendant 3-4 heures, voire plus. Avec Drazen Brncic, l’entraîneur du RWDM qui est passé par l’Inter et l’AC Milan, on s’est vu quatre jours pour évoquer sa carrière. Aujourd’hui, certains sont devenus des amis. Sur le premier tome, vous partagiez vingt histoires. Ici, il n’y en a plus « que » onze. Pourquoi ? Le premier livre a été un bon succès, vendu entre 1.200 et 1.500 exemplaires, ce qui est un bon score pour la Belgique. Les bouquins de sport, ça ne se vend pas beaucoup, même les biographies de grands joueurs ou entraîneurs. Je ne voulais pas faire ce deuxième livre juste pour faire une « suite ». J’avais envie d’aller plus loin. Il y a moins d’histoires mais autant de pages, ce qui m’a permis d’aller plus en profondeur avec chaque interlocuteur. Et puis, onze, c’est un chiffre symbolique. Le 12e homme sera le lecteur. Mettre en lumières des garçons plus connus, comme Christian Kabasele, c’est aussi une façon de déconstruire la mauvaise image qu’ont les footballeurs dans notre société ? Moi, je protégerai toujours les footballeurs car je suis passé par là aussi. C’est très facile aujourd’hui de taper sur eux. « Quand il ne joue pas, il fait la sieste, il a du temps libre, il met des baskets à 400 euros et des montres à 3.000 », etc. Mais, la vie du jeune footballeur est aussi faite de beaucoup de sacrifices, de pression, et parfois pour finalement se retrouver pro avec un salaire de 1.200 euros par mois. En sachant qu’une carrière ne s’éternise pas toujours. Christian Kabasele a une histoire particulière puisqu’il n’est pas passé par la filière classique. Ses parents ne l’ont pas poussé à devenir pro, et il s’est retrouvé à jouer comme défenseur alors qu’il a commencé comme attaquant. Mais il le dit lui-même : mentalement, cela lui a permis de ne pas être cramé dès l’âge de 18-19 ans. Pour d’autres, c’est l’inverse : Ugo Kasuku, très jeune il est parti au Genoa. Il a tout donné pour le football et aujourd’hui, après une carrière qui n’a jamais décollé, il a ouvert une école en Afrique. Quelle est votre plus grande satisfaction quand vous entendez les critiques positives concernant ce livre ? Le plus gratifiant, ce sont les mamans qui m’écrivent pour me dire qu’elles ont adoré le livre. Les parents sont un rouage essentiel dans la carrière des jeunes footballeurs. C’est aussi en voyant le comportement de certains parents au bord des terrains que j’ai eu envie de faire ce(s) livre(s). Certains doivent comprendre que mettre autant de pression sur les enfants, sur les arbitres ou sur les entraîneurs peut être dévastateur. À quand le prochain livre ? J’ai quelques sollicitations en France. Cela fait plaisir de savoir que mon travail est reconnu. Mais ne précipitons pas les choses !

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