#visapourlaflandre : la politique, ceux qu’elle dégoûte et ceux qui la dégustent

Ah la politique, celle qu’on adore ou celle qu’on quitte, celle qui nous passionne et celle qui nous déçoit. C’est ce que ces élections communales ont à nouveau donné à lire et à voir ces derniers jours, en Flandre également. Celle qu’on quitte ? C’est la confession très sincère mais amère, faite par Dominique Dehaene au magazine Knack. Ce quadra qui n’a rien à voir avec Jean-Luc Dehaene personnellement est depuis 6 ans échevin des sports et de la mobilité à Ypres. Et après un mandat, il raccroche. Dans son interview au magazine flamand, il dit le travail énorme effectué, il cite ses réalisations, mais bon, déclare l’échevin fatigué et déçu : « Les hommes politiques locaux se trouvent souvent placés dans une situation ou les gens font un grand drame de petits problèmes, quand on les regarde avec un peu de distance. » Et ce fils d’échevin, qui aurait donc dû savoir ce qui l’attendait, arrête la politique : « Je n’ai pas le sentiment d’être valorisé politiquement ». Noël Slangen, ex-conseiller de Guy Verhofstadt redevenu consultant indépendant, n’est pas plus tendre pour le champ de bataille politique, vu du point de vue des élus cette fois : « durant les deux ans ou j’ai été actif en politique, j’ai fait cette expérience : les gens qui font de la politique ont une partie de leur cerveau qui est hors circuit. L’électeur devient une obsession pour laquelle on est prêt à faire des choses folles. » Ces choses folles et ces cerveaux politiques qui sont en partie hors circuit, c’est pourtant tout ce qui passionne deux « vieux paletots qui aiment bien donner leur avis », comme se décrit Rik Van Cauwelaert, ex-rédac chef de Knack aujourd’hui chroniqueur au Tijd dans son duo avec Walter Zinzen ex-journaliste de la VRT. Tous les soirs, en tout dernier programme de Canvas, la VRT sert « Van Cauwelaert et Zinzen bij Ivan », et c’est délicieux. Imaginez : vous avez suivi l’actualité du jour – comme par exemple à la radio la prise de becs entre les deux « Premiers ministres » Elio Di Rupo et Charles Michel à la Chambre, vous avez regardé les émissions « spécial élections » – en l’occurrence ici le programme de Phara de Aguirre qui fait débattre des invités sur des sujets différents chaque jour –, et vous avez droit soudain dans votre divan à 25 minutes de commentaires, drôles, subjectifs, et sans retenue de deux journalistes qui ont tout vu, tout connu de la politique belge. Mardi soir, c’est Philippe Close le bourgmestre de Bruxelles qui était passé à leur scanner, après sa prestation chez Phara. « C’est le premier bourgmestre de Bruxelles depuis Charles Buls au 19e siècle qui parle si bien le néerlandais. » proclame Van Cauwelaert qui estime que ce nouveau bourgmestre, pourtant homme d’appareil et des asbl, apporte une respiration dans la politique locale bruxelloise : « Les Bruxellois sont des gens très spéciaux qui choisissent souvent des gens étranges comme bourgmestre ». Et cela nous donne droit à une séance d’archives où l’on voit Michel Demaret, ex-Mayeur d’anthologie de Bruxelles, s’exclamer en rue avec son accent bruxellois : « Regarde ce qu’ont foutu les Ecolos. C’est quand même des imbéciles, les voitures ne savent plus parquer que d’un côté. Faut vraiment être fou. » La séquence s’arrête et Walter Zinzen rappelle qu’un autre bourgmestre à particule et au langage plus châtié, le libéral De Donnea, était aussi un « Mr 100 % automobile ». Dans cette version revisitée des Papys du « Muppet show », les deux journalistes n’en reviennent pas d’entendre Close, bourgmestre de Bruxelles dire que le combat entre Flamands et francophones à Bruxelles remonte au 20e siècle et qu’aujourd’hui Bruxelles est une ville cosmopolite où les Flamands doivent avoir leur place. Ils n’en reviennent pas plus quand le même bourgmestre se prononce pour plus de compétences données à la Région, notamment en mobilité. « Bravo », clament les deux commentateurs. Un soir plus tôt, les deux hommes réglaient son compte à Bart de Wever, sérieusement attaqué sur le même plateau de Phara quelques heures plus tôt par ses opposants comme ses partenaires de coalition à Anvers, donnant l’image d’un homme sur la défensive et très tendu. « Il ne le doit qu’à lui-même », commente Rik Van Cauwelaert. « Un homme politique peut se montrer cassant mais jusqu’à un certain niveau. À un moment, ça va trop loin. « Même Kris Peeters souligne Walter Zinzen, est incapable de donner un signe d’amour à De Wever, son partenaire pourtant dans la coalition anversoise ». Et revoilà pour ceux qui l’ont manqué, le moment très drôle où Phara de Aguirre provoque Peeters : « Vous n’arrivez même pas à dire à Bart De Wever qu’il a bien travaillé pendant 6 ans ? Même pas un petit signe d’amour ? » De Wever s’en mêle : « Allez Kris, un petit signe d’amour, pour la première fois. » Qui ne viendra pas… De Morgen qui publiait ce week-end une longue double interview des deux « vieux paletots » remarquait avec tendresse et ironie : « La révélation de cette campagne semble être deux séniors dans un studio miteux, sur Canvas, juste avant minuit. (…) La seule chose qui manque à ce programme, c’est un verre de cognac pour les deux invités ». « Nous pensions que seulement nos femmes allaient nous regarder », répliquent les deux nouvelles « stars », dont la prestation soudain, est devenue, un moment culte. La recette du succès ? « La liberté d’expression qui nous est donnée », réplique Walter Zinzen. Voilà une réponse qui nous plaît… Van Cauwelaert & Zinzen bij Ivan (De Vadder) peut aussi être revu sur Itunes.

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