La Suisse subit une sérieuse cure de jouvence

Si la sélection suisse (8e au ranking FIFA) a l’art de se prendre les pieds dans le tapis durant les grands événements (élimination en huitièmes de finale de la Coupe du monde 2018 des œuvres de la Suède, après avoir été boutée hors de l’Euro 2016 -au même stade de la compétition- par la Pologne), elle s’est surtout dotée, à la sortie d’un été pourri par l’affaire des binationaux, d’une raison valable pour revoir en profondeur son effectif. 1 Les trentenaires ne sont clairement plus les bienvenus en sélection Vladimir Petkovic, en place depuis 2014, a été prolongé dans ses fonctions de sélectionneur après le Mondial russe et s’est mis en tête d’opérer un rajeunissement des cadres : les trentenaires comme Valon Behrami, Gelson Fernandes, Blerim Dzemaili et Josip Drmic ont été contraints d’effectuer un sérieux pas de côté, alors que le capitaine Stephan Lichtsteiner semble avoir emprunté le même chemin de disparition. Le coach de la Nati ne l’a pas convoqué pour ce double rendez-vous de Nations League face à la Belgique et l’Islande, « en accord avec lui ». Le renouvellement des troupes se poursuit donc, avec sept joueurs (sur vingt-trois) qui comptabilisent moins de cinq sélections. « Il est temps de voir ce que la relève peut nous apporter », affirme Vladimir Petkovic, dont l’idée de métamorphose passe également par une variation du schéma tactique. En septembre, contre l’Angleterre (défaite 1-0), le Bosnien d’origine a testé pour la toute première fois un système en 3-5-2, et s’en est satisfait. « C’est à nous désormais de trouver le bon mélange en fonction des besoins et des événements. » 2 Une délégation « allemande » pour une seule véritable star : Shaqiri Un tiers du noyau suisse évolue actuellement en Bundesliga mais les principaux acteurs de la Nati se produisent en Angleterre. Granit Xhaka, le solide médian d’Arsenal a (re)pris possession du brassard en l’absence de Stephan Lichtsteiner, également actif chez les Gunners, tandis que Xherdan Shaqiri a rejoint Liverpool lors du dernier mercato estival. L’attaquant, qui a fêté ses 27 ans mercredi, est l’actuel meilleur buteur de son équipe nationale (22 goals et 19 assists en 75 matches) et savoure une reconnaissance qui ne cesse de croître. « Je n’ai jamais été aussi fort, j’en suis convaincu », explique le Kosovar d’origine. « Si j’avais souhaité rester dans mon confort, je n’aurais pas opté pour les Reds, j’avais d’autres possibilités. Sauf que j’ai effectué le bon choix, je me sens très bien et en confiance. » Replacé dans l’axe du jeu, juste derrière Haris Seferovic, le « Messi suisse » profite d’une liberté d’action qui tend à optimaliser son rendement, il n’est jamais aussi décisif que lorsqu’il laisse son instinct le guider. « Je raffole de ça, je peux dézoner quand ça me chante ou même prendre la profondeur. » Spectaculaire dans ses dribbles, remarquable tireur de coup franc, Xherdan Shaqiri risque par contre de payer l’absence de Breel Embolo, l’habituel ailier droit, en étant décalé sur un flanc ce vendredi soir contre les Diables rouges. 3 La tempête des binationaux a cessé de souffler, mais… La Nati semble être revenue de l’avalanche de critiques qui s’est abattue sur elle après l’élimination à la Coupe du monde 2018. Les binationaux (ils étaient 15 sur les 23 sélectionnés !), qui ont permis à l’équipe de progresser et d’atteindre les huitièmes de finale du Mondial, ont constaté que cet enrichissement pouvait vite être remis en cause. L’Association suisse de football (ASF) a suscité le débat (et la polémique) en émettant l’idée d’ouvrir les portes du programme de formation « seulement aux jeunes joueurs qui renoncent à leur double nationalité ». Une déclaration faite suite à une célébration de but de Granit Xhaka, de Stephan Lichtsteiner et de Xherdan Shaqiri (ils avaient dessiné l’aigle bicéphale avec leurs mains) lors du duel avec la Serbie. Sanctionnés financièrement par la FIFA, les trois footballeurs ont rapidement fait leur mea culpa dans la presse. Le secrétaire général de l’ASF, lui, a exprimé des remords concernant une « mauvaise communication » et a certifié qu’il ne souhaitait pas remettre en cause le multiculturalisme du pays. De quoi apaiser les tensions. Mais jusqu’à quand ?

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