Ottignies-LLN: La poignée de main avant le duel

Avant le duel, une poignée de main dans le parc de la Source. C’est déjà un bon signe à trois jours des élections. Rien n’indique cependant qu’on se dirige vers un quelconque accord de majorité. Que du contraire. Cinq questions les attendent cependant, afin de mieux cerner les enjeux de l’élection communale de ce 14 octobre à Ottignies-Louvain-la-Neuve. Entretien avec Hadelin de Beer de Laer, 57 ans, dernier de la liste Écolo, 452 voix en 2012, et Cédric Jacquet, 39 ans, avant-dernier sur la liste OLLN 2.0 (MR), 588 voix il y a six ans. Dix-huit ans, qu’est-ce que cela vous inspire ? Hadelin de Beer Quand on occupe le pouvoir depuis longtemps, c’est difficile de partager. Je vois cela chez mes collègues de Wavre où c’est encore plus long. Comme je peux comprendre que dix-huit dans l’opposition pour le MR à Ottignies, c’est long. Qu’on s’explique cependant. Jean-Luc Roland, notre bourgmestre sortant, a vite constaté qu’il fallait du temps pour faire avancer des dossiers. Il a donc demandé à avoir un deuxième mandat. Mais Écolo, c’est deux mandats et pas plus, sauf si on est confirmé de l’extérieur. L’idée, c’est de ne pas créer des baronnies, mais de faire évoluer un projet. C’est ce qu’il a obtenu avec un troisième mandat. Cédric Jacquet Dix-huit ans, c’est long, surtout quand on est le premier parti de l’entité, avec 34,01 %. Il y a clairement un déficit démocratique qui s’est installé avec, chaque fois, un accord préélectoral qui a été annoncé et qui fausse le jeu. Et s’il est vrai qu’il faut du temps pour des dossiers, je constate cependant que la coulée verte le long de la Dyle que vous aviez annoncée en 2006 n’a avancé que de quarante mètres ! C’est un échec. Je pense aussi au Schéma de structure communal. Il vous a fallu douze ans pour y arriver et ce n’était qu’une révision. Parce que sinon… Ottignies ou Louvain-la-Neuve, votre choix ? H.dB. Votre question m’ennuie, c’est la ville, c’est Ottignies-Louvain-la-Neuve. Mais c’est vrai que, depuis que je suis étudiant, j’ai choisi de vivre à La Baraque, à Louvain-la-Neuve, j’y ai construit ma maison. Mais je suis conscient que Louvain-la-Neuve seule, avec ses 10.000 habitants, ne pourrait pas vivre. On ne pourrait payer qu’un seul chef de service aux Travaux par exemple. Dans le futur, on devra même dialoguer avec Wavre, Rixensart, Mont-Saint-Guibert ou Court-Saint-Étienne pour partager des moyens et faire avancer les dossiers. C.J. J’ai partagé ma vie entre ces deux parties de l’entité. J’ai connu le béton de Louvain-la-Neuve, le bruit des étudiants. Aujourd’hui, je suis installé aux Vieux Bruyères, sur Ottignies, mais orienté vers le campus. C’est plus aéré, plus vert, mais Ottignies sans la ville universitaire ne pourrait pas exister financièrement. Et même ainsi, on ne pourra pas faire l’économie d’ici quinze à vingt ans d’une autre fusion. Cela nous permettra d’avoir une vision commune sur un plus large territoire, ne fût-ce qu’en termes de mobilité. A pied ou en voiture ? C.J. Vous avouerez que sur Ottignies, c’est compliqué si on n’a pas de voiture. Je ne voudrais pas remonter vers Céroux avec mes courses en main. Par contre, ce que nous prônons, c’est la mise en place d’une navette interquartiers. C’est une question de choix budgétaire. À mon avis, elle aura surtout un rôle social, celui de permettre aux gens de sortir de chez eux. Et puis, dans un futur pas si lointain, avec les voitures électriques autonomes, il suffira de prendre son smartphone pour qu’un véhicule vienne vous prendre. On pourra ainsi assurer un vrai covoiturage. H.dB. J’ai fait le calcul pour la navette de Waterloo. Pour compenser l’usage des voitures individuelles, il faudrait 30 personnes dans chaque bus. Mais il n’y a que 25 places… Et on ne parle même pas des soirées. C’est impayable ! Moi, j’ai abandonné ma voiture en 2006, mais j’en ai plein à louer sur Louvain-la-Neuve. Cela m’est revenu à 12.000 euros, soit le prix d’une voiture, mais sans les taxes et le carburant ! Le changement de mentalité va venir peu à peu. Prenons le quartier de Fribourg, en Allemagne. L’espace réservé au parking y est resté un espace vert… 30.283 habitants au premier janvier 2018. Et moi, et moi, et moi ? C.J. Nous avons toujours dit qu’il fallait d’abord densifier les centres urbains pour permettre aux villages de garder leur caractère paisible et agréable. Mais comment va-t-on faire dans le centre d’Ottignies, avec tous les projets programmés entre la gare et Court-Saint-Étienne ? Il faudra imposer des solutions de mobilité avant d’autoriser les permis. Et le plus important à mes yeux, c’est de garder une structure végétale. Des lieux pour respirer, ce qui manque complètement à Louvain-la-Neuve ou sur la place du Centre, à Ottignies. H.dB. Tout à fait d’accord, mais il faudra être clair avec ceux qui sont venus s’installer dans notre commune et qui ne veulent pas que d’autres puissent en faire de même. Quand vous achetez un terrain à bâtir, c’est pour le bâtir ! Mais chacun devra respecter les conditions émises dans les plans particuliers d’aménagement. Ce sera un véritable défi. Une question à poser à l’autre ? H.dB. Au conseil communal, 90 % des points ont été votés à l’unanimité. Mais on a l’impression que chez vous, il n’y a pas d’effet de groupe. Quand un de vos conseillers a traité le bourgmestre de menteur, personne ne s’est excusé. Cela nous est allé très loin. C.J. Notre conseiller s’est excusé publiquement au conseil suivant. Pour le reste, on est un groupe assez fort. Avec, sans doute, l’opposition la plus importante des conseils communaux du Brabant wallon. Notre mission, c’est de donner force au débat démocratique. On ne peut pas nous le reprocher. Mais parfois, après dix-huit ans, l’engagement s’en ressent… H.dB. Votre conseiller a ajouté qu’il attendait la preuve contraire de ce qu’il affirmait. Mais je peux comprendre. Il va falloir de toute façon que l’on trouve une autre manière de travailler, en impliquant mieux l’opposition dans nos travaux. C.J. J’embraie. Est-ce que vous n’avez pas l’impression que la Ville serait mieux représentée si les plus gros partis pouvaient s’unir ? H.dB. C’est vrai qu’en 2012, vous représentiez 34,01 % contre 30,82 % pour Écolo, mais cela ne représente jamais que 34,01 %. Cela ne veut rien dire d’autres. Entre nous, il y a tout de même des différences d’approche. Les visites domiciliaires, chez Écolo, cela ne passe pas du tout. Je pense pouvoir dire, quitte à perdre quelques voix, qu’on aurait pu s’entendre si vous aviez fait un geste pour voter la motion. C.J. Il y a aussi beaucoup de libéraux qui accueillent des réfugiés chez eux. Voyez Jodoigne, c’est à la demande de la commune que le centre Fedasil s’est installé. Et je ne suis pas d’accord quand on renvoie des personnes installées chez nous depuis quatre ou cinq ans. Ce n’est pas normal. Mais vous avez diabolisé une mesure qui n’est que la continuation d’une loi – initiée par les socialistes et qui a été votée à l’unanimité, donc aussi par Écolo – pour ce qui concerne cette fois les demandeurs d’asile en fin de recours.

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