À Anderlecht, Marc Coucke a rapidement réagi
À Anderlecht, on se remet petit à petit du séisme qui a secoué le football belge le 10 octobre dès l’aube. « On s’est demandé ce qui nous tombait sur la tête quand tout s’est déclenché le mercredi matin », nous dit-on à Neerpede. Des questions renforcées par l’apparition rapide du nom d’Herman Van Holsbeeck dans le dossier. Toutefois, les Bruxellois n’ont pas eu le temps de trop réfléchir que les enquêteurs débarquaient. « En plus des perquisitions, les jeunes qui arrivaient à Neerpede pour s’entraîner ont été contrôlés, notamment pour vérifier leur permis de séjour. Mais personne ne joue à Anderlecht sans être en ordre à ce niveau », nous dit-on par ailleurs.
Tandis que la police quittait les lieux, le centre d’entraînement du RSCA restait pris d’assaut, comme en témoigne David Steegen : « La pression médiatique était énorme ce jour-là. Quand je suis arrivé et alors qu’on m’avait à peine dit ce qui se tramait, les journalistes présents m’ont assailli de questions. Je suis par contre étonné de la vitesse avec laquelle les choses se sont apaisées. »
Car bien que Hein Vanhaezebrouck figure dans le portefeuille de Mogi Bayat, « comme énormément de personnes », a déclaré le T1 ce vendredi, le retour à la normale a été rapide, notamment sur le terrain d’entraînement. « Dans un premier temps, tout le monde a été surpris, mais il a fallu se reconcentrer sur ce que nous avions à faire, jouer au foot. Les joueurs plus concernés sont peut-être un peu plus préoccupés, mais on doit désormais attendre le jugement et se montrer mature. C’est à la justice de faire son travail », poursuivait HVH.
Dans l’entourage de plusieurs joueurs du noyau anderlechtois, on nous confirme également que le foot est très rapidement revenu au premier plan. Dans les bureaux toutefois, il a fallu répondre aux agents qui s’inquiétaient, parfois depuis d’autres contrées. « J’ai appelé Luc Devroe pour comprendre ce qu’il se passait », nous dit l’agent d’un joueur, qui habite à l’étranger. « Mais j’ai été rapidement rassuré… »
La direction, elle, n’a pas chômé. Après avoir pris le temps de l’analyse, le président Marc Coucke faisait une sortie, deux jours plus tard, à la VRT. En tant que président de la Pro League, il tâtait le terrain et prenait le pouls des différents membres du CA. Mercredi, il sortait du bois avec des propositions claires pour réformer le milieu. Une manière de s’inscrire comme rénovateur. Malgré tout, le sentiment des dirigeants restait mitigé : entre satisfaction et soulagement de voir les pratiques du passé cesser, et crainte d’être éclaboussé d’une manière ou d’une autre par une affaire dont les événements sont antérieurs à l’arrivée du nouveau propriétaire.
Au Standard, on a suivi les événements de très loin
Le « Footbelgate » n’a pas provoqué, à Sclessin, la moindre onde de choc. Pas même lors de la perquisition du 10 octobre, qui, après deux heures, a permis aux enquêteurs de repartir avec une petite dizaine de contrats sous le bras, liés de près ou de loin à Mogi Bayat (Preud’homme, Oulare, Ndongala, Trebel, Arslanagic) et Vejan Veljkovic (Jankovic, Kosanovic, Mladenovic), les deux agents toujours sous les verrous. C’est davantage le lendemain matin ; jeudi, que le thermomètre est monté de quelques degrés, lorsqu’une « information » arrivée en ligne droite du Nord du pays, a fait état de l’arrestation du président Bruno Venanzi, qui était présent à ce moment-là… à son bureau, au cœur de la tribune 2 de Sclessin. Une « fake news » très vite maîtrisée, à la faveur d’un communiqué envoyé à Belga par la cellule Communication du club liégeois et aussitôt relayé par l’agence de presse nationale. Dans la foulée, une rumeur a prétendu que Michel Preud’homme avait été aperçu au palais de Justice de Tongres, alors qu’il se trouvait à ce moment précis très loin de là, à Bordeaux, où, profitant de la trêve internationale, il était reparti se ressourcer quelques jours en famille.
Le même jour, en début de soirée, c’est un autre communiqué que le Standard diffusait sur son site, dans la foulée d’une conférence de presse du Parquet fédéral sur l’affaire en cours. Pour préciser que s’il avait bien collaboré avec Dejan Veljkovic par le passé, « cela s’est toujours déroulé en parfaite transparence, tant vis-à-vis des instances sportives que vis-à-vis des différentes autorités publiques
». Et d’insister sur le fait que « l’ensemble des documents y afférents ont tous fait l’objet d’une fiche fiscale 281.50 et 325 » et que « ceux-ci ont été systématiquement déclarés, tant auprès de ses auditeurs que de la Commission des Licences. Le Standard n’aurait donc pas pu travailler de manière plus transparente ».
Le « Footbelgate » n’a donc en rien modifié l’agenda du club liégeois, comme le confirme la présence d’Olivier Renard, responsable du recrutement, le week-end dernier à Bucarest où il a assisté au match entre la Roumanie et la Serbie, pas davantage que le quotidien d’une équipe qui s’apprête à nouveau à disputer 7 matches en 22 jours. « Cette affaire n’a rien perturbé du tout », lâche Michel Preud’homme, de façon très laconique.Sans ne penser à rien d’autre qu’à confirmer les excellentes dispositions affichées juste avant la trêve face au FC Bruges et de conforter sa place dans le top 6. Très loin donc des préoccupations judiciaires…
À Charleroi, la dimension humaine prend le dessus
Alors que d’aucuns ont d’emblée trouvé étrange qu’aucune perquisition n’ait été menée dans les travées du Mambourg, où l’amalgame entre les fonctions de Mehdi au club et ses liens familiaux avec Mogi n’a pas traîné à resurgir, la sérénité n’a pas quitté le Sporting ces dix derniers jours. Ou du moins sur le plan de l’enquête proprement dite, les dirigeants estimant n’avoir rien à se reprocher dans cette affaire, comme en témoigne l’absence de descente policière dans les bureaux du club.
« À aucun moment, je n’ai craint quoi que ce soit », affirme Pierre-Yves Hendrickx, le directeur administratif du club. Même son de cloche du côté de Felice Mazzù : « Mercredi dernier, j’ai entendu à la radio que des perquisitions étaient menées depuis 6h à différents endroits en Belgique. Je suis arrivé au stade vers 7h30 et j’ai de suite été rassuré en voyant que tout allait bien. »
En fait, c’est la dimension humaine qui affecte davantage les membres du club. « J’attends que tout le club, tous les joueurs et tous ceux qui vivent profondément pour le club de Charleroi soient conscients que Mehdi et sa famille traversent des moments très difficiles et qu’on doit absolument tout faire pour donner du baume au cœur à la famille Bayat. On doit montrer qu’on est heureux d’être ici et qu’on a envie de rendre, sur ce match, tout ce que Mehdi a déjà fait pour ce club. On est tous touché par l’histoire. Ça dépasse le plan professionnel, ça touche le plan humain. La chose la plus importante dans la vie, c’est la famille. »
Jusqu’ici, la principale conséquence du « Footbelgate » sur le Sporting demeure donc les quelques absences de l’administrateur-délégué lors des visites de ce dernier à son frère. « Et on ne ressort jamais indemne d’une visite en prison », affirme Pierre-Yves Hendrickx. « C’est compliqué de savoir ce que Mehdi vit et de ne pas savoir l’aider. On essaye de le faire professionnellement, mais il doit gérer d’autres choses. On essaye de le rassurer au maximum. »
Pour le reste, les joueurs n’ont, de leur côté, jamais vraiment été impactés par l’affaire. « Le groupe est resté très serein par rapport à la situation. » Seuls les joueurs dont les intérêts sont défendus par Mogi Bayat évoquent encore l’avancement de l’enquête. « Ils sont forcément plus demandeurs de nouvelles
», confirme Pierre-Yves Hendrickx.
À Mouscron, on est attentif au sort de Waasland/Beveren
Au Canonnier, la sérénité reste de mise depuis l’éclatement du « Footbelgate ». Même si la nervosité est néanmoins montée d’un cran l’espace d’un instant dans les bureaux de la direction, le 10 octobre, date à laquelle les premières têtes sont tombées. Et pour cause, un quotidien néerlandophone avait déclaré sur son site internet que Paul Allaerts était entendu par les enquêteurs à Hasselt… Or, le directeur général n’a jamais été interpellé et vaquait à ses occupations quotidiennes.
Le club hurlu a clairement été victime de son image lors des premières heures du séisme. La veille de la première communication officielle du Parquet, de nombreux observateurs avaient pointé le match disputé entre Eupen et Mouscron, lors de la dernière phase classique, comme la rencontre potentiellement arrangée. Que nenni ! À la grande stupéfaction, c’est le déroulement du match entre Malines et Waasland/Beveren qui ne s’est pas fait dans les règles de l’art, tout comme Antwerp-Eupen, une rencontre qui aurait pu être faussée par Bart Vertenten, pour faciliter le maintien de Malines.
Un sauvetage « arrangé » qui n’a finalement pas pu se réaliser, suite à la déroute de l’Excel subie au Kehrweg, qui a amené son lot de rancœurs depuis. Et malgré les lourds soupçons qui pèsent sur les différents acteurs interpellés, certains observateurs s’offusquent encore de ne pas voir Mouscron être inquiété d’une façon ou d’une autre. La direction des Frontaliers aurait pu entreprendre des démarches juridiques pour diffamation, mais elle n’en a pas l’intention. À Mouscron, les coups ont souvent tendance à être encaissés.
Ceci dit, à Mouscron, on s’interroge désormais dans quelle mesure Waasland/Beveren aurait pu participer à la volonté frauduleuse de certains Malinois. « Quelles pourraient êtres les sanctions ?
», s’interroge Bernd Storck, l’entraîneur allemand, abasourdi par les affaires qui frappent le football belge. « Votre pays recense des joueurs fantastiques. Le football est une tradition en Belgique. Comment est-ce possible ? Un arbitre aurait pu participer à l’arrangement d’un match ? C’est une honte. Il ne faut cependant pas mettre tout le monde dans le même sac et repartir du bon pied. C’est important pour le football belge. »
En Flandre
À l’exception de Bruges et de Waasland-Beveren, qui s’affrontaient vendredi, cinq autres clubs flamands de D1A (Courtrai, Gand, Genk, Lokeren, Ostende) ont été perquisitionnés dans l’affaire du « Footbelgate ». Samedi et dimanche, la reprise s’effectuera dans un contexte particulier de suspicion. De questionnements, aussi, par rapport à certaines pratiques d’agents de joueurs, de dirigeants mais aussi d’arbitres.
« Chez nous », explique Cédric Berthelin, le préparateur des gardiens de Courtrai, « cela n’a pas changé grand-chose. Lorsque le club a été perquisitionné et, durant deux bonnes heures, la semaine passée, on n’avait pas encore conscience de ce qui se tramait. Cette affaire, on l’a vécue par procuration, via les médias. Mais comme aucun de nos joueurs ou membres du staff n’a quelque chose à se reprocher, on en a juste parlé entre nous, comme on le fait avec n’importe quel autre sujet d’actualité. J’imagine qu’à Malines ou à Bruges, l’ambiance doit être différente. Ce qui nous a surtout surpris, c’est que des arbitres aient pu être impliqués dans des affaires de matchs truqués. »
En effectuant un rapide tour d’horizons des autres clubs, le constat est le même, du moins officiellement. « Les joueurs se focalisent uniquement sur leur match du week-end », nous a-t-on expliqué tant à Genk qu’à Gand ou à Ostende.
Par contre, l’ambiance est différente du côté de Malines, qui évolue désormais en D1B et recevra le Beerschot, dimanche, et qui est soupçonné, entre autres, d’avoir arrangé des matches. Son président, Johan Timmermans, a, à son tour, été auditionné jeudi, et a répété avec conviction que son club n’avait rien fait de répréhensible. L’actionnaire principal Olivier Somers ainsi que le directeur financier Thierry Steemans sont pourtant toujours derrière les barreaux. Les supporters, eux, ont peur pour l’avenir de leur club…
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