Bon anniversaire, Salvatore!

Bon anniversaire, Salvatore ! Vous permettez, Monsieur, que je vous appelle Salvatore ? C’est que vous appartenez à notre famille depuis tant d’années. Il n’est même pas nécessaire de dire votre âge, tellement vous n’en avez pas, que dans votre tête vous êtes encore le gamin en culottes courtes de Jemappes et qu’à nos yeux, vous ne changez pas.

Ce mardi soir, à Bozar, vous avez respecté une tradition née le jour de vos 20 ans sur la scène de l’Ancienne Belgique. Un concert qui vous a servi de tremplin pour votre succès français. Depuis, tous les cinq ans, vous recevez et vous offrez le plus beau des cadeaux : une salle remplie de ce public qui vous suit sans discontinuer depuis plus d’un demi-siècle.

Les médias n’ont pas toujours suivi. Il y a eu, à certains moments des années 70 et 80, des désamours, un manque d’intérêt flagrant, surtout à Paris, qui vous a d’ailleurs poussé à aller voir ailleurs, sur la planète, sur les autres continents où vos chansons, chantées dans toutes les langues possibles et imaginables, trouvaient meilleur écho.

Ah, les modes… Ça n’a jamais été trop votre truc. Déjà au début des années 60, quand vous êtes arrivé avec vos valses et vos tangos, vos amourettes et votre humour un peu surréaliste, vous tranchiez avec les yé-yé et les rockeurs. Vous étiez décalé et c’est sans doute ça aussi qui vous a permis de percer. Au point de damer le pion aux plus gros vendeurs. Mieux encore : en 1966, vous êtes le deuxième meilleur vendeur de disques dans le monde… derrière les Beatles. En 1965, au Midem, vous recevez le Trophée du meilleur vendeur en France, devant Johnny Hallyday qui, du coup, lors de la fameuse photo de Salut les copains ! qui réunit toute la classe yé-yé, vous propose de prendre sa place en haut de l’échelle. Vous refusez, humble et modeste déjà à l’époque. Une amicale rivalité vous opposera jusqu’en 1968. Trois ans d’affilée, vous serez sur la première marche du podium des ventes. Quand on vous le rappelle, votre modestie (qui n’est pas légendaire dans le sens qu’elle est vraie), vous pousse à dire que le talent ne se juge pas à l’aune du succès. C’est bien vous, ça ! Combien de fois Nicole, que vous aimez depuis vos 16 ans et qui est toujours à vos côtés, indéfectible soutien, ne vous demande pas d’arrêter de placer des « en toute modestie » dans vos phrases.

Jamais vous n’avez arrêté d’écrire, de composer et de chanter, seule la maladie vous empêchant de vous produire sur scène. En 1993, un certain Arno, rockeur de son état et grand admirateur de vos chansons, reprend votre « Les filles du bord de mer », avant de devenir votre ami. Du coup, le regard des gens change et voit en vous l’éternel artisan refusant la médiocrité et la facilité, le militant des causes humanistes, l’artiste généreux qui peine à dire non au Télévie ou à Cap 48. Encore aujourd’hui, vous livrez la chanson « Migrant » que vous deviez chanter avec Maurane. Migrant, vous le fûtes à l’âge de 3 ans et demi, dans la Cité du Petit Paris (un signe !) à Ghlin.

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Homme de combat, artiste romantique, vous êtes toujours là, debout ! À la Saint-Valentin, tendre jardinier de l’amour (merci Jacques Brel pour hommage !), vous publiiez votre vingt-cinquième album, Si vous saviez… Après avoir mené le Bal des gens bien, vous avez récemment chanté à Taratata la « Chanson de Prévert » de l’ami Serge, avec la jeune Angèle, de la nouvelle génération qui vous aime et respecte tant. Merci d’encore nous faire rêver, Salvatore !

Après ce concert de ce 31/10 à Bozar, vous serez le 24/11 au Théâtre Royal de Mons, le 15/03 au Forum de Liège et le 28/03 au PBA de Charleroi. Infos : www.shadowtolive.be