«Vivre le temps présent, sans bousiller demain pour autant!»

L’atelier est invisible de la route, mais donne sur un beau jardin. L’endroit ouvre la perspective. C’est ce qui a dû inciter un jour deux indépendants à se lancer dans une nouvelle aventure en créant la marque SunShine au logo en forme de « § ». En espérant que la première marque belge de vêtements biologiques éthiques et personnalisables ne soit pas qu’un simple paragraphe de leur vie. Entretien avec Vincent Bortels, 38 ans, et Thomas Dekaise, 32 ans, deux jeunes de Maransart, en Brabant wallon. En aviez-vous assez de vos fripes ? Vincent Bortels Plutôt de ce métier que j’exerce depuis quinze ans et dans lequel je fais tout le contraire des valeurs qui m’animent au quotidien ! Je suis producteur d’enseignes publicitaires, ce qui implique l’utilisation de produits qui ne sont pas toujours recyclables. J’avais envie de voir comment on pouvait travailler autrement, pour limiter l’impact d’une production sur l’environnement, avec un modèle de commerce tourné vers un avenir plus humain. Thomas Dekaise C’était d’autant plus possible que, vu mon métier de graphiste de web designer, nous collaborions déjà pour la création de vêtements personnalisés pour divers secteurs industriels. Cela nous a amenés tout naturellement à faire des recherches dans le domaine du textile. En découvrant par exemple que 90 % de la production se fait en Asie, et pas toujours dans les conditions éthiques que nous souhaitions mettre en avant. Il nous a fallu un an pour nous lancer et lancer une collection en ligne. Pourquoi ce nom ? V. B. On voulait une marque à la connotation positive et à l’image solaire. Cela correspondait à notre état d’esprit. SunShine, c’est pour nous la lumière que nous recevons directement du soleil. L’occasion d’affirmer qu’il faut vivre le temps présent, sans bousiller demain pour autant ! Et la personnalisation ? T. D. C’est une manière de laisser le choix aux clients. On vient d’ailleurs de débuter une collaboration avec l’artiste belge Lucien Brunet, professeur aux Beaux-Arts à Wavre. Son slogan « We all start from the same place » par exemple (on vient tous du même endroit) entre dans notre volonté d’être positif. Bientôt, nous allons collaborer avec l’artiste Améthys Aguilar. Cela nous permettra de mieux nous orienter vers la clientèle féminine. Une production locale ? V. B. Le plus possible en tout cas. C’est sûr qu’on aimerait que la fabrication soit réalisée si pas en Belgique, du moins en Europe. On étudie des pistes. Mais une chose est sûre, c’est que le lettrage, l’emballage et l’envoi des colis sont réalisés par nos soins dans cet atelier. Pour l’instant, on s’y retrouve les lundis et jeudis afin de répondre aux demandes des clients. Et quelques soirs de plus quand les commandes affluent ! Il faut compter une heure de travail par vêtement. C’est vous dire qu’on n’en vit pas encore… Bientôt en magasin ? T. D. On n’en est pas encore là puisqu’on a commencé l’aventure le 21 juin, mais on y travaille. Avoir notre gamme dans des racks n’est pas pour tout de suite. Cela nécessiterait une plus grande production, des entrepôts, des livraisons… On verrait donc dans un premier temps la pose de bornes informatiques dans des magasins pour mieux faire connaître. Le spleen de l’entrepreneur ? V. B. et T. D. Nous sommes tous les deux indépendants dans l’âme. On pourrait vous dire que c’est compliqué, surtout que nous travaillons en association de fait et que cela nécessite une comptabilité particulière, mais cela ne fait pas partie de notre côté positif. On a un projet et on veut le porter le plus loin possible. Avec la chance d’avoir des compagnes et des enfants qui nous soutiennent et avec qui nous souhaitons garder une qualité de vie.

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