France: course contre la montre après l’effondrement de deux immeubles à Marseille (photos et vidéo)
La polémique enfle déjà sur la vétusté de ces logements.







Les recherches d’éventuelles victimes devraient se poursuivre toute la nuit à Marseille, sous les décombres de deux immeubles anciens du centre-ville dont l’effondrement lundi nourrit déjà une polémique sur l’habitat vétuste dans la cité phocéenne.
« Ce qui compte c’est qu’on trouve le moins de morts possible, mais nous pensons qu’il y en aura », a prévenu lundi le maire LR de Marseille, Jean-Claude Gaudin. Peu après l’effondrement des deux bâtiments mitoyens, vers 09h00, les sauveteurs avaient pris en charge deux blessés légers, des passants.
Les secours « travaillent d’arrache-pied pour savoir si des individus sont coincés » sous les décombres, dans des « poches de survie où ils auraient pu se réfugier », a ajouté, sur place, le ministre du Logement Julien Denormandie.
Pour cette « course contre la montre », comme l’a qualifiée le ministre, près de 100 marins-pompiers et 33 véhicules ont été déployés dans une rue commerçante du quartier populaire de Noailles, à deux pas du Vieux-Port et de la Canebière. Et les recherches pourraient durer plusieurs jours a averti sur place Julien Ruas, adjoint au maire de Marseille.
Sur l’amas de gravats blanchâtres qui obstrue la moitié de la voie, des marins-pompiers, casque de protection sur la tête, fouillent les décombres de ces deux bâtiments de quatre et cinq étages. Opération très délicate : vers 17h15, les pompiers ont fait tomber une partie d’un immeuble mitoyen, déjà très fragilisé, qui menaçait de s’effondrer sur les sauveteurs.
Par intermittence, des chiens inspectent les restes des immeubles effondrés, à la recherche d’une trace de vie. Un drone survole la zone pour une meilleure reconnaissance.
Plusieurs témoins ont confirmé à l’AFP la présence possible de personnes dans les bâtiments au moment de l’effondrement. « Il y avait cette dame comorienne. Comme tous les matins, elle avait accompagné ses deux enfants à l’école et elle est revenue peu de temps avant l’explosion. On l’a entendu crier », a assuré à l’AFP Nacer Sellani, gérant d’une boutique située en face.
Selon lui, deux autres hommes étaient dans l’immeuble au même moment, « venus voir un des locataires de l’immeuble ». Une caméra de surveillance a également filmé deux passants devant le bâtiment un instant avant l’effondrement.
Emmanuel Macron a fait part lundi de « l’affection et la solidarité de la Nation ». « Marseille a souffert et souffre encore. Je voulais dire l’affection et la solidarité de la Nation toute entière à l’endroit de nos compatriotes, pour cette ville, ces territoires, cette région », a déclaré le président de la République dans un discours prononcé à Pont-à-Mousson (Meurthe-et-Moselle).
« Les maisons des pauvres »
Une enquête a été confiée à la police judiciaire, qui doit déterminer l’origine de la catastrophe, dans ce quartier défavorisé du centre-ville qui compte de nombreux immeubles dégradés voire insalubres, certains aux mains de marchands de sommeil.
L’un des deux bâtiments, au 63 de la rue, était « fermé et muré », selon la mairie, qui l’avait racheté après avoir pris un arrêté de péril en 2008. Cependant, l’immeuble était « entièrement sécurisé », a martelé l’adjointe au maire chargée du logement, Arlette Fructus.
Dans l’autre immeuble, au 65, 9 appartements sur 12 étaient en revanche habités, selon les pompiers. En copropriété, il avait fait l’objet le 18 octobre « d’une expertise des services compétents qui avait donné lieu à la réalisation de travaux de confortement permettant la réintégration des occupants », selon la mairie.
Propriétaire d’un appartement au premier étage de cet immeuble, Alexis Bonetto a affirmé à l’AFP que « des travaux étaient prévus cette semaine » : « C’était un immeuble ancien, construit il y a 200 ans, mais pas insalubre. Il avait été remis aux normes ».
Le troisième immeuble effondré lundi après-midi, au 67 de la rue, avait été abandonné et muré depuis l’été 2012 par l’agence immobilière qui le possédait.
« Ce dramatique accident pourrait être dû aux fortes pluies qui se sont abattues sur Marseille ces derniers jours », selon une hypothèse avancée par la mairie.
Mais plusieurs représentants de l’opposition ont fait le lien avec l’ampleur du problème du logement indigne à Marseille, notamment dans le centre. « Derrière la carte postale idyllique on mesure une fois de trop les échecs de la politique de l’habitat et du centre-ville », a déclaré la sénatrice PS Samia Ghali.
« Ce sont les maisons des pauvres qui tombent, et ce n’est pas un hasard », a tonné le chef de file des Insoumis, et député de Marseille, Jean-Luc Mélenchon, regrettant « une drôle d’odeur de désinvolture et d’indifférence à la pauvreté ».
La mairie a engagé depuis 2011 un vaste plan de requalification du centre-ville, mais sans pouvoir véritablement remédier au problème. La cité phocéenne est particulièrement concernée : selon un rapport remis au gouvernement en 2015, le logement indigne menace la santé ou la sécurité de « quelque 100.000 habitants » de la ville.
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