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L’Italie isolée dans la zone euro sur son budget

Les ministres des finances de la zone euro se sont joints à la demande de la Commission européenne : l’Italie doit présenter un budget révisé qui respecte les règles communes.

Temps de lecture: 3 min

L’Italie s’est retrouvée isolée, lundi soir, autour de la table des ministres des finances de la zone euro. Tous ses pairs se sont entendus pour lui demander de présenter un budget révisé et cette fois-ci dans les clous des règles budgétaires européennes.

« Nous sommes d’accord avec l’évaluation de la Commission européenne », ont déclaré les ministres dans une déclaration commune à l’issue de leur réunion mensuelle. L’institution européenne estime qu’avec un déficit public de 2,4 % pour 2019, le pays vit très largement au-dessus de ses moyens et met sa dette publique en péril. Une première, elle a renvoyé sa copie au gouvernement italien, lui demandant de la revoir.

Le hic, c’est que le ministre italien, Giovanni Tria n’a pas fait la promesse de revoir son budget lundi. En quittant la réunion des grands argentiers de l’eurozone, il a dit espérer que les spreads (écart entre le taux de financement de l’Italie et celui de référence, allemand, qui reflète généralement la confiance ou la méfiance des marchés) « vont diminuer une fois que notre stratégie sera mieux comprise, quand nous aurons mieux expliqué nos chiffres et peut-être après le dialogue avec la Commission ».

Le gouvernement italien estime que la croissance du pays sera de 1,5 % en 2019, une projection plus optimiste que la Commission, qui mise sur un chiffre de 1,1 %.

Selon une source proche des discussions, le ministre italien a plutôt demandé en réunion une déviation des règles en 2019, promettant de revenir à une trajectoire dans les clous vers 2022.

« La balle dans le camp italien »

Si un pays « dit que les règles ne l’intéressent pas, il doit y avoir des conséquences. C’est simple et clair », a tweeté le ministre slovaque des Finances, Peter Kazimir.

« Notre état d’esprit est celui du dialogue », a de son côté expliqué le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici. Mais « nous ne sommes pas une négociation. Les règles sont les règles », a-t-il ajouté.

« L’Italie agit ouvertement contre les règles. (…) Au final, cela pourrait ralentir encore plus son économie », a aussi souligné le vice-président de la Commission européenne, Valdis Dombrovskis.

« Nous savons que les Italiens préparent une réponse », au rejet de la Commission, a expliqué Mario Centeno, le président de l’Eurogroupe (instance où se réunissent les ministres des Finances de la zone euro). Nous voulons et nous nous attendons à ce que les Italiens s’assurent que leur projet de budget respectent les règles », a-t-il ajouté en conférence de presse.

Renforcé par le soutien des pays membres alors que certains membres du gouvernement italien dénonce l’injonction de la « bureaucratie bruxelloise  », le commissaire Moscovici a comparé les règles budgétaires de la zone euro à « un règlement de co-propriété » pour lequel le « syndic’ » peut intervenir. « Personne ne veut s’attaquer à un mur porteur », a-t-il continué dans la métaphore, pour souligner que la zone euro est interdépendante et que le respect des règles communes par tous sont là pour garantir la stabilité de l’ensemble.

« La balle est maintenant dans le camp italien (…). La qualité de la réponse (des Italiens) aura un grand impact sur ce qui va se passer après cela (…) Nous ne sommes pas dans l’esprit des punitions ou des sanctions », a-t-il conclu.

 

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2 Commentaires

  • Posté par Lange Vincent, samedi 10 novembre 2018, 7:47

    la dernière phrase résume le problème. L'UE est incapable de sanctionner. Ici sortie de l'euro obligatoire. de plus en plus de dirigeants s'en rendent compte et vont en profiter. Meme notre Raoul national suit cela de près pour sa campagne de 2019

  • Posté par Deckers Björn, mardi 6 novembre 2018, 16:14

    D'un côté, il n'y a aucune raison de céder aux règles budgétaires communes dès lors que des populistes prennent le pouvoir, et d'un autre côté, le refus européen sera à nouveau enregistré à son débit et en faveur des euroseptiques locaux qui feront le choux gras de cette rebufade européenne. J'ajoute que nous avons connu ici en Région Wallonne le diktat de la communauté européenne dans l'affaire du CETA et qu'il est plus que lamentable de voir l'UE traiter aussi durement les pays volontaires qui ose dire non à un traité de commerce UE-autres parties, ou les pays qui ose braver la doctrine budgétaire par ailleurs largement discutée, et en même temps, faire preuve d'un laxisme total par rapport aux pays qui taillent lois après lois dans l'Etat de droit, dans la rigueur d'une justice indépendante, dans la liberté d'expression et de la presse. Alors c'est cela l'UE? Une dictature du libre marché? En tous cas, ça y ressemble furieusement. Et au-delà de ça, à quand une vrai union économique avec des règles fiscales et sociales communes harmonisées, qui s'imposent à tous (là aussi c'est la fête au laxisme!), une Union monétaire exclusivement monétaire n'est rien d'autres qu'un diktat ou en fin de compte tous les travailleurs de tous les pays de l'UE sont perdants. Oui, la période rappelle les années 30, et la responsabilités des eurocrates dans cette affaire est ECRASANTE!!!

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