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Logements neufs contre véhicules d’occasion

Le quartier Heyvaert, à Bruxelles, est connu jusqu’en Afrique pour son commerce de véhicules d’occasion. Une activité qui bat de l’aile. L’avenir va transformer son visage de manière drastique.

Journaliste en charge du Soir Immo Temps de lecture: 4 min

Il existe dans la zone du canal une zone connue pour son commerce de véhicules d’occasion : le quartier Heyvaert. La présence massive de concessionnaires, mais aussi de garagistes, de vendeurs de pièces détachées et même de restaurateurs et hôteliers qui ont pris place au cœur d’anciens sites industriels est là pour en attester.

Le problème est que ce commerce qui génère un fameux chiffre d’affaires cause depuis des années pas mal de désagréments aux habitants, notamment parce que beaucoup de véhicules sont destinés au marché étranger, l’Afrique notamment, et qu’ils sont transportés par camion « porte-huit » jusqu’au port d’Anvers.

A terme, ce commerce semble condamné à être délocalisé. L’acheminement des voitures par voie d’eau au départ du Port de Bruxelles étant abandonné (lire par ailleurs), reste à voir ce qu’il va advenir de ce quartier sur lequel la Région de Bruxelles-Capitale nourrit de grandes ambitions. Une chose est sûre : son potentiel est énorme, particulièrement en termes de logements, équipements et autres espaces verts. « La décision du Port ne change rien à l’ambition de la Région, confirme d’ailleurs Tom Sanders, le directeur du département Stratégie Territoriale au sein de perspective.brussels, le centre régional en charge du développement territorial de la capitale. Heyvaert va évoluer inéluctablement vers un quartier mixte, plus convivial, offrant une meilleure qualité de vie. »

Le 14 décembre 2017, le gouvernement bruxellois a approuvé le cinquième et dernier Contrat de rénovation urbaine : le CRU « Heyvaert-Poincaré » qui couvre la zone du boulevard Poincaré, du canal et du quartier Heyvaert, à cheval sur les communes d’Anderlecht, de Molenbeek et de la Ville de Bruxelles.

Les CRU comprennent une série d’opérations de revitalisations urbaines qui sont portées par des opérateurs régionaux ou communaux sur des territoires inclus dans la ZRU (zone de revitalisation urbaine) qui dépassent les limites communales.

Pour y arriver, il faut un outil : le PAD (Plan d’aménagement directeur). Les PAD sont aménagés par perspective.brussels. « Nous sommes sur le point de finaliser un projet de plan qui sera présenté et discuté avec le ministre-président de la Région (NDLR : Rudi Vervoort) d’ici à la fin de l’année, confirme Tom Sanders. Le but est de proposer du “win-win” aux concessionnaires de voitures dont beaucoup sont propriétaires de leurs parcelles. Nous avons déjà discuté avec eux, ils sont conscients que leur activité est appelée à connaître une évolution majeure. Si l’on veut être très optimiste, je dirais que le PAD Heyvaert pourrait entrer en vigueur fin 2019. »

De là à voir à l’avenir des concessionnaires troquer leurs voitures d’occasion contre des logements neufs, il n’y a qu’un pas… que franchit allègrement Tom Sanders. « Il est, en effet, possible de voir plusieurs concessionnaires devenir propriétaires de logements mais attention à la spéculation, dit-il à ce sujet. Nous sommes en présence d’un tissu urbain plutôt dense et il n’est pas question par exemple d’y construire des tours de logements. Le mot d’ordre est et restera : “mixité”. On aura du logement mais aussi des activités productives et économiques, des équipements, des espaces verts… »

Sur ce dernier point, on sait qu’un projet très concret est en voie de concrétisation : le parc de la Sennette. L’objectif est de recréer sur son ancien lit la Petite Senne et d’en faire un nouvel espace vert linéaire qui s’étendra de la Porte de Ninove jusqu’aux Abattoirs d’Anderlecht. Au total, un axe de pas moins de 755 mètres de long s’apprête à présenter un nouveau visage dans les années à venir. Une sorte de « poumon vert » destiné à redonner au quartier le bol d’oxygène dont il a grand besoin. « C’est parti de la réflexion selon laquelle le quartier manque cruellement d’espaces publics, explique-t-on chez perspective.brussels. La promenade sera entraînera éventuellement des expropriations mais n’oublions pas qu’elle a déjà été approuvée dans le cadre du Contrat de rénovation urbaine et que l’enquête publique a déjà été réalisée. »

Les projets immobiliers ne vont évidemment pas manquer. Ils s’attelleront à la création ou à la rénovation de logements. A ce sujet, on sait que 130 logements seront développés en partenariat avec différents porteurs de logements régionaux. Enfin, last but not least, la transformation du quartier passera aussi par le réaménagement complet du carrefour Porte d’Anderlecht.

On le voit, les changements au quartier Heyvaert ne vont pas manquer…

 

Citydev aux premières loges

Journaliste en charge du Soir Immo Temps de lecture: 3 min

Compas, Nautica, Ropsy Chaudron, Nanson, Facar : cinq noms pour cinq projets. Le moins que l’on puisse écrire est que citydev.brussels ne chôme pas et s’implique à fond dans le nouveau quartier Heyvaert. « Des quartiers comme celui-là, on n’en trouve plus à Bruxelles, confesse à ce sujet Benjamin Cadranel, le patron de l’opérateur régional en charge de projets alliant logements, activités économiques, commerces, espaces publics, équipements collectifs et de tout ce qui peut remailler ou redynamiser une ville ou un quartier. C’est un quartier avec une population existante et une activité économique qui, même si elle est en déclin et même si elle pose des problèmes de qualité de vie à cause des nuisances causées aux habitants, est bien réelle. »

Le coup de fouet que la Ville veut redonner au quartier ne date pas d’hier. Aujourd’hui, les négociations et les pourparlers se sont intensifiés avec les grands propriétaires du coin.

Aux premières loges de la redynamisation annoncée, Benjamin Cadranel n’ignore pas que l’abandon de la piste du terminal roulier au Port de Bruxelles n’est pas l’idéal. « Mais, précise-t-il, cela aura au moins le mérite de nous pousser à agir. Il va falloir remettre la stratégie sur le métier. »

A ce sujet, le PAD est attendu de pied ferme. C’est lui qui définira les contours du Heyvaert new-look avec à la clé une question : qui fera quoi ? L’essentiel sera-t-il réalisé par le secteur public ? Ou faut-il s’attendre à voir le privé, par l’odeur du profit alléché, entrer dans la danse pour convoiter un morceau de fromage fort appétissant ? « C’est une décision politique dans le bon sens du terme, exprime le patron de citydev. Il est clair que les promoteurs privés sont prêts, mais il ne faut pas faire n’importe quoi. Il n’est pas question d’appliquer une gentrification sauvage. Le secteur public est, selon moi, nécessaire, mais si on décide malgré tout de s’en passer, il faut des lignes directrices suffisamment fortes pour éviter la spéculation et assurer un mix qui propose également du logement social et conventionné ainsi que des équipements. »

En attendant de savoir à quelle sauce sera « mangé » Heyvaert, citydev.brussels, déjà présent le long du canal depuis 2009 avec ses « Terrasses de l’Ecluse », développe à la rue du Compas, dans une ancienne propriété industrielle désaffectée, 69 logements acquisitifs et 60 locatifs. A la rue du Bateau (Nautica), c’est 43 appartements conventionnés qui sortiront de terre début 2020. Le projet Ropsy Chaudron est encore à l’étude mais il proposera quant à lui 30 % de commerces ou d’activités économiques et 70 % de logements. Avec Nanson et Facar, enfin, citydev.brussels aura une vue de premier plan sur le futur parc de la Sennette.

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