En élisant largement Nollet, Ecolo réussit un test de maturité

À quoi reconnaît-on un parti qui a le vent en poupe ? Quand ils se croisent, ses membres et militants commencent par se congratuler, la bouche en gondole, pour les résultats obtenus. C’est cette ambiance qui prévalait vendredi soir à Namur, où Ecolo tenait son assemblée générale. À l’ordre du jour notamment, le remplacement de Patrick Dupriez, coprésident démissionnaire, par Jean-Marc Nollet. À condition, bien sûr, que l’AG le veuille. Puis que, dans la foulée, le conseil de fédération autorise l’intéressé à cumuler une collaboration avec Zakia Khattabi en même temps que la fin de son mandat de député fédéral. Une formalité ? Pas chez Ecolo. Par le passé, les verts étaient passés maîtres dans l’art de dézinguer un des leurs. Que celui-ci les emmène trop haut et il devenait aussitôt suspect d’ambitions personnelles, qu’il fallait à tout prix contrer. Avec un tel atavisme, la candidature de Jean-Marc Nollet n’était pas sans risque, compte tenu du parcours et du profil du député hainuyer. [scald=25700575:sdl_editor_representation] Un rejet de sa candidature aurait toutefois constitué une faute politique susceptible de casser la dynamique positive dans laquelle baigne Ecolo depuis plus d’un an. Et cela avant l’entame de la campagne pour les élections générales de mai prochain. Mais le parti désormais semble avoir vieilli. Et pas seulement à en juger par la moyenne d’âge des 300 militants présents ce vendredi. Les verts assument désormais le succès avec un enthousiasme plus mature. Néanmoins, la coprésidence ne semblait pas vouloir s’en remettre à d’éventuels trèfles à quatre feuilles. Raison pour laquelle Patrick Durpiez avait été reconverti en chauffeur de salle. Une bonne opération de communication Pour parvenir à ses fins, le coprésident en partance avait choisi la bonne ficelle : présenter les résultats d’Ecolo aux élections d’octobre. Dans les provinces, 41 élus désormais, dont 29 femmes et 38 nouveaux élus. Dans les villes et communes, 10 bourgmestres, dont les noms furent égrenés, 687 élus (245 de plus qu’il y a six ans), 60 % de nouveaux mandataires, 55 % de femmes, et la présence dans 73 majorités (et 6 autres en négociation), au lieu des 42 comptabilisées en 2012. De quoi déclencher des salves d’applaudissements, avant même les hommages respectifs des coprésidents sortants qui clôturaient dans l’émotion un « passage de relais », selon Patrick Dupriez. Mieux même puisque la différence de style avec son successeur n’inquiète plus les verts. « Nous sommes un parti tellement rassemblé aujourd’hui, tellement réuni, que ça, c’est possible. Et j’en suis fier. » À l’applaudimètre, Jean-Marc Nollet semblait déjà gagnant. Une victoire confirmée peu après 21 h 30. Le voilà donc élu à la coprésidence avec 93 % des suffrages. Une assise indispensable au moment d’entrer dans une campagne où les verts seront « une cible pour leurs adversaires ». « Je suis touché par la capacité que nous avons à transcender nos différences pour en faire des forces », lance-t-il à la salle. Même s’il garde sa fonction de député, Jean-Marc Nollet devra cependant abandonner son poste de chef de groupe au Parlement fédéral. En attendant, Ecolo réussit une excellente opération de communication. En dételant avant l’heure, par besoin de ralentir, Patrick Dupriez avait envoyé un signal : le choix de retrouver un équilibre entre vie privée et professionnelle, de plus en plus prégnant au sein de la société civile. En lui désignant un successeur à une large approbation, la base d’Ecolo s’offre une transition, en ce début d’automne, rapide et en douceur. Un examen de maturité réussi.

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