Brexit: il ne faudra pas s’étonner
L’éditorial de Jurek Kuczkiewicz.


Donc, on y serait… L’accord sur la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne a été conclu entre les deux parties et avalisé ce mercredi par le gouvernement britannique.
Ce moment constitue l’étape la plus déterminante du processus depuis que la Première ministre Theresa May a formellement notifié à l’Union, le 29 mars 2017, la décision de la quitter. Mais il serait hasardeux de prédire que l’essentiel est fait. On le dira lorsque l’accord aura été adopté par le Parlement britannique : forcer la main à ses ministres récalcitrants paraîtra rétrospectivement comme une promenade de santé lorsqu’il s’agira pour Theresa May de trouver une majorité parlementaire pour l’approbation de cet accord.
Il faut espérer que ce sera le cas. D’abord, et tout simplement, pour faire cesser ce supplice chinois politique que le Royaume-Uni s’est infligé à lui-même mais aussi à l’Europe des 27. Le Royaume-Uni nous avait habitués en 44 ans d’appartenance à exercer à termes réguliers un chantage sur le reste de l’UE pour obtenir satisfaction sur toutes sortes d’intérêts particuliers ou projets communs. Mais dans le cas du Brexit, il a fait plus fort, obligeant les 27 à scruter, dans les viscères déballés de la politique britannique, les chances que ses protagonistes s’accordent entre eux sur le Brexit.
Par ailleurs, du point de vue strictement européen, l’accord n’est pas mauvais. Il prévoit que Londres assumera toutes ses obligations financières contractées dans le cadre de l’UE. Et même s’il conduira à une situation plus défavorable que si le Royaume-Uni était resté membre, le schéma d’un maintien britannique dans l’Union douanière lors de la période de transition, qui a de fortes chances de devenir définitif, est le meilleur pis-aller possible pour les 27 : le Royaume-Uni restera dans une large mesure intégré économiquement à l’UE, mais sans plus aucune voix au chapitre. Que rêver de mieux, en somme ?
Du point de vue britannique, par contre, on ne voit pas comment aucun des camps politiques peut trouver la moindre qualité à ce texte, sinon qu’il existe. Pour les Brexiters, la perspective de rester au moins deux ans, peut-être trois, et peut-être même indéfiniment dans l’Union douanière européenne, serait en contradiction flagrante avec le principe même du Brexit. Le Royaume-Uni ne pourra pas conclure des accords commerciaux avec d’autres pays, comme le rêvaient non sans vanité et illusions les Brexiters. Et le pays sera lié par des règles sur lesquelles il n’aura rien à dire et dont l’application sera surveillée par la Cour européenne de justice. « Un Etat vassal », a dit Boris Johnson qui, pour le coup, n’a pas tort.
Quant aux partisans du maintien dans l’UE, ils ont les meilleures raisons d’enrager : plutôt que de rester un puissant et influent membre de plein droit du premier bloc commercial au monde qu’il a contribué à créer, le Royaume-Uni en restera un membre partiel. Et le fait de devoir en subir la loi sans participer à sa fabrication sera, pour ces proeuropéens, au moins aussi insupportable que pour les partisans d’une coupure nette. Une « capitulation », selon l’ex-Premier ministre Tony Blair.
Tout cela pour cela ? Cet accord est le résultat de la folie collective britannique et la démonstration de la profonde inanité, dont les Britanniques seront les grandes victimes, de sa classe politique. Il ne faudra pas s’étonner si les « jours difficiles qui s’annoncent », selon Theresa May, déboucheront in fine sur un rejet de cet accord et une sortie brutale qui s’apparentera à une chute de la falaise.
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S'abonnerQuelques règles de bonne conduite avant de réagir7 Commentaires
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Posté par de Thier Bernard, lundi 1 avril 2019, 17:35
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Posté par jean-marie dams, jeudi 22 novembre 2018, 14:07
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Posté par LICATA Libo, lundi 19 novembre 2018, 9:10
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Posté par Michaël de Borman, jeudi 15 novembre 2018, 17:57
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Posté par Jules Horowitz, jeudi 15 novembre 2018, 14:57
Plus de commentairesLe général de Gaulle avait raison...l'Angleterre était et reste la perfide Albion.
Tout ca pour ca !! Des décennies perdues… Les politiciens devraient relire l'histoire et dans ce cas ci : la guerre de cent ans ! Seul le général de Gaulle avait vu juste. Jamais les anglais n'auraient du intégrer l'EU , déjà un pied dedans et l'autre dehors pendant 45 ans et voyez pour le Brexit c'est la même chose . D'autre part : l'EU se résume à une monnaie unique et plusieurs milliers de bureaucrates aux salaires gigantesques mais une libre circulation des citoyens de pays aux degrés de développement très différents. Moralité: à vouloir s'étendre au plus vite , ces responsables de l'EU ont causé le nivellement par le bas . Il eut mieux valu limiter le nombre de pays aux fondateurs et favoriser des liens politiques et économiques avec les autres . Encore une fois l'histoire aurait du être au centre des débats : cf les USA !!
non sense ... à la foi pour les Brexiter et les non Brexiter. Non sense originel..Est ce la démocratie que de laisser quelques % de votants décider de l'avenir de tout un peuple . D'autant plus s'il s'avère que se vote a été pollué par les fake news . Que ce soit pour s'engager ou se dégager de l'UE une forte majorité (par ex 2/3 des votes) serait plus représentative et démocratique .
We are in a big Brex(sh)it: Il fallait s’y attendre: impossible de trouver un accord raisonnable sur un entêtement irraisonnable, fruit d’une manipulation épouvantable.
Contrairement à ce que pensent les idiots de ministres démissionnaires, la mise en place d'une période de transition avec maintien dans l'union douanière est quasi indispensable à l'économie du Royaume-Uni et aussi pour éviter trop de casse sur le continent. Évidemment la négociation d'un autre accord commercial prendra du temps, mais ça de leur faute pas celle des autres.