Pierre Kroll avait publié une caricature remarquée sur les baptêmes: «Mon rejet est purement intellectuel»

C e dessin pose la question : « Pourquoi ce type s’arroge le droit de te dire de marcher à quatre pattes et pourquoi tu l’acceptes ?”  »

Le dessinateur a été « baptisé » à la fin des années 70 lorsqu’il étudiait l’architecture. « C’était le moment où la tradition revenait, elle avait été abandonnée dans la foulée de mai 68. Pour être tout à fait honnête, je m’en foutais un peu, mais j’ai quand même fait mon baptême. J’ai même concouru pour le Roi des bleus, de sorte que je ne me souviens plus de la fin de la soirée. Cela ne m’a pas traumatisé mais ça ne m’a pas empêché de détester. Mon rejet du baptême est purement intellectuel : c’est quelque chose que je regrette de voir exister encore. Je déteste ce fascisme latent, la résurgence de choses qui sont bien moches dans l’être humain. Comme on traite les gens comme s’ils n’étaient rien. On peut raconter ce qu’on veut, mais si on enlève la domination, l’humiliation, les vexations, les dérives sexuelles et l’alcool, il ne reste plus grand-chose à l’exercice. Autant faire un barbecue. »

À lire aussi Les baptêmes estudiantins posent une fois encore question: «On est toujours à la limite»

« Une amie de l’époque avait délibérément opté pour des études moins prestigieuses d’horticulture car elle avait trop peur des baptêmes en agro à Gembloux. Elle craignait de devoir se retrouver à poil avec un autre bleu dans un sac à patates à devoir s’échanger leur peinture… C’est quand même grave d’en arriver là. »

« J’ai l’impression qu’il y a une certaine confusion parfois. Les gens ont des souvenirs sincèrement positifs. Et parfois ça s’est sûrement bien passé. Mais je pense qu’au moment où tu acceptes une certaine forme d’humiliation, tu fais du révisionnisme en direct, tu te dis que ce n’est pas si grave. »