Anderlecht: «Je maintiens qu’il n’y a pas de saison de transition»

Le président du Sporting ne s’attendait pas à subir une telle pression depuis la reprise. « A Anderlecht, ça ne s’arrête jamais... » Qui fera le mercato d’hiver à Anderlecht ? Je ne peux pas encore répondre. Je dois faire une analyse. Ce qui n’est pas évident quand on joue tous les trois jours. Quand je suis arrivé, j’ai dit que je ne voulais pas de saison de transition, je ne voulais pas me cacher derrière cela. Et dans le football, je maintiens qu’il n’y a pas de saison de transition. C’est une saison comme une autre avec, au bout, une place en Europe et en Ligue des champions. J’ai dû changer beaucoup de choses à Anderlecht et je dois continuer à changer pour des raisons que je ne veux pas évoquer. Vous avez vu des dysfonctionnements ? Des façons de travailler qui ne conviennent pas à mes normes ni à celles d’Anderlecht. Vous avez promu Michaël Verschueren ? Il est là. Vous savez : il n’a pas 28 ans mais 48 ans. Il a fait une carrière fantastique en dehors du football. Lors de la reprise, j’étais persuadé qu’il était prêt pour jouer un rôle important. Avec tout ce qui s’est passé lors des derniers mois, on a conclu que l’évolution sportive prenait plus de temps que prévu. Or la patience n’est pas mon fort. Je sais que cela prendra peut-être deux ans pour mener ce processus à bien mais, avec Michaël, nous espérons tout faire le plus rapidement possible. Je sais qu’il faut agir vite tout en ayant du recul. Le mercato d’hiver arrive et nous devons mieux le réussir que le mercato estival. Eliminés de la Coupe par l’Union et de l’Europa League, ce n’était pas dans les plans. C’est la beauté du sport mais cela signifie aussi que nous avons commis des erreurs. Il y a donc urgence ? Oui, comme avec la Pro League. A Anderlecht, je veux un encadrement qui soit en place lorsque le mercato s’ouvrira. Qu’adviendra-t-il de Luc Devroe ? Ce n’est pas le sujet. La seule chose que je peux dire, c’est que probablement le mercato n’était pas parfait, sinon on n’aurait pas perdu à Trnava et face à l’Union, mais il a bossé jour et nuit. Et avec les meilleures intentions. Travaillerez-vous avec une liste ou sur une base de conseils des agents ? Les agents existent, hein ! Avec une compensation adéquate et une fiscalité correcte, je n’ai pas de problème à travailler avec eux. Mais nous ne leur donnerons pas le pouvoir. Si nous avons besoin d’un arrière droit, nous regarderons d’abord chez nos jeunes. Parfois vos idées passent mal, comme lorsque vous avez ignoré Roger Vanden Stock et Herman Van Holsbeeck… J’ai un autre style que celui de Roger Vanden Stock, je lui ai succédé à la tête de la Pro League et d’Anderlecht, j’ai beaucoup de respect pour cet homme et ce qu’il a réalisé. Mais il a son style et ce n’est pas le mien. Son style consiste à laisser les gens agir. Mais ce n’est pas parce que je veux changer beaucoup de choses que tout était mauvais. En ce qui concerne les autres personnes, et je ne parle pas seulement de Van Holsbeeck, je revendique les changements effectués à l’intérieur du club. Pour chacun d’eux, j’avais mes raisons. Regrettez-vous parfois d’avoir investi à Anderlecht ? Non, non, non. Mais je n’avais pas imaginé que le défi serait aussi important. L’idéal aurait été de faire notre travail pendant deux ans et de dire, à l’aube de la saison 2020-21 : on est prêts, prenez vos abonnements. Mais le football ne permet pas cela. Dimanche, il y a match. A Anderlecht, on a fait ce qu’on pouvait. Avec des erreurs. Mais il ne faut pas oublier que cinq présidents veulent être champions et que quatre seront donc déçus. Dernièrement, on vous a reproché d’avoir permis à Dimata de prendre congé… Landry était blessé. Je lui ai dit : « Le mieux pour toi, c’est de prendre cinq jours au soleil. Ressource-toi. La saison est encore longue. » Mais je ne suis pas le boss dans ce domaine. Landry a suivi un peu trop à la lettre mon conseil. En oubliant d’avertir l’entraîneur. Il a supposé que tout était OK parce que les médecins étaient présents lorsque je lui ai dit cela. Ce n’était qu’un avis, pas une décision. Parce que la décision, seul l’entraîneur peut la prendre. Il s’agit donc d’un malentendu. Quelle est votre relation avec Vanhaezebrouck ? Nous sommes en contact une fois par semaine. Chacun connaît son rôle à l’intérieur du club. Pour que tout soit clair : je trouve qu’Hein est un très bon entraîneur. Etes-vous satisfait de son travail ? Oui, certainement. Pas des résultats, mais bien du travail fourni. Ceux qui disent que je m’implique dans le sportif ont une fausse image de moi. Je ne le fais que durant les périodes de transfert. Mais c’est normal pour un propriétaire. Lorsque nous établissons une liste ensemble, on inscrit d’abord le nom d’un jeune, ensuite celui issu de la cellule de scouting et seulement après celui fourni par des agents. Il appartient alors à la cellule sportive et au scouting de juger ces joueurs. Parfois, comme propriétaire, j’ajoute l’un ou l’autre nom à la liste. Je trouve cela normal, tous les présidents agissent de la sorte. A qui imputer le mauvais mercato d’été ? Devroe ? Vous ? Vanhaezebrouck ? A personne et à tout le monde. Prenons le cas de Sanneh. Nous avions une liste de quatre noms. Nous avons soumis cette liste à Hein qui a barré deux noms. Nous étions le 20 août et nous devenions nerveux parce que nous n’avions que deux noms. Dans les deux dossiers, j’ai essayé d’aider dans les négociations parce que ça bloquait. J’ai appelé les présidents. Est-ce trop se mêler du sportif ? Je ne pense pas. Je le fais d’une manière très correcte. Est-ce que les ambitions d’Anderlecht dépendent de sa présence ou non en Ligue des champions ? Je suis président d’Anderlecht car j’ai de l’ambition. Le fait que nous soyons éliminés de la coupe d’Europe n’est pas bon. Nous verrons si cela a des conséquences sur le plan financier. Nous en parlerons au CA mais nous donnerons toujours à Anderlecht les moyens de ses ambitions. Est-ce que vous vous attendiez à une telle pression en arrivant à Anderlecht ? Oui, mais ce n’est que quand on est dedans qu’on s’en rend compte. Ça ne s’arrête jamais. On est le centre du football belge et tout prend de l’ampleur. C’est pour cela que je tire mon chapeau à Roger Vanden Stock d’avoir tenu si longtemps sous cette pression, avec des résultats. Nos supporters ont des attentes élevées. Cela ne suffit pas de gagner des matchs, il faut aussi du beau football. Ils veulent qu’Anderlecht donne l’exemple. Je vois par exemple qu’ils apprécient que leur président prenne le devant pour changer le foot belge.

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