Brian Lynch remercié au Spirou: «Il était trop gentil»

La défaite de Charleroi vendredi au Brussels n’avait rien d’infamante. Mais c’est celle de trop pour le coach Brian Lynch, licencié le lendemain ! « Le club ne croit plus en mon approche », résume l’Américain, fragilisé en cours de saison passée mais relancé après avoir choisi la grande majorité des joueurs afin de correspondre à son style de jeu. « Un basket moderne, positif, attirant, qui nous plaît toujours autant », explique le manager sportif Sébastien Bellin… Alors quel est le problème ? « Les résultats », expose Gabriel Jean, l’administrateur-délégué du club. « Au quart de la saison, il fallait rester européen et occuper l’une des deux premières places de la Ligue. Or, après avoir échoué à rallier la Champions League, nous avons été éliminés mercredi en Europe Cup. En championnat, nous comptons déjà 3 défaites en 8 matches, dont l’une, à domicile face à Malines, sous les sifflets du public, a souligné l’incapacité de Brian à stimuler un véritable ressort. C’est une décision très désagréable parce qu’il a beaucoup de qualités, mais il est trop gentil. Il ne suscite pas la révolte, ne réinsuffle pas assez d’énergie après un échec, manque de poigne et de niaque dans la gestion du groupe. Quand nous perdons, c’est toujours en raison d’un manque de combativité ou d’implication. C’est donc un souci de gestion des Ressources Humaines. Le jeu qu’il prône est magnifique, mais cette saison, nous exigeons des résultats et ils restent irréguliers. Or, je me méfie du faux rythme qui se profile : avec un seul match par semaine jusque fin mars, où va-t-on si le coach ne garde ses joueurs en éveil permanent, sachant que la référence reste Ostende et que là-bas, Gjergja n’a pas son pareil ? Ma décision provient d’une analyse rationnelle de risques. Et je veux les réduire au maximum, sachant qu’il est encore temps de corriger le tir pour atteindre nos deux objectifs principaux : la Coupe et le titre. » « Cela me donne une impression de panique », commente Lynch, d’autant plus déçu et frustré que son équipe « progressait, avait déjà proposé un superbe fond de jeu, possédait la meilleure défense et suscitait l’engouement du Spiroudôme. Je suis venu pour forger des résultats, mais aussi changer l’approche et les mentalités. Depuis la saison passée, une identité s’est dégagée, ce noyau s’annonçait compétitif pour le titre, avec un budget moindre, et l’évolution était flagrante. La pré-saison et ses deux premiers mois ont été ultra-chargés, nous empêchant de travailler sur les détails et les automatismes qui nous ont coûté des défaites étriquées. Ce moment se profilait. Alors pourquoi ne pas patienter ? La direction veut un coach constamment sur le dos de ses joueurs : elle ne croit plus en mon approche. C’est le problème depuis des années. Ce club ne soutient pas son coach et met la pression sur les résultats, essentiels à son business. Mais dans le sport, les meilleures garanties viennent de la stabilité et du processus suivi pour les obtenir. » Son successeur devrait être désigné cette semaine. « Sans précipitation, comme dans cette décision », annonce Bellin. « Nos joueurs, désireux d’être poussés à fond, ont besoin de hausser leur niveau physique et de fraîcheur mentale. On va s’y atteler en attendant le nouveau coach. » Qui devra posséder une main de fer et une sacrée capacité de résistance à la pression des résultats, tout en composant avec un effectif construit pour un style atypique. « Un compromis serait donc idéal », convient Gabriel Jean. « A priori, ce sera un étranger, à poigne, expérimenté, réputé dans la gestion des Ressources Humaines et qui peut s’inscrire dans la philosophie de jeu de Brian. »

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