La laïcité dans la Constitution? Le PS s’avance dans une «note au bureau»

Pas sûr qu’une majorité parlementaire se dégagera jamais pour insérer le principe de « laïcité politique » dans la Constitution, mais on commence à se bousculer entre partisans du présumé grand bond en avant. Des accents divers Ils poussent, toujours plus nombreux… Avec des accents divers, les libéraux-réformateurs (Denis Ducarme, Richard Miller) réclament ce qu’ils appellent un « débat sur les valeurs » ; Didier Gosuin, Olivier Maingain, pour Défis (ex-FDF) ne lésinent pas, et veulent faire le pas, celui de la « laïcité politique » donc ; dans une carte blanche publiée lundi dans ces colonnes, Patrick Dewael , chef de groupe VLD à la Chambre, a souhaité que la commission de révision de la Constitution prenne les choses en mains dès la rentrée à la Chambre… Le PS ? Entre scepticisme (Rudi Vervoort demande à voir) et ouverture ( Laurette Onkelinx est favorable «à titre personnel» à la modification constitutionnelle ), les socialistes francophones, traversés de courants sur le sujet, sortent doucement, un peu contraints, d’une réserve qu’ils se sont longtemps imposée. Ce dont témoigne une note circonstanciée au bureau politique, datée du 21 septembre, explicite, qui semble dire à elle seule : allons-y ! Passée inaperçue, elle synthétise, en six pages qui tournent à la démonstration, les travaux de la « commission laïcité du PS », opérant à l’Institut Emile Vandervelde (IEV), présidée par Pierre Galand (qui présida le Centre d’action laïque), et dont Elio Di Rupo, pressé de prendre position dans le concert, aura sans doute à s’inspirer. On lit en introduction : « Dans une société confrontée au recours au religieux, avec toutes les divisions et tous les conflits qu’une telle résurgence entraîne, la laïcité redevient un combat essentiel pour les socialistes, les progressistes, tous les citoyens attachés à la cohésion sociale, aux libertés et aux droits humains »… Recommandation : « Astreindre le fonctionnaire à une neutralité de tenue » Pour ceux qui n’ont pas entendu le message, on lit plus loin, toujours sur le registre du constat : « Une forme de “paix laïque” semblait s’être installée… Or, un retour du religieux est à l’œuvre et les problèmes se multiplient : dans les écoles, les hôpitaux, les services publics, les entreprises, aussi les médias. Le massacre commis par des fanatiques religieux à Charlie hebdo, en janvier 2015 (NDLR : c’était avant les attentats de Paris…) a mis la liberté de conscience et d’expression au centre de tous les débats ». Balisés ici en des termes nets : « Inviter la religion à s’exercer exclusivement dans le cadre de la vie privée, c’est non seulement protéger la société contre d’éventuels débordements théocratiques, c’est aussi faire bénéficier cette religion des garanties démocratiques (…) La contrepartie à cet acquis qu’offrent nos démocraties aux croyants est un devoir d’impartialité de ceux-ci lorsqu’ils se retrouvent investis de l’autorité publique. Quand on représente l’Etat, on ne représente rien d’autre que l’Etat (…) Astreindre le fonctionnaire à une neutralité de tenue, de comportement et de langage est indispensable si l’on veut donner au citoyen l’assurance qu’il sera traité de manière impartiale par son administration. Nous appelons notre parti à défendre cette impartialité par voie réglementaire au sein de l’ensemble des services publics ». La « voie réglementaire » n’est pas la révision de la Constitution, mais on en prend le chemin. Ajoutez l’appel à « promouvoir l’égalité entre les citoyens », dont « l’égalité des sexes », ce qui implique la « prééminence de la citoyenneté sur la communauté »… La commission laïcité appuie où ça peut faire mal, sur un thème sensible, là où le PS est accusé régulièrement par ses détracteurs de ne pas vouloir heurter les « communautés » étrangères à des fins électorales : « Le communautarisme est incompatible avec le vivre-ensemble et l’égalité citoyenne ». Rien que ça…

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