Guy Rapaille: «La transparence des services de renseignements a été parfaite»

[scald=25910718:sdl_editor_representation] Vous avez eu accès aux archives des services de renseignement civils et militaires. Quel bilan en tirez-vous ? Nous avons travaillé de concert avec le professeur Kris Quanten, de l’Ecole Royale Militaire (ERM). Lui a fait un travail spécifique sur les types d’avions qui auraient pu être utilisés (dans l’attaque contre le DC-6 de Dag Hammarskjöld, NDLR). En parallèle, nous avons obtenu accès aux archives confidentielles de la Sûreté de l’État, qui ont été déclassifiées pour l’occasion. Mais ils ont très peu d’informations sur cette période-là. Quel degré de transparence avez-vous pu observer ? Il y a eu une collaboration parfaite, sans aucune restriction. Du côté des renseignements militaires, qu’on appelle aujourd’hui SGRS, il y a très peu d’informations, non pas qu’ils aient voulu cacher quelque chose, mais il y a pas mal de désordre dans leurs archives, qu’ils sont en train de remettre d’ailleurs un peu en ordre. Nous avons dû travailler avec ce qu’on a pu trouver. Cela n’a pas toujours été facile, mais il n’y a pas eu de volonté de cacher quoi que ce soit. Nous avons essayé de faire le travail le plus objectif possible, sans tenir compte des considérations politiques ou des sensibilités, quelles qu’elles soient. Qu’aviez-vous consigne de rechercher en particulier ? Tout ce que nous avons pu mettre en évidence, ce sont des noms cités dans le premier rapport du juge Othman en 2017, qui apparaissent dans des rapports dactylographiés de la Sûreté en 1961. L’une de ces personnes, Jan van Risseghem, ne pouvait pas avoir piloté le fameux Fouga Magister, le seul encore entre les mains des Katangais, parce qu’il était en Belgique à ce moment-là. Il avait été arrêté au Katanga par l’ONU, puis rapatrié en Belgique, et il y était encore autour des 16 et 17 septembre 1961. Il est rentré au Katanga probablement via Paris. Il n’existe pas d’information selon laquelle il aurait pu prendre un avion depuis la Belgique. D’une manière générale, nous n’avons rien découvert qui permette de désigner à proprement parler des personnes pouvant être impliquée, mais plutôt des éléments qui nous autorisent à éliminer certaines pistes. Le juge Othman va faire une synthèse de toutes les informations reçues, et il pourrait adresser de nouvelles demandes à la Belgique. A quelles nouvelles informations pensez-vous ? En Allemagne, il a été évoqué la possibilité qu’un avion Dornier (Do-28, NDLR) ait pu être utilisé à l’époque. Le professeur Quanten, lui, a montré que les caractéristiques techniques du seul Fouga katangais, son armement et son autonomie limités, ne permettaient pas un tel vol de nuit. Je tiens à préciser au passage que la Belgique a collaboré tout à fait loyalement et honnêtement à cette enquête mais d’après nos informations, certains pays collaborent beaucoup moins. Ceux-là ne veulent pas trop remuer certaines choses survenues à l’époque. De quels pays s’agit-il ? Le Royaume-Uni et l’Afrique du sud. Je pense que la France n’a pas fait beaucoup d’efforts non plus. Vous venez de prendre votre retraite et quitter le comité R. Qui assumera la suite des recherches ? Je n’en sais encore rien. J’ai signalé au ministre de la Justice (Koen Geens) que j’étais libre de continuer à travailler sur cet aspect particulier. La question de l’habilitation confidentielle ne serait plus un problème car, du côté de la Sûreté de l’État, les archives vieilles de 57 ans ne sont plus automatiquement classifiées.

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