Brabant wallon: l’effet positif du tutorat sur l’envie d’apprendre

Elle aime tellement les mathématiques qu’elle ne comprend pas que cette matière puisse inspirer de l’aversion à d’autres jeunes. « Il suffit d’appliquer ! », sourit Alba Julian, une Stéphanoise de 18 ans, qui est pour l’instant en premier bac pour devenir infirmière à l’institut Parnasse-Iesi. Alors quand elle a appris l’existence du programme de tutorat CQFD, mis en place par l’Aide en milieu ouvert (AMO) La Chaloupe sur l’ensemble du Brabant wallon, elle s’est proposée pour apporter son aide, contre une rétribution de 10 euros de l’heure. En profite notamment Salomé Hauglustaine, une élève de quatrième secondaire du lycée Martin V, à Louvain-la-Neuve. « J’étais un peu stressée au départ, mais je me suis vite rassurée en me rappelant que, déjà à l’école, on venait me trouver pour obtenir des précisions sur certaines parties du cours, nous explique Alba Julian. Je fais finalement la même chose avec Salomé. J’attends qu’elle me dise où elle rencontre des difficultés. Ensuite de quoi, j’essaie de me rappeler les déclics que j’avais ressentis lorsque j’étudiais moi-même la même matière. Parfois, j’avoue qu’il y a des points que je ne maîtrise plus, car cela fait longtemps que je ne pratique plus, mais il me suffit de relire le cours pour que cela revienne. Pour d’autres, c’est resté en moi car j’ai continué à les appliquer les années suivantes. » Avec ses mots Ce qui réjouit visiblement Salomé Hauglustaine, 15 ans : « Le rythme est poussé en classe, surtout en cette fin d’année. Les professeurs rattrapent leur retard et je décroche parfois, comme pour les paraboles. Ce que j’apprécie avec Alba, c’est qu’elle se met à mon niveau et me parle avec ses propres mots des notions qui m’échappent. J’ai tout de suite accroché avec elle et mes parents sont soulagés. Je comprends mieux qu’en remédiation puisque, là, ce sont les mêmes professeurs qui sont là pour nous aider… » Alba Julian, la tuteur, reconnaît qu’elle se sent également à l’aise avec Salomé, sa tutorée : « Si cela ne devait pas être le cas, je pourrais aisément dire que je préfère arrêter. C’est dans ma nature. Si ce que je fais n’aide pas, il vaut mieux tout stopper ! » La démarche de La Chaloupe a été initiée en 2002. Les animateurs parlaient alors de soutien scolaire organisé dans ses propres locaux à Ottignies. « On s’était rendu compte qu’il y avait un décrochage qui s’opérait et que c’était pratiquement chaque fois à cause des maths, nous explique Luc Descamps, le directeur. Avec le risque que le décrochage passif se change en décrochage actif, une perte de confiance en soi, un isolement. Il fallait proposer une aide. » Aide financière La gratuité n’a jamais été considérée comme une solution. De cinq euros, c’est vite passé à huit euros. Entre 2002 et 2015, 2.000 élèves du secondaire ont profité de l’aide de jeunes universitaires. Et 50 tuteurs ont aidé 350 élèves rien que durant l’année scolaire 2017-2018. Ces derniers temps, face au véritable business qui s’est développé autour du soutien scolaire, La Chaloupe a voulu proposer une alternative et s’ouvrir à l’ensemble du Brabant wallon. D’où l’entrée en lice de la Province du Brabant wallon. D’où le lancement de CQFD (dont l’abréviation ne fait pas référence à « Ce qu’il fallait démontrer ») et qui vise d’ici 2023 à toucher 20.000 jeunes par an, via un budget de 45.000 euros par an, pris en charge par la Fondation BNP Paribas Fortis. Le tout, désormais pour un tarif de 10 euros de l’heure, avec possibilité de passer à 5 euros en cas de problèmes financiers des parents. « Nous devons avoir en tête que la plus belle réussite d’un territoire, c’est sa jeunesse, commente Mathieu Michel (MR), le président du collège provincial. Nous devons donc investir et être à ses côtés. Et ce qui me séduit ici, c’est la solidarité qui s’instaure entre les tuteurs et les tutorés, avec la qualité des échanges au bout du compte. »

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