Violences sexuelles: «La seule guerre qui vaille est celle contre l’indifférence», estime Mukwege
Le médecin congolais Denis Mukwege et la militante Yazidie Nadia Murad ont reçu leur prix Nobel de la paix ce lundi.

Le médecin congolais Denis Mukwege et la Yazidie Nadia Murad, ex-esclave des djihadistes, devenue militante, ont reçu ce lundi le Nobel de la paix, l’occasion pour eux de dénoncer l’impunité entourant le viol employé comme arme de guerre.
Nadia Murad réclame une «protection internationale» des Yazidis
En recevant le Nobel de la paix, Nadia Murad a imploré la communauté internationale de protéger son peuple et d’oeuvrer à la libération des milliers de femmes et enfants toujours aux mains des djihadistes.
«Si la communauté internationale souhaite vraiment porter assistance aux victimes de ce génocide (...), elle doit leur assurer une protection internationale», a déclaré la jeune femme de 25 ans dans son discours de remerciement, jugeant aussi «inconcevable» que le monde n’ait pas fait davantage pour libérer les plus de 3.000 Yazidis encore détenus par l’EI.
Comme des milliers d’autres femmes yazidies, Nadia Murad a été enlevée, violée, torturée et échangée par les djihadistes du groupe État islamique (EI) après leur offensive contre cette communauté kurdophone du nord de l’Irak en 2014.
Ayant réussi à s’évader, la jeune femme – dont la mère et six frères ont été tués – est devenue ambassadrice de l’ONU pour la dignité des victimes du trafic d’êtres humains et se bat aujourd’hui pour que les persécutions de son peuple soient reconnues comme génocide.
« L’homme qui répare les femmes »
« La dénonciation ne suffit plus, il est temps d’agir », a lancé Denis Mukwege dimanche lors d’une conférence de presse. « La transformation de corps de femmes en champ de bataille est tout simplement un acte inadmissible à notre siècle ». Le médecin congolais Denis Mukwege, coléauréat du Nobel de la paix, a appelé la planète à cesser d’ignorer les victimes de violences sexuelles en temps de conflit, estimant que la seule guerre qui vaille est celle «contre l’indifférence».
«Ce ne sont pas seulement les auteurs de violences qui sont responsables de leurs crimes, mais aussi ceux qui choisissent de détourner le regard», a affirmé le gynécologue de 63 ans après avoir reçu le Nobel à Oslo. «S’il faut faire la guerre, c’est la guerre contre l’indifférence qui ronge nos sociétés aujourd’hui».
Surnommé « l’homme qui répare les femmes », le médecin soigne depuis deux décennies les victimes de violences sexuelles dans son hôpital de Panzi dans l’est de la République Démocratique Du Congo (RDC), région déchirée par des violences chroniques. Depuis sa création en 1999, l’établissement a traité plus de 50.000 femmes, enfants et même nourrissons, aux corps meurtris. « Le sommet de l’iceberg », a affirmé Denis Mukwege à l’AFP. « Ce sont des femmes qui ont pu se déplacer jusqu’à l’hôpital mais, souvent, il y en a qui ne peuvent pas ou qu’on n’a pas réussi à trouver. Quand vous voyez un petit bébé innocent mais en sang avec les organes génitaux en lambeaux, vous vous posez des questions sur l’humanité », a-t-il confié.
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