RD Congo: pourquoi le report des élections pourrait être mal perçu
La fin de campagne est agitée.


Alors que les élections, un triple scrutin provincial, législatif et présidentiel, auraient dû avoir lieu ce dimanche 23 décembre, la Commission électorale a décidé de les reporter d’une semaine. Le président de celle-ci, Corneille Nangaa, a dû reconnaître que le déploiement du matériel électoral accusait des retards et en particulier l’acheminement des fiches prévues pour dresser les procès-verbaux du vote.
Retards techniques
S’il ne s’agissait que de considérations techniques, ce retard serait compréhensible. En effet, dans ce pays continent, la tâche était gigantesque et Nangaa s’était engagé dans une course contre la montre qui donnait le tournis : doter 80.000 bureaux de vote de « machines à voter » des imprimantes électroniques qui n’avaient jamais été testées ailleurs et avaient suscité le doute de l’opposition, jusqu’à ce que tous les leaders politiques finissent par s’incliner devant le fait accompli.
Dimanche dernier, la Ceni commençait à peine à recevoir les fiches et procès-verbaux de résultats, soit 166 tonnes de documents qui devaient être déployés dans 21.699 centres de vote et 179 centres locaux de compilation des résultats, répartis dans les 26 provinces.
A cette difficulté s’est ajouté, en dernière minute, l’incendie dans un entrepôt de la Ceni, qui a vu partir en fumée les 8000 machines destinées à Kinshasa, obligeant la Commission électorale à ramener des stocks de réserve positionnés dans les provinces. En d’autres circonstances, la collaboration des divers partenaires aurait pu contribuer à régler ces ennuis de dernière minute. Mais pour ces élections-ci, le Congo a tenu à faire cavalier seul, se passant de la collaboration de la Monusco, qui avait cependant prévu de mettre 80 avions et hélicoptères à sa disposition et récusant les observateurs occidentaux. Cependant, 40.000 observateurs nationaux et plusieurs centaines d’observateurs africains ont pris le relais. Cette volonté de « dignité » exprimée par le chef de l’Etat a coûté cher : un budget officiel de 500 millions de dollars sinon le double dans la réalité…
« Date fétiche »
Durant la campagne, les surprises ne furent pas seulement d’ordre technique : les candidats présentés par l’opposition à l’élection présidentielle rallièrent des foules immenses, qu’il s’agisse du duo Felix Tshisekedi et Vital Kamerhe ou de Martin Fayulu, qui aurait dû être le candidat unique de l’opposition. Ce dernier fut empêché par la police de gagner Kinshasa, son cortège ayant été stoppé sur la route de la N’Sele, du côté de l’aéroport. Craignant des manifestations voire des dérapages, le gouverneur de la ville de Kinshasa André Kimbuta décréta la suspension sinon la fin de la campagne électorale à Kinshasa et Martin Fayulu fut empêché de rassembler ses troupes dans la salle Sainte Thérèse à Ndjili.
Le report « technique » des élections pourrait être très mal perçu par une population qui avait fait de ce 23 décembre une « date fétiche » d’autant plus qu’elle avait permis au président Kabila de prolonger de deux ans la fin de son deuxième et dernier mandat. Des photos diffusées sur les réseaux sociaux montrent que des troupes fraîches ont débarqué à Matadi, peut-être pour prêter main-forte à la police de Kinshasa qui aurait du mal à contenir seule une explosion de colère dans cette métropole de 10 millions d’habitants…
Pour poster un commentaire, merci de vous abonner.
S'abonnerQuelques règles de bonne conduite avant de réagir3 Commentaires
-
Posté par Juramie Monique, jeudi 20 décembre 2018, 12:26
Plus de commentairesil fallait ,s'y attendretout est bon pour reporter ses élections