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«Et maintenant, 2019»: et nous, ce sera quoi, notre new deal?

Mais quand ce sentiment de la fatalité du mal s’est-il emparé de nous, cette idée que nous ne pourrions éviter le retour des jours sombres, à nous et à nos enfants ?

Editorialiste en chef Temps de lecture: 4 min

C ’est curieux, c’est comme si les gens en avaient assez de la paix. »

Le philosophe François De Smet a tweeté soudain cette phrase. Un jour où Trump éructait ? Où Salvini insultait ? Où les gilets jaunes cassaient ? Où des députés hongrois se rebellaient ? Où Bolsonaro, le nouveau Dieu brésilien, invectivait ? Où le monde/l’Europe/la Belgique se déchirait ?

Un de ces jours en tout cas où l’actualité suivait son nouveau chemin pavé de mauvaises intentions, semé de noirs desseins. Mais quand donc ce sentiment de la fatalité du mal s’est-il emparé de nous, cette idée que nous ne pourrions éviter le retour des jours sombres, à nous et à nos enfants ?

« Et si le pire était de nouveau possible  ? », cette idée nous hante désormais. La phrase est d’ailleurs de plus en plus souvent énoncée publiquement. En un an, nous nous surprenons à nous être « habitués » à ce que l’on dise et fasse ce qui nous paraissait autrefois impensable. « Nous sommes en manque cruel d’autorités, avertissait Gabriel Ringlet récemment en se référant à l’origine du mot augere, nous avons besoin de gens qui nous élargissent, nous portent plus loin, nous ouvrent des horizons alors qu’aujourd’hui nous débordons d’autoritaristes qui nous réduisent, à la Trump. »

Il y a deux façons de voir l’année qui s’ouvre. Soit on croit au pire, on est paralysés, on se met aux abris et on sombre avec lui. Soit on veut combattre, changer le cours des choses et maintenir l’humanité plus d’une fois et plus que pour la galerie, du bon côté de l’histoire.

«Et maintenant, 2019…»: supplément spécial ce mercredi dans «Le Soir»

« Un sursaut est indispensable », disait Gabriel Ringlet. Un sursaut ? Dans une chronique récente, le journaliste Jean-Paul Marthoz rappelait que dans les années 30, alors que l’Europe succombait à Mussolini, Franco, Hitler et Pétain, le président Roosevelt préserva les Etats-Unis des totalitarismes avec son New Deal, « une forme américaine de libéralisme qui défendait autant la justice sociale que la liberté ».

À lire aussi La chronique de Jean-Paul Marthoz - On vous avait prévenu, Sire

Et nous, ce sera quoi, notre New Deal ?

C’est la seule question qui importe désormais. Qui va en prendre l’initiative ? Avec quels ingrédients ? Le « fond de sauce » de l’après-guerre peut être réactivé : « Justice sociale et liberté ». Des mots auxquels les experts que nous avons interrogés dans notre supplément sur les perspectives 2019 ajoutent de très utiles compléments. Emmanuel Todd évoque ainsi la nécessaire « nouvelle négociation entre les élites et le populisme », le besoin de « se retrouver en tant que nation » dans un concert multilatéral, la difficulté d’opérer ce recentrage national en maintenant « le meccano européen ».

On peut ne pas être d’accord avec ses solutions (moins d’Europe et plus de nation), mais on doit arrêter de disputer son constat : le besoin identitaire est là, comme celui d’une politique qui produise des solutions. « Les gens ne veulent pas de l’argent mais des services – des trains à l’heure, des services de gardiennage efficace, une école qui performe », nous dit ainsi très justement la politologue Catherine Xhardez. Aussi simple que cela ? Peut-être bien, en fait. Le monde politique, non populiste, non extrémiste, doit se mettre en chemin et oser être cette voix discordante qui refuse ce nouveau mantra selon lequel la solution à tous nos maux passe par la damnation de l’« autre ».

À lire aussi «La seule possibilité, c’est de se retrouver en tant que nations»

« Nos élus vont devoir rendre des comptes comme ils ne l’ont jamais fait », assène Catherine Xhardez, qui ajoute : « Les élections ne résoudront pas tout. » Il ne suffira en effet pas en 2019 de gagner un scrutin belge ou européen pour afficher « mission accomplie ». Il va falloir cesser de nier le ressenti inégalitaire, arrêter de croire que la politique est impuissante et retrousser les manches sur la durée.

À lire aussi «L’immigration vient bousculer les clivages politiques traditionnels»

L’exemple est venu l’an dernier de citoyens qui n’attendent plus la becquée, de la Plateforme citoyenne aux 75.000 marcheurs pour le climat : nous ne voulons plus du monde comme il s’annonce, c’est simple, changeons-le !

A quoi va ressembler l’année qui débute? Six experts apportent leur éclairage sur les grands enjeux de 2019

 

«Et maintenant, 2019…»: supplément spécial ce mercredi dans «Le Soir»

« Le Soir » donne la parole aux expert(e)s pour vous éclairer sur les grands enjeux de la nouvelle année.

Temps de lecture: 1 min

Elections, Brexit, Justice… Que nous réserve 2019, en Belgique et à l’étranger ? Quelles sont les perspectives pour les douze mois à venir ?

Ce mercredi 02 janvier, « Le Soir » donne la parole aux expert(e)s pour vous éclairer sur les grands enjeux à travers un supplément spécial ! Rendez-vous en librairie, ou en version numérique.

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14 Commentaires

  • Posté par Moreau Benoit, mercredi 2 janvier 2019, 19:01

    Je partage l'opinion de M Thierry Godefroid : accuser le libéralisme et les marchés financiers, alors qu’il faudrait accuser un socialisme étatique récurrent, quelques soient les prétendues couleurs politiques de gauche et de droite qui se succèdent au pouvoir, semble la doxa des éditos du Soir. Ajoutons à cela les louanges pour les rouges marxistes repeints en émeraude, de façon à recycler dans l’air du temps leur pulsion totalitaire, sous l'étiquette de l'idéologie suprême, à savoir divinisation d’une planète à verdir, sous peine de mort clinique, sociale et politique.

  • Posté par De Wil Claude, mercredi 2 janvier 2019, 20:38

    Il me semble que les décisions de nos hommes politiques sont dictées par l'Europe qui a toujours été malheureusement à droite. En fait ils ont fait l'Europe de la finance grâce au lobby des banques et ont négligé le côté social qui ne rapporte rien. Plus les travailleurs seront pauvres et plus on pourra les exploiter

  • Posté par Raurif Michel, mercredi 2 janvier 2019, 17:19

    Les bienfaits de l'immigration sont visibles à Molenbeek, place des Étang-Noirs. Je vous invite à voir ces merveilleuses réalisations. Demandez à la pharmacie où au vendeurs d'informatique ce qu'ils en pensent ?. Accessoirement, la police et les véhicules des pompiers ont également à votre disposition !!!!

  • Posté par stals jean, mercredi 2 janvier 2019, 19:33

    il est à parier à 10 contre un que les voyous qui viennent de se distinguer une fois de plus en l'occurrence à Molenbeek ont des cartes d'identités de belges depuis leur naissance plus que certainement en Belgique. ces voyous la, sont à coup sur bien belges de souche, voir les enfants et les petits enfants de migrants qui eux sont venus à l'instigation des accords entre gouvernements se faire crever comme semi-esclaves salarier, comme d'ailleurs étaient venus avant eux, les italiens se faire crever pire que des bêtes de somme dans les mines toujours à l'instigation des accords entre gouvernements. Mais voila, les imbéciles sont toujours d' indécrottables champions de l'amalgame, amalgame. si chère aux racistes viscéraux.

  • Posté par Deckers Björn, mercredi 2 janvier 2019, 13:54

    Norbert Lienard et Thierry Godefroid. Lire l'édito de Mme Delvaux peut être utile avant de commenter l'article. C'est en effet le New Deal qui a permis à l'Amérique de ne pas sombrer dans les régimes autoritaires, belliqueux et violents de l'Europe des années 30. Vous voulez tous les deux exactement l'inverse. Que vous le vouliez ou non, vos appels à faire de la question migratoire la question numéro un et y donner une réponse violente et inhumaine conduit à une nouvelle tragique impasse de l'histoire. Les migrations ont toujours existé et elles existeront toujours. Elles provoquent parfois des tensions et à plus forte raison quand les inégalités s'accroissent et que l'avenir semble incertain (les bouleversements actuels : intelligence artificielle, robotisation, fracture numérique mais aussi enjeux climatiques ne manquent pas d'ajouter à la fracture sociale son lot d'incertitudes). Mais ne s'en prendre qu'au phénomène migratoire n'amènera que le pire. On doit retenir de l'histoire qu'après les décennies noires des années 30-40, ces régimes ont été balayés n'ayant apportés aucune réponse crédible et ayant par ailleurs semés la désolation. S'il faut gérer la crise migratoire, ses causes et ses conséquences, s'illusionner sur la fermeture du robinet des migrations est une impasse tragique.

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