Benjamin Maréchal: «Certains propos me lassent»

Chaque matin, Benjamin Maréchal lance des débats d’actualité avec les auditeurs de Vivacité. Juste après le « 8/9 », il enchaîne directement avec « C’est vous qui le dites », émission qui engrange les meilleures audiences de la station en donnant simplement la parole aux auditeurs. Tous les matins, vous proposez trois sujets d’actualité aux auditeurs afin de lancer le débat. Comment les choisissez-vous ? Nous avons les chances d’être les premiers de la journée à faire ce type d’émission. Je choisis toujours les sujets les plus frais en parcourant la presse du matin. Pour sélectionner un sujet, il faut que les gens puissent parler pendant 3 minutes dessus. Le nucléaire, par exemple, c’est très bien mais personne n’a les connaissances nécessaires pour tenir une conversation. Et puis on évite les sujets qui ne peuvent apporter comme réponse que « j’aime/j’aime pas ». On vous attaque souvent sur le côté « populaire » de votre émission. Ceux qui pensent que « C’est vous que le dites », ce n’est que prendre des sujets dans Sudpresse ou la DH, n’ont rien compris. Radio facho ou radio populo, ce sont uniquement les professionnels qui disent cela. C’est simplement du corporatisme. On a des gens qui ne supportent pas que le citoyen lambda puisse s’exprimer sur des sujets qui étaient avant réservés aux experts. On vous accuse souvent d’attiser la polémique en résumant les propos de vos auditeurs. On a tous tendance à vouloir résumer. Mon rôle est dans l’« infotainment ». Je dois pouvoir écouter les gens, puis isoler les informations qui vont pouvoir relancer le débat. Je vulgarise ce que les gens disent, et c’est aussi le côté divertissant dans l’émission. Je ne suis pas dans un journal, mais j’applique tout de même une rigueur incroyable. Vous considérez-vous comme présentateur ou journaliste ? J’ai fait des études de journalisme et je traite de matières journalistiques. Je peux avoir une casquette de journaliste mais je fais aussi le show. Je me considère comme journaliste. J’ai étudié une manière de détecter l’info, une manière de la travailler et une manière de la restituer. Je ne fais que cela chaque jour. Après, j’applique le prisme de l’émission. Les critiques à votre égard vous touchent-elles ? Ce que je trouve choquant, c’est plus le mépris qu’on affiche pour les gens qui parlent plutôt que ce qu’on dit de moi. Entendre des professionnels qui sont à la limite du dégoût parce qu’on a entendu des gens qui sont moins informés, moins aguerris qu’eux parler de l’actualité judiciaire ou des attentats, c’est d’un mépris incroyable. Qui sont ces professionnels ? Ces gens ont le droit d’avoir un avis. J’essaie aussi de les confronter à leurs contradictions et parfois, il y a des gens qui changent d’avis. Les victoires intellectuelles, elles sont là ! Certains propos vous agacent ? Certains me lassent, comme la formule basique : étranger égal voleur de pain belge. Je peux accepter la méfiance des auditeurs, mais avec un raisonnement aussi simpliste, on ne peut pas discuter. Aux auditeurs qui appellent en disant qu’on doit renvoyer les migrants chez eux, je leur explique le parcours de ces gens pour les amener à réfléchir à quelque chose de plus large. « C’est vous qui le dites » est à présent diffusé sur la Une. Cela change votre façon de travailler ? Cela ne change pas grand-chose pour moi car avant, nous étions déjà sur la Deux. Par contre, cela permet de faire connaître le produit et cela attire de nouvelles personnes. Après, ce qui change est de l’ordre de la technique. Comme on est filmé en permanence, le corps n’a plus de moment de pause. C’est donc plus fatigant. Après, je pense que c’est l’avenir de la radio. L’image a une force incroyable.

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