Nos logements ont un besoin criant de lumière
Certaines maisons disposent de trop peu de surfaces vitrées. Les fenêtres ont souvent été délaissées au profit des murs et du « tout à l’isolation ». Pourtant, la lumière naturelle améliore le bien-être et le confort. Les industriels du verre plaident, eux, pour une norme de construction.

Selon des enquêtes d’Eurostat menées en 2015 et 2016 (Statistiques sur le revenu et les conditions de vie), 7,4 % des Belges affirment vivre dans des logements trop sombres à leur goût. Si ce pourcentage était rapporté à l’ensemble de la population, cela ferait environ 840.000 personnes ! En 2017, ils étaient encore 5,9 %. Alors, y a-t-il un problème de luminosité dans nos maisons ?
C’est en tout cas ce que pensent les industriels du verre. Ils sont directement concernés, il est vrai. « En fait, tout dépend du type de logements, précise Luc Dumont, responsable du département économique de la plateforme inDUfed, qui regroupe les secteurs verrier et papetier belges. En ce qui concerne les villas quatre façades, la question ne se pose guère. En effet, ces demeures sont le plus souvent conçues par des architectes et ces derniers veillent à prendre en compte les apports de lumière naturelle. De même, comme il s’agit d’une construction neuve sur un terrain disponible, il est facile d’orienter le bâti au mieux pour jouir des conditions d’ensoleillement. »
La situation est moins favorable pour d’autres logements. Comme les anciennes maisons d’ouvriers qui sont pénalisées par leur mitoyenneté et leurs courtes devantures où les fenêtres s’étirent à peine. Ou comme certaines résidences… récentes ! « On constate que les promoteurs immobiliers sont peu regardants en ce domaine, poursuit l’ingénieur. Leur cahier des charges est en effet de construire au moindre coût et un mètre carré de fenêtre revient toujours plus cher qu’un mètre carré de mur isolé. Ainsi, en Flandre, les nouvelles constructions ne disposent que de 9 à 14 % de surfaces vitrées murales par rapport au plancher. C’est très peu. »
Il faut dire que rien ne pousse à en faire davantage. En Belgique, les obligations urbanistiques sont en effet légères. Les règlements en Wallonie et en Flandre se contentent de prescrire 7 à 8 % de surfaces vitrées. Quelques exceptions existent. La Ville de Liège a voté – en 1948 déjà ! – en faveur d’un quota de 16 %. Les maisons de repos au sud du pays doivent, elles, atteindre les 17 %. Quant à la Région bruxelloise, elle se distingue en imposant 20 % de vitres murales, toujours par rapport au sol. « L’idéal tourne autour de 20 à 30 % de vitrages afin de profiter d’un éclairage naturel et d’une ventilation de qualité, affirme Luc Dumont. C’est une norme que nous souhaiterions voir adoptée aussi au nord et au sud du pays. »
Pour ce faire, deux arguments sont mis en avant. Primo, la lumière naturelle procure des effets bénéfiques en termes de santé et de confort. « On connaît le rôle de la lumière du jour pour réguler le cycle circadien ou pour procurer de la vitamine D. On s’aperçoit aussi qu’elle améliore le moral ou qu’elle est idéale pour notre corps par rapport aux lueurs bleues de nos luminaires artificiels, smartphones, ordinateurs et télévisions. Ces dernières, omniprésentes, provoquent de l’hyperactivité et perturbent le sommeil. »
Second argument : les fenêtres ont bénéficié d’avancées technologiques ces dernières décennies et n’ont plus rien à voir avec les carreaux d’antan. « Les vitrages ont longtemps souffert d’une mauvaise image. On les a accusés de laisser échapper la chaleur. C’est ce qui explique pourquoi promoteurs et entrepreneurs ont réduit leur taille et leur nombre lorsque les besoins en isolation sont devenus une priorité. Mais ce n’est plus vrai avec les derniers vitrages disponibles sur le marché : double vitrage à haut rendement (NDLR : avec du gaz ou du vide entre les verres) et triple vitrage. D’autres caractéristiques peuvent aussi s’ajouter. Certaines vitres accentuent ainsi la transmission lumineuse grâce à du verre extra-clair. D’autres encore sont capables de maximiser l’apport solaire (gratuit) en hiver tout en évitant la surchauffe en été. Pour cela, un traitement spécial est appliqué sur le verre afin de retenir le trop-plein de chaleur à l’extérieur et de laisser pénétrer la lumière. Les possibilités sont donc grandes. »
Si les autorités restent frileuses à imposer une obligation en la matière, les candidats-bâtisseurs et candidats-rénovateurs, eux, semblent de plus en plus intéressés à faire rentrer la lumière. Même si un calcul doit être mené entre l’investissement à consentir, les bénéfices en termes de santé et les économies d’énergie possibles. « Cela correspond à la tendance actuelle d’un habitat plus naturel, plus ouvert, plus en connexion avec son environnement. On voit que la sensibilité sur ce sujet évolue. »
Donc, l’avenir du verre dans la construction est loin d’être… sombre.
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