Pourquoi la Chine fait tousser les Bourses mondiales

Les places boursières se sont offert une petite frayeur pour leur première séance de l’année, s’inscrivant en repli dans la foulée d’une chute brutale des cours sur les Bourses chinoises. À la clôture, le Bel 20, l’indice bruxellois, cédait ainsi 1,55 %, tandis que Francfort, le marché boursier le plus affecté sur le Vieux continent, perdait 4,28 %. De l’autre côté de l’Atlantique, le Dow Jones, l’indice de la Bourse de New York, s’inscrivait en repli de 2,18 % en début de soirée européenne. C’est à Shanghai et Shenzhen que tout avait commencé, avant l’ouverture des places européennes. Les investisseurs ont massivement vendu d’une part, en réaction aux dernières statistiques économiques rendues publiques vendredi et ce lundi, qui indiquent une nouvelle contraction de l’activité manufacturière en décembre en Chine ; et d’autre part, dans l’anticipation de la levée de restrictions de vente d’actions visant certains actionnaires. La chute de l’indice CSI300, qui agglomère les performances des 300 principales entreprises cotées sur les deux places boursières chinoises, a déclenché un arrêt anticipé des échanges, après une première suspension de 15 minutes qui n’avait pas réussi à enrayer la dégringolade. Au moment de la suspension des cotations, l’indice composite shanghaïen avait cédé 6,86 %, tandis qu’à la Bourse de Shenzhen, l’indice s’était effondré de 8,22 %. Le mécanisme de suspension des échanges, entré en vigueur justement ce lundi, premier jour de cotation de l’année en Chine, a pour objectif d’enrayer la volatilité des cours et d’éviter que ne se répète la spectaculaire débâcle de l’été dernier. Après un long week-end d’interruption, l’onde de choc s’est immédiatement propagée aux marchés asiatiques, Tokyo cédant au final un peu plus de 3 %, puis aux places européennes et américaines. Manque de crédibilité des autorités Si les tensions entre l’Arabie saoudite et l’Iran avaient sans doute de quoi rendre nerveux les marchés financiers, il semble pourtant que ce lundi, les investisseurs se préoccupaient tout particulièrement des nouveaux indices de la fragilité de la deuxième économie mondiale. Pour autant, il ne faut pas jouer à se faire peur, si l’on en croit l’économiste en chef de Natixis pour l’Asie Pacifique, Alicia Garcia Herrero. « Il faut raison garder. Nous avons déjà connu une chute brutale des marchés boursiers chinois cet été. Ce nouvel épisode démontre une nouvelle fois que les investisseurs ne croient plus aux prévisions des autorités chinoises. » Alicia Garcia Herrero s’attend à ce que les autorités chinoises interviennent rapidement, peut-être dès ce mardi, pour soutenir les cours des actions. « Si elles ne l’ont pas fait immédiatement, c’est pour pouvoir justifier la poursuite de la dépréciation du yuan ». Selon l’analyste, basée à Hong Kong, l’année 2016 devrait voir s’accentuer le rééquilibrage de la croissance chinoise, la transformation d’une économie tournée vers les exportations à une économie reposant plus sur son marché intérieur. Mais les dirigeants chinois doivent accepter une croissance plus faible et les conséquences d’une monnaie plus forte. « Or, dans le nouveau plan quinquennal, ils tablent sur une croissance annuelle moyenne de 6,5, alors qu’ils auraient dû oser 5 % ». Bref, les jeux ne sont pas encore faits. « On verra quel sera leur choix en matière de change, en l’espèce s’ils font le choix d’une forte dépréciation du yuan, qui signalerait une marche arrière ». Autrement dit, les marchés financiers n’ont pas fini de scruter l’évolution de l’économie chinoise. Sans préjuger ce que nous réserve la géopolitique (et, en particulier, le regain de tension au Proche-Orient), les marchés seront également attentifs aux conséquences de la « normalisation » de la politique monétaire américaine, entamée à la mi-décembre par la Réserve fédérale. De quoi rendre les Bourses plutôt volatiles en 2016, prévient Bruno Colmant, l’économiste en chef de la banque privée Degroof-Petercam.

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