Geert Bourgeois: «Je n’exporterais pas d’armes de la FN Herstal vers l’Arabie saoudite»

« J e n’ai pas à me mettre à la place de Paul Magnette (le ministre-président wallon, NDLR), mais en ce moment, je n’exporterais pas d’armes de la FN Herstal vers l’Arabie saoudite », a lancé mardi sur Radio 1 (VRT) le ministre-président flamand Geert Bourgeois. Il a toutefois pris la défense des intérêts commerciaux régionaux au-delà des droits humains, dans l’attente d’un éventuel changement de la position internationale vis-à-vis de ce pays. Les circonstances actuelles – le conflit au Yémen, les récentes exécutions sur le sol saoudien – changent la donne, selon Geert Bourgeois. Si à l’heure actuelle une demande d’exportation vers l’Arabie saoudite lui était soumise, elle serait examinée de manière critique, mais « il est très peu probable qu’elle aboutirait à une autorisation », a-t-il affirmé. Le chef de l’exécutif flamand rejette toutefois l’idée d’une interdiction généralisée des exportations d’armes vers l’Arabie saoudite, se retranchant derrière l’analyse au cas par cas, à l’instar de M. Magnette (PS). Sur La Première (RTBF), le directeur de la section belge de l’ONG Amnesty International, Philippe Hensmans, a jugé pour sa part que la mise en œuvre du décret wallon sur les armes trahissait « beaucoup de légèreté » dans le contrôle de l’utilisateur final. « L’Arabie saoudite est d’abord un client », a estimé le directeur d’Amnesty Internantional. Paul Magnette (PS) avait une nouvelle fois défendu lundi les ventes d’armes à Riyad, ajoutant que « la Wallonie (était) un tout petit vendeur comparé à la France », ce dont a convenu mardi M. Hensmans, jugeant toutefois les montants « non négligeables ». Paul Magnette rappelait que le commerce d’armes était le fruit de « décisions européennes », que les approbations qu’il octroie résultent de « procédures extrêmement rigoureuses » et que les livraisons étaient destinées aux forces armées ou à la police. Il soulignait aussi les « milliers d’emplois » en jeu en Wallonie. Au-delà des près de 400 millions d’euros de licences de vente d’armes à destination de l’Arabie saoudite accordées en 2014 par le gouvernement wallon, il rappelle le contrat de 3,2 milliards d’euros de Cockerill Maintenance & Ingénierie (CMI) pour sous-traiter au Canada la fourniture de tourelles de blindés aux forces saoudiennes ces quinze prochaines années. [scald=463437:sdl_editor_representation] La Flandre vit des exportations Dans la même veine, Geert Bourgeois a insisté mardi sur la distinction à opérer entre relations internationales et exportations. « La Flandre vit des exportations », a-t-il insisté. Interrogé sur le projet de concession à l’entreprise saoudienne ERS dans le port d’Anvers, impliquant un homme d’affaires controversé, M. Bourgeois a rappelé l’enjeu économique. « Que gagneraient les droits de l’homme en Arabie saoudite si ERS ne venait pas à Anvers ? Cet investissement représente 900 emplois », a-t-il lancé. Plus de la moitié des pays dans le monde ne sont pas des démocraties et les infractions aux droits de l’homme y sont légion, a-t-il ajouté. « La Flandre seule ne peut pas dire : nous allons imposer un embargo mondial. Mais si des organisations internationales décident d’un embargo, nous nous y joindrons ». Geert Bourgeois rappelle aussi que l’Arabie saoudite est une alliée dans la coalition internationale contre l’organisation terroriste Etat islamique et qu’elle préside le conseil des droits de l’homme des Nations unies. « On peut se poser des questions à cet égard, mais telle est la situation en ce moment », a-t-il conclu.

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