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Albert Baronian: «Notre rôle est d’ouvrir les frontières, ce que permet la Brafa»

Albert Baronian sera à la Brafa.

Journaliste au service Culture Temps de lecture: 4 min

Il est l’un des galeristes les plus en vue de Bruxelles, et on ne peut pas dire que le succès des foires d’art le transporte d’allégresse. « L’évolution du marché de l’art est telle que les foires – à tort ou à raison – sont devenues incontournables. Les foires ont pris un peu l’ascendant sur les galeries… et je le déplore. »

Mais la Brafa, Albert Baronian y sera. Et pas seulement parce que l’événement s’est imposé comme un pivot de la vie culturelle belge : « La Brafa me plaît par son côté pluriculturel, intemporel. On y touche un public extrêmement large, qui peut s’intéresser autant à l’art moderne que contemporain, à l’art tribal, aux sculptures égyptiennes ou à la peinture hollandaise du XVIIIe siècle. Le visiteur peut passer d’une époque à l’autre, d’un genre à l’autre, d’une discipline à l’autre. »

La diversité des publics ne le rebute pas, il s’en fait un défi : « Justement, notre rôle est d’ouvrir les frontières à des gens qui n’ont pas l’habitude de venir voir des galeries d’art contemporain. Sans oublier un aspect plus pragmatique : tout mon public d’art contemporain la visite également. »

Pour Albert Baronian, le grand avantage de Bruxelles sur Maastricht est le mélange des sections : les visiteurs sont obligés de tout voir, les espaces sont transgenres, alors qu’à la Tefaf de Maastricht où tout est organisé par genres, « un visiteur qui vient pour les faïences de Delft ne se rendra pas dans la section consacrée à l’art contemporain. Cela m’intéresse car on se retrouve face à des gens qui ne sont pas nécessairement attirés par l’art contemporain et qui vont nous interroger. Car nous avons un rôle d’information. »

Parlons aussi – un peu – commerce, et de ce point de vue la Brafa est une réalité face à la déprime des galeries : « C’est ma quatrième participation à la Brafa, et jusqu’ici, avec des fortunes diverses, j’ai plutôt connu des foires bénéficiaires, effectivement. On touche un public qui a des moyens beaucoup plus grands que le visiteur habituel de galerie ou même le collectionneur habituel en galerie. Je le sais par expérience : à la foire d’art contemporain de Bruxelles (Art Brussels, 25-28 avril 2019), on a du mal à y vendre de l’art au-delà d’une certaine somme, ce qui n’est pas le cas à la Brafa. On y touche un public plus fortuné, plus large dans le portefeuille. On peut y vendre des œuvres à un million d’euros, ce qui n’est pas le cas à la foire d’art contemporain. »

Galerie ou foire ?

La galerie Albert Baronian est bien installée dans la capitale, et la foire ne sert pas à promouvoir la galerie : « Honnêtement, les deux publics se mélangent très peu. La foire sert plutôt à renforcer les contacts, à renouer avec des gens qui sont venus à la galerie, ont acheté une fois mais ne viennent pas nécessairement à chaque expo. C’est une manière de leur montrer qu’on est toujours là et qu’on existe. Par contre, pour une jeune galerie qui doit se faire connaître, il est important d’être dans une foire. »

C’est la leçon qu’a apprise Patrick Pouchot-Lermans, de la galerie Schifferli (Genève) : « J’ai été formé par un marchand, Jacques Benador, qui travaillait à l’ancienne. Pendant longtemps j’ai travaillé comme lui, jusqu’au moment où il a bien fallu que j’accepte qu’il y avait un nouveau modèle d’affaires et que les foires étaient importantes. » Il s’est converti à la foire au point de renverser le modèle : « La Brafa nous offre une visibilité, et certains de mes confrères réalisent jusqu’à 90 % de leur chiffre d’affaires sur les foires. Je donne un bonus à l’activité foire, c’est clair. On a besoin d’une galerie, mais une galerie qui ne fait pas les foires est une galerie qui ne compte pas. » Patrick Pouchot-Lermans a commencé par la Brafa, mais promis juré, dès l’an prochain, il postule à d’autres foires.

 

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