Des défilés de haute culture à la Fashion Week de Paris, sans Karl Lagerfeld

Depuis Paris Depuis lundi, on a croisé tout le monde aux défilés de haute couture à Paris : Sofia Coppola, Carole Bouquet, Monica Bellucci, Kristin Scott Thomas, Bianca Jagger, Kristen Stewart, Pharrell Williams, Géraldine Chaplin, Marion Cotillard, Tilda Swinton et même Asia Argento, détonateur de l’affaire Weinstein, qui défilait pour le créateur italien Antonio Grimaldi... Tout le monde, sauf l’un des plus attendus : Karl Lagerfeld. C’est ce qui a plombé l’ambiance, alors que la neige tombait joyeusement sur cette semaine de printemps-été 2019. [scald=26072302:sdl_editor_representation] En fin de défilé, au Grand Palais mardi midi, la musique s’arrête. Là où, d’habitude, tous s’engouffrent vers la sortie, personne ne bouge. Une voix s’élève, en français, puis en anglais : « Vous aurez remarqué l’absence de Monsieur Lagerfeld. Il se sentait fatigué ce matin et a donc préféré demander à Virginie Viard, directrice du studio de création de la maison, de le représenter et de venir saluer les invités aux côtés de la mariée. » Pas de tour de piste du Kaiser cette saison. Dommage, sa collection, inspirée du XVIIIe siècle – sa période préférée – est d’une fraîcheur et d’un éclat réjouissants. La preuve : on a à peine prêté attention au décor réalisé par les Belges de la société Villa Eugénie, un jardin toscan, cyprès, villa rose, volets, escaliers, balcon, palmiers et piscine d’un bleu azur. On aurait été à l’anniversaire de Gatsby, tout le monde aurait fini dedans, mais à la haute couture, on sait se tenir. Hélas. [scald=26072301:sdl_editor_representation] Vive la culture ! Les références culturelles, c’est devenu le dada des couturiers. Chez Chanel, dans les enceintes, la version italienne de « Parole, parole » par Mina et Alberto Lupo (1972) plonge les invités frigorifiés dans un vieux Visconti. Ce qui ne réchauffera pas Marion Cotillard, nue et frissonnante sous sa veste de smoking, bermuda noir et stilettos dorés. Lundi, dans une collection estivale très réussie, Maria Grazia Chiuri, la créatrice italienne de la maison Dior, rendait hommage au cirque (que Christian Dior adorait) et au ballet « Parade » : « Les grands artistes du XXe siècle, précise le communiqué, Pablo Picasso, Erik Satie, Serge de Diaghilev et Léonide Massine, réunis autour de Jean Cocteau – habitué du cirque Medrano, qui comptait aussi Federico Fellini parmi ses adeptes – ont imaginé le ballet “Parade” en Italie, entre Rome (ville natale de Maria Grazia Chiuri) et Naples, avant de le présenter sur les scènes parisiennes, en 1917. » Directeur du Style de la maison Schiaparelli, Bertrand Guyon, lui, cite René Barjavel et La Nuit des Temps : « Ils montaient dans la nuit et la paix, vers le ciel étoilé, ils oubliaient la Terre et ses horreurs absurdes. Ils étaient ensemble, ils étaient bien, chaque instant de bonheur était une éternité. » Et Le Petit Prince de Saint-Exupéry : « Si tu aimes une fleur qui se trouve dans une étoile, c’est doux, la nuit, de regarder le ciel. » Pourquoi ? Parce que l’astronomie traversera toute l’œuvre d’Elsa Schiaparelli, petite fille imaginative, précoce et terriblement indépendante. Enfin, l’hyper technologique créatrice néerlandaise Iris Van Herpen a imaginé des robes conçues à partir des images de nuages aquatiques colorés réalisées par l’artiste Kim Keever. Adepte des découpes au laser et de l'impression 3D, elle est partie notamment de cartographies célestes du XVIIe siècle avec leurs représentations mythologiques et astrologiques. Un défilé de mode, c’est comme l’école en fait. En plus joli. [scald=26071525:sdl_editor_representation] Schiaparelli, les étoiles Le jour, des tailleurs sculptés, aux basques prononcées, semés de bourgeons de porcelaine, de circonvolutions de gaze pastel, de fleurs de guipure, de nacre et d’or, qui jouent à colin-maillard dans un cabinet de porcelaine de Meissen, Sèvres ou Wedgwood. Le soir, des robes et capes de plumes incandescentes, semis de paillettes et broderie indienne XVIIIe psychédélique, comme un portrait de Madame Yevonde, photographe et féministe britannique, pionnière dans l'utilisation de la couleur. [scald=26071523:sdl_editor_representation] Christian Dior, le cirque Une collection constituée d’une superposition d’images : la peau tatouée d’une femme rappelle le cirque victorien et ses phénomènes de foire, les couleurs poudrées se mêlent en une palette infinie, comme celles du rideau peint par Pablo Picasso pour le ballet « Parade », les jupes brodées ou incrustées de paillettes opaques sont raccourcies jusqu’à devenir des tutus qui évoquent un peuple d’acrobates, de dompteurs et d’écuyères. Le défilé est rythmé par la performance de la compagnie de cirque Mimbre, féminine et britannique. [scald=26071522:sdl_editor_representation] Azzaro Couture, le disco Le Français Maxime Simoëns est aux commandes de la maison créée par le couturier-parfumeur italien Loris Azzaro en 1967. Sa collection de haute couture pour le printemps-été 2019 regorge de silhouettes longilignes empruntées aux années disco. Il y a du 1980 dans ce smoking blanc porté avec une écharpe traînant au sol et dans ces robes de divas du dancing, couvertes de sequins iridescents comme des écailles de poissons. [scald=26071524:sdl_editor_representation] Iris Van Herpen, les nuages Au Musée des Beaux-Arts, des vêtements constitués de multistrates de soie aux teintes dégradées et aux contours ondulants coupées au laser. Elles se superposent, comme les reliefs des cartes géographiques. « Nous avons examiné l’évolution de la forme humaine, son idéalisation dans le temps et l’hybridation des formes féminines dans la mythologie », explique la styliste. Son final a plongé la salle dans un rêve numérique composé de nuages en mouvement, où les mannequins évoluaient comme des lucioles étincelantes. [scald=26071706:sdl_editor_representation] Chanel, le XVIIIe Bouche rouge et regard charbonneux, coiffures hautes style Pompadour avec des fleurs cachées dedans et des boucles d’oreilles en plumes : les mannequins portent les tailleurs traditionnels en tweed de la maison dans des teintes lumineuses et des robes de cocktail bouffantes, à col bateau. Des silhouettes qui rappellent les corsets et les paniers des robes féminines du siècle des Lumières. Des motifs dérobés à la lingerie et aux fragiles porcelaines de la Manufacture de Vincennes. Autour de la piscine, la jeune mariée défile en maillot de bain et voile argentés scintillants. [scald=26071705:sdl_editor_representation] Armani Privé, la Commedia Mardi soir, Giorgio Armani, 84 ans, dans un costume de velours noir de rock star, a déroulé un film à l’Hôtel d’Evreux, place Vendôme. Au casting, une troupe d’Arlequin et de Pierrot éveillent tout l’imaginaire de la Commedia dell’ Arte avec leurs fraises gonflées sous le cou, leurs petits chapeaux pointus et leurs broderies comme de gros nez rouges. Sur la bande-son du film Le Conformiste de Bernardo Bertolucci, les années s’enchaînent : 1920, 1930, 1940… Une saga italienne sur plusieurs générations, Scorsese pourrait s’en inspirer.

Votre compte

Des défilés de haute culture à la Fashion Week de Paris, sans Karl Lagerfeld

Découvrez la suite, 1€ pour 1 mois (sans engagement)

Avec cette offre, profitez de :

Le fil info

0 Commentaire

Aussi en Mode

Coup de marteau sur la basket: une vente aux enchères d’un nouveau genre

2022, le passé recomposé

Ces odeurs de légumes qui titillent les narines des parfumeurs

Faudra-t-il un jour payer pour utiliser l’imprimé léopard?

Portrait Laetitia Casta: «On me croyait incapable d’interpréter du fait que j’étais belle»

Allez au-delà de l'actualité

À la Une

Le Comme chez Soi perd une étoile au Guide Michelin

Wallonie: l’ajustement budgétaire permet d’éviter le pire

Roland-Garros: l’ex-N.1 mondiale Naomi Osaka éliminée dès le premier tour

Ukraine: le soldat russe jugé pour crime de guerre vient d’être condamné

Le grand amour des Poutine pour Davos

Le salaire médian à Bruxelles dépasse les 3.300 euros

« Nos collaborateurs sont des empereurs, les clients sont rois »

6 Belges sur 10 sont de plus en plus sensibles à la politique climatique de leur emploi

« Nous donnons de la valeur aux idées et encourageons à les transformer en projets concrets »

Les sections du site

Les services

Groupe Rossel