Climat: la puissance de la rue
L’éditorial de Béatrice Delvaux, éditorialiste en chef.


A ceux qui se demandent encore à quoi cela sert de se battre et de descendre dans la rue, il faut montrer comment le climat, qui était le grand oublié de nombre de propos politiques, figure désormais au sommet des agendas. Hier, c’était particulièrement et symboliquement évident : le climat ouvrait le discours du Premier ministre aux autorités du pays, érigeant la lutte contre le réchauffement climatique en « bataille du siècle ». Le Roi soulignait lui la conscience aiguë des jeunes des besoins de notre planète, demandant de leur donner « la place qu’ils méritent et d’établir avec eux le socle solide sur lequel ils pourront s’appuyer ».
Voilà des paroles extrêmement bienvenues après avoir beaucoup entendu ces derniers temps les doutes sur les motivations des jeunes marcheurs – et des autres –, les dénonciations de leurs supposées incohérences de manifestants-consommateurs, le mépris pour leurs connaissances scientifiques et leur incapacité à trouver des solutions.
Hier, le Premier ministre et le Roi sont même allés plus loin. Charles Michel a reconnu le besoin de mesures supplémentaires pour le climat – et plus seulement celui de meilleures explications de la politique menée – « faire plus, plus vite et plus fort ». Le Roi, quant à lui, se faisait le porte-parole de citoyens « qui attendent des réponses ambitieuses et constructives ».
Le climat comme tête de gondole des objectifs politiques, assorti à l’appel royal à une nouvelle dynamique économique et sociale « plus équitable » et à une adaptation fondamentale des modes de vie ? Les citoyens comme force motrice de la démocratie ? C’était la tonalité et la priorité affirmée de cette matinée, nouvelles dans leur intensité.
Les préoccupations pour la création d’emplois et pour la gestion de la migration sont toujours là, évidemment. Mais que ces deux discours venus « d’en haut » incitent fortement à la participation de tous à la construction d’un pays « solide et chaleureux », célèbrent les vertus de la « coopération internationale » et célèbrent la jeunesse pour ses sentiments « d’authenticité et de solidarité » faisaient, comment dire, chaud au cœur. Comme si l’on avait retrouvé la liberté de prononcer avec détermination et sans fard certaines valeurs.
Ce sont des paroles certes, mais qui valent mieux que le cynisme, l’agitation des peurs et le mépris pour tout ce qui touche à la générosité dont regorgent les prises de parole populistes dans la sphère publique en Europe désormais et dont la Belgique n’était plus protégée.
Pour poster un commentaire, merci de vous identifier.
Vous n’avez pas de compte ? Créez-le gratuitement ci-dessous :
S'identifier Créer un compteQuelques règles de bonne conduite avant de réagir5 Commentaires
Mieux que des marches ,mieux que des mots.Essayez les dimanches sans voiture. On verra l'engagement réelle des manifestants
Les citoyens comme force motrice de la démocratie, on a déjà vu en 1933 ce que ça pouvait donner, malgré les limites du système représentatif au sens des "checks and balances" américains. Le citoyen a voix au chapitre, il a le droit à la parole, mais il ne faudrait pour autant pas qu'il en vienne à parasiter les cénacles représentatifs et les assemblées légitimes où doivent se tenir les débats et s'ébaucher les décisions à prendre dans le respect de toutes les composantes de la société. Une manifestation ne restera jamais que l'expression d'un lobby, par définition même non-représentatif.
Les préoccupations relatives à la pollution sont une des priorités et au moins, on ne pourra pas" polluer" ce sujet par le communautaire, même si ceux qui en. vivent très bien essaient à nouveau de remettre, semble t'il en vain, le communautaire sur le devant de la scène. La nouvelle génération parait beaucoup moins manipulable.et attentive aux vrais problèmes.
bravo
Maurice Strong, James Hansen... Il suffit de gratter qq peu pour comprendre beaucoup de choses, ce que malheureusement bcp de journalistes ne font plus.