Peste porcine: l’agent DNF mis en cause se défend bec et ongles

L’arrestation de quatre personnes dans l’affaire de la PPA a fait grand bruit cette semaine dans la commune d’Etalle et ailleurs. Et a fortement choqué un agent du DNF, une des quatre personnes arrêtées et auditionnées au palais de justice d’Arlon, mais relâchée le jour même. Son fils, garde-chasse privé, a lui été mis sous mandat d’arrêt en compagnie d’une autre personne, un des trois associés de la chasse communale de Buzenol (Etalle). La chambre du conseil analysera ce mardi le dossier pour une éventuelle libération. Jean-Louis François, l’agent DNF, a répondu à nos questions. Comprenez-vous ce qu’il s’est passé depuis mercredi ? Pas du tout ! Je ne vois pas où la Justice veut en venir. Je travaille depuis 40 ans dans ce métier et ce qu’on m’a reproché est incompréhensible. J’ai été jeté en pâture, je le ressens comme une profonde injustice. Je ne sais pas comment va se terminer cette affaire, mais je ne laisserai pas cette histoire comme cela. On m’a sali sur la base d’une simple audition et puis voilà, la vie devrait continuer. Je ne peux l’accepter. Et votre fils ? Je ne dirai rien de plus car il est pour l’instant en détention. Il est abasourdi, dégoûté. On vous a, semble-t-il, reproché de ne pas avoir réagi assez vite quand vous avez trouvé des sangliers morts dans votre triage ? En juillet je pense, il faudrait que je vérifie, j’ai déjà averti les autorités que j’avais abattu un sanglier suspect, entre Etalle et Villers-sur-Semois. Mais à l’époque, personne ne parlait de peste porcine. Il avait un comportement bizarre mais il y a d’autres maladies potentielles. Je n’ai pas participé aux formations « peste porcine » données par la Région wallonne, ouvertes à deux agents par triage. On nous parlait de peste porcine qui sévissait à l’est, et vu les estimations d’avancée du virus, elle n’aurait pas pu arriver chez nous via une « propagation naturelle » avant trois ans au moins. Mais comme pour tout animal suspect, on les envoie au laboratoire. Je n’ai pas eu de nouvelles, je suppose que ce sanglier était dès lors négatif. Avez-vous trouvé de façon anormale des carcasses durant cet été ? Absolument pas. Quand un cas est bizarre, il y a souvent un joggeur, un promeneur, un cueilleur, un bûcheron qui nous informe. Rien. On en trouve parfois, souvent en bord de route suite à un choc avec une voiture. Mais le plus souvent, c’est la nature qui fait son œuvre, avec la chaleur et les charognards. En 15 jours, il ne reste que le squelette. Et puis il y a les autres carcasses découvertes début septembre ? C’est un ouvrier communal qui faisait son jogging qui a trouvé trois cadavres de sangliers, le 6 septembre. Ils étaient dans un état de décomposition très avancé. On n’a pas insisté car on ne parlait pas encore de peste porcine. Puis le 10 septembre, on a été marquer des arbres scolytés. On a trouvé un autre sanglier et on en a tué un. On s’est posé des questions. Un de nos collègues a été sur le site des trois sangliers trouvés trois jours plus tôt et découvre un autre sanglier à l’allure bizarre, qu’il abat et qu’on envoie à l’analyse. C’est là que tout s’enclenche. Ensuite, on a appris qu’il y avait d’autres sangliers viropositifs dans le camp militaire de Lagland, qui étaient plus anciens que ceux de notre « territoire »… Oui, mais cela n’explique pas l’origine du virus. Le fameux « sandwich polonais » contaminé, abandonné par un routier qu’auraient mangé les sangliers d’Etalle, les sangliers importés de l’Est, des militaires qui auraient amené le virus... Autant de pistes potentielles. Y avait-il un parc privé pour accueillir des sangliers de l’Est, situé juste à côté de la chasse de Buzenol ? C’est un gagnage privé, un enclos protégé par des clôtures pour les jeunes arbres. Par hasard, un sanglier a passé les clôtures, s’est retrouvé là, mais que dire de plus ? Votre fils va régulièrement chasser en Pologne. Les suspicions de la Justice sont-elles liées à ce fait ? Il y va une fois tous les deux ans. Mais plus de 50 % des chasseurs belges vont chasser à l’étranger, en Roumanie, en Pologne, etc. Ce sont tous des pays contaminés. Ils peuvent y tuer du gros gibier nettement moins cher que ce que l’on propose ici, dans nos grosses chasses. Du gibier importé ? Bien des gens dénoncent, mais sans preuve concrète, l’importation de gibier de l’Est. La chasse de Buzenol serait-elle concernée ? Jean-Louis François explique : « Pour importer du gibier, il faut de grandes chasses, où le gibier lâché ne va pas aller dans une chasse voisine, ou alors il faut organiser une chasse très rapidement après le lâcher. (NDLR : ce n’est pas le cas de la chasse de Buzenol (3 chasses/an). Cela dit, des chevilleurs achètent aussi du gibier dans les pays de l’Est. Ils ne peuvent avoir du cerf que s’ils achètent du sanglier. Contaminé ou pas, tout est possible, comme ces sacs de viande sortis des congélateurs, que l’on retrouve parfois en forêt. Des gens se débarrassent de temps à autre. Un sanglier la mange... D’où vient la viande ? C’est tout aussi plausible que le sandwich polonais... »

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