Message du CDH: pas touche à la Communauté française!

La question ne captive pas, mais elle se pose : faut-il transférer des compétences exercées actuellement par la Fédération Wallonie-Bruxelles – ou Communauté française – aux Régions wallonne et bruxelloise ? Mieux : faut-il liquider la Fédération ? Les centristes-humanistes s’étaient tus jusqu’à présent, ils s’expriment aujourd’hui. En l’occurrence, les chefs de groupe au parlement wallon, au parlement bruxellois et au parlement de la Fédération signent ensemble, et nous transmettent, un texte sans ambiguïté : c’est non. Non à tout transfert. Pas touche à la Fédération. Le CDH déboule du même coup dans un jeu de quilles où libéraux et socialistes avaient déjà pris leurs aises. On résume les épisodes précédents… Pour les bleus, Pierre-Yves Jeholet et Jean-Luc Crucke écrivent (une carte blanche là aussi, dans ces colonnes) qu’ils verraient bien l’institution francophone s’effacer à terme, pour offrir tout le pouvoir aux Régions. Dans la foulée, les socialistes Christophe Collignon, Pierre-Yves Dermagne et Nicolas Martin envisagent le transfert de l’enseignement et de la culture, les compétences majeures de la Fédération. Thierry Bodson, leader de la FGTB wallonne, programme, lui, sa disparition. Jean-Claude Van Cauwenberghe explique qu’il milite en ce sens. On en passe. Les régionalistes « ultras », comme on les appelle, occupent le terrain : ils veulent parachever l’œuvre fédéraliste commencée au siècle dernier, et régler son sort à la Communauté. En face, un moyen terme s’affirme : pour Ecolo, Christos Doulkeridis s’oppose au projet de démantèlement de l’entité francophone, mais consent à quelques aménagements, par exemple en matière de sports et de tourisme, qui changeraient de mains, de la Fédération aux Régions ; ministre-président wallon, Paul Magnette verrait bien lui aussi ces deux compétences glisser d’un bord à l’autre avec, pourquoi pas ?, des ajustements en matière d’enseignement, qui serait organisé davantage sous la forme de « bassins scolaires », proches des Régions, sans pour autant toucher au socle de l’éducation (les programmes, les statuts), qui resterait francophone… C’est ici qu’interviennent les centristes-humanistes. Lesquels se manifestent en deux temps : dans l’Echo lundi, Maxime Prévot, vice-président du gouvernement wallon, en gros comme Paul Magnette, se dit ouvert au transfert du sport, du tourisme et du patrimoine mobilier. On croit qu’il trace ainsi la ligne orange. Pas vraiment. La carte blanche de nos trois présidents de groupe remet l’église au milieu du village : pas touche à la Communauté française. Dimitri Fourny nous explique : « Prenez le sport : quel sens cela aurait-il de scinder les fédérations entre francophones ? Vous imaginez un volley wallon, un autre francophone ? On va faire deux fédérations de volley, puis on conclura un accord de coopération pour quand même faire des choses ensemble ! Absurde ! En plus des principes – l’unité des francophones –, il y a des limites pratiques à l’exercice. Veut-on dupliquer les outils, compliquer les procédures, déstructurer ce qui fonctionne bien ? Même chose pour le tourisme. » Alors, l’enseignement et la culture, vous n’y pensez pas : « Là, ce serait liquider la Fédération purement et simplement ! Non, les Régions exercent un paquet de compétences, renforcées après la sixième réforme de l’Etat, et il faut faire en sorte de gouverner efficacement avec ce qui est là, c’est tout ce que les gens demandent, légitimement. » Dimitri Fourny fait une concession, une seule : « Je verrais bien le parlement wallon prendre de l’ampleur, monter en puissance et, en ce sens, au lieu de voir les députés déménager une semaine sur deux à Bruxelles, au parlement francophone, les députés pourraient le faire une semaine sur trois, cela me paraît suffisant pour examiner les questions liées à la Fédération mais, pour le reste, je l’ai dit : faisons fonctionner nos institutions telles qu’elles se présentent et, a fortiori, évitons toute discussion institutionnelle qui pourrait nous entraîner vers une nouvelle réforme de l’Etat. » Après l’option Prévot, souple disons, c’est ici la ligne Fourny-Cerexhe-Schyns, dure et ferme. Benoît Lutgen dans tout cela ?

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