Ravachol Une belle découverte!

Ravachol ? Un anarchiste français, un truand, un poseur de bombes, un homme en colère, qui en découd avec la misère, avec l'ordre, au XIXe siècle. Il finira guillotiné à 32 ans. Mais dans la région boraine, près de Mons, son nom (désormais commun) évoque aussi un être rebelle, en marge, qui « a l'air de se foutre de tout ». Axel Cornil, nouvel artiste associé du Rideau de Bruxelles, et originaire lui aussi de cette région, s'est emparé de cette double histoire, avec le lyrisme de la rage, du ventre. S'y mêlent le réalisme trivial, le cru et la poésie, la réflexion politique, sociale, comme il l'avait déjà amorcé dans sa pièce « Du béton dans les plumes ». Il y a du Bernard-Marie Koltès dans cette écriture percutante, avec sa gouaille, sa sauvagerie et son style, dans un rythme implacable. « L'innocence fout le camp avec la première claque qu'on prend dans la gueule »… « T’as toujours poussé de travers », dit la mère ! « Quand est-ce que les hommes comprendront que pour avoir la paix, il faut détruire les causes qui engendrent les crimes et non tuer les criminels ? » [scald=26135230:sdl_editor_representation] Si la pièce s'intitule Ravachol , elle ne vous conte pas son histoire en costumes d'époque. Sur la trame de la traque du bandit et de ses exploits, elle la plante furieusement ici et maintenant, sur un plateau sans coulisses, violent certes, mais jugulé avec un certain détachement et dans un plaisir fou du jeu. Adrien Drumel, méconnaissable, une fois de plus inépuisable, en flic, en mère éplucheuse de pommes de terre, en avocat, Gwendoline Gautier, la juge, le petit clown qui paie avec ses poèmes, et Héloïse Jadoul, la femme, l'amante, une belle présence. Ces trois-là se partagent quatorze rôles et se changent à vue, en un temps record. Des métamorphoses-minutes, et pas seulement de costumes ! Le quatrième comédien endosse le seul rôle de Ravachol, il colle à la peau de Pierre Verplancken, magnifiquement, pas une grande gueule, mais une forme de désespoir de plus en plus prégnant, tantôt froid, tantôt ironique, émouvant quand il se fait jeter à la rue par tous... [scald=26135229:sdl_editor_representation] Tous ont des corps qui parlent, qui cognent, qui rugissent. Ils jonglent avec trois fois rien : une table, debout ou couchée sur le flanc, ou renversée, on y épluche les pommes de terre, on y plaide au tribunal, on y couche ! Des canettes de bières aussi, qui giclent sur le plateau, des meurtres sanglants, un cadavre que l'on détrousse, des cornichons pour tromper la faim… et en guise de respirations, des chansons, des ballades, du rap, de Damso, de Simon and Garfunkel. Une belle découverte ! Le texte illustré est paru chez Sales Gosses éditeurs.

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